Varsovie - Irina

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J'ignore quelle heure est-il, mais les pas des gardes défilent sous ma fenêtre. Des voitures vont et viennent depuis des heures. Le soleil brille haut dans le ciel, je peux percevoir la lumière s'infiltrer à travers les rideaux de ma vitre. Les oiseaux chantonnent sans cesse. Habituellement affalée dans mon lit, je rabats un peu plus la couette sur moi, m'engouffrant à l'intérieur comme pour me protéger des mauvaises ondes qu'abritent ces lieux. Je ferme les yeux, m'endors, puis me réveille à nouveau. Je ne sais pas si je m'assoupis assez longtemps, mais à chaque fois que j'ouvre les paupières, le soleil est toujours présent. Si j'avais eu un téléphone, j'aurais pu me repérer sur l'heure ou bien, j'aurais navigué dessus jusqu'à ce que mon ventre me rappelle que je dois me nourrir. Et c'est ce qu'il fait rapidement.

— Sale traître, pesté-je.

Je n'ai pas arrêté de cogiter toute la nuit. Les paroles de cette salope tournent en boucle. Se passe-t-il quelque chose entre eux ? J'aimerais me dire que non, cependant, sa tenue et sa sortie de sa chambre en disaient long. Même son mari ne semblait pas surpris. Il n'a aucun compte à me rendre, pourtant la boule dans mon ventre ne disparaît pas. C'est comme se sentir trahi alors que ce n'est pas le cas. Si la magie pouvait exister, j'effectuerais une élimination d'un sentiment pareil, histoire de soulager un cœur qui semble douloureux en se remémorant une vision cauchemardesque.

Plusieurs pas se dirigent rapidement vers moi, lorsque la porte s'ouvre soudainement. Je remonte complètement ma couverture et me cache le visage. Deux voix féminines se parlent, mais le tissu épais étouffe leurs paroles. Le matelas s'affaisse et plusieurs mains tentent de m'extraire mon bouclier. Je le retiens de toutes mes forces. Une lutte sans merci se déroule, quand bien même je conçois que j'ai perdu d'avance, je refuse de lâcher prise face à l'ennemi.

— Laissez-moi déprimer en paix ! râlé-je.

— Hors de question ! s'exclame Anastasia en tirant d'un coup sec.

Toute décoiffée, je lance un regard blasé au duo. Les deux filles m'affichent leur plus beau sourire en retour. J'apprécie de jour en jour ces filles, elles ont quelques choses en elles qui fait que l'on ne peut pas les détester. Et même si je ne suis pas d'humeur à rire, je ne peux pas nier qu'un sourire désirait s'étirer sur mes lèvres.

— Il est déjà deux heures de l'après-midi, lève-moi ce joli petit cul d'ici ! m'ordonne Maria.

Je pousse un grondement et prends mon coussin pour me l'aplatir sur le visage. Un léger cri de désespoir sort de ma gorge et est étouffé par l'épaisseur de celui-ci. La jolie blonde s'allonge sur ma droite tandis que la rousse se place sur ma gauche.

— Bon, dis-moi ce qui se passe ? me requiert Anastasia.

— Est-ce à cause d'hier ? m'interroge Maria.

Je tourne ma tête de chaque côté pour poser mon regard sur l'une et l'autre. Je me rends tout de même compte que j'en ai oublié ma mauvaise rencontre avec le garde et que j'aurais pu me faire violer. Sans l'intervention de Leonard, je n'image même pas mon état actuel. Pourtant, la seule chose qui me préoccupe, ce sont les paroles de cette vipère.

— Est-ce que j'ai le droit de me rendre en ville ?

Anastasia se redresse aussitôt, une fois ma question posée.

— Bien sûr, tu veux qu'on y aille ?

Un sourire étire mes lèvres et une once de satisfaisante humeur prend possession de mon corps. Je vais découvrir les rues de ce pays dont j'ignore encore une majeure partie. Être loin de la maison, et à grande distance d'elle, sera mon meilleur remède. Si je passe une après-midi de plus en sa compagnie, Dieu sait ce que je pourrais réaliser à son encontre. La mort serait le meilleur remède. Je chasse rapidement ces sombres idées qui n'ont pas lieu d'être, et d'un bon, je me lève de mon lit pour me précipiter vers mon dressing pour enfiler de quoi être convenable pour notre sortie.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceWhere stories live. Discover now