En cavale 1/2 - Irina

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A présent.

J'ai l'impression de vivre à nouveau sa mort. La scène se rejoue en boucle dans mon esprit. La salle de bain, le carrelage froid, son corps étendu, son pouls qui ne bat plus. Mon cœur m'est si douloureux, je peine à garder mes émotions enfouies. J'ai rêvé de nos retrouvailles chaque soir, depuis le jour où je me suis réveillée ici. La prendre dans mes bras, lui dire que je l'aime, qu'elle m'a manqué. Tout ça ne m'est plus possible. S'il me l'avait déclaré à Madrid, j'aurais été dévastée et évidemment que la mission aurait été un échec. Mais, c'est bien trop grave comme mensonge, je ne peux pas céder à cela. Est-il au moins conscient de ce que cela fait de perdre un être cher ? Lui qui n'a plus de parents, n'a-t-il pas été attristé par leur mort ? Personne n'aurait dû me cacher ça.

Je le hais pour cela.

Je le hais tellement.

Le canon de mon arme laisse échapper une légère fumée. La balle qui en est sortie est logée dans le mur derrière lui. Je n'ai jamais eu l'intention de le tuer, j'en suis incapable. Je ne suis pas non plus une meurtrière. Les choses qui s'ensuivent se déroulent à une vitesse si fulgurante, que je ne réalise pas tout de suite. Ses doigts qui viennent me choper le canon de l'arme, me l'arrachant violemment. De son autre main, il m'agrippe le bras et me le place dans le dos. Puis le second. Je me retrouve coincée par sa force.

— Lâche-moi, putain ! hurlé-je avec rage.

Sa prise est plus ferme, plus intense. Son visage est si proche de mon oreille, que je peux sentir son souffle caresser ma joue. En temps normal, cela me procurerait un effet agréable, hélas, ma colère se mélange au désir et ma haine l'emporte grandement.

— Ça suffit, Irina ! ordonne-t-il d'un ton strict.

Je continue de me débattre et tente de me libérer de son emprise. Je ne veux pas qu'il me touche, ce n'est qu'un connard. Je l'entends expirer lourdement, puis sa voix part se loger dans mon oreille.

— Écoute, commence-t-il à dire en enlevant sa ceinture. Je sais que tu es fâchée, mais tu comprendras ma décision tôt ou tard.

Je peste après lui, alors qu'il m'attache les poignets avec le cuir.

— Qu'on fasse venir Joaquim tout de suite !

Les paroles de Daniel résonnent dans le couloir. Aleksander me pousse en avant et m'oblige à marcher. Je quitte avec lui la pièce, puis découvre Adam, ainsi que Anastasia, dans les escaliers. La vipère se trouve sur la droite avec un regard noir qu'elle me lance.

— J'aurais dû viser ta tête, craché-je sur sa personne.

Elle s'apprête à rétorquer quelque chose, mais le taré lui fait signe de se taire. Je jubile intérieurement. Arrivé à ma porte de chambre, il s'empresse de l'ouvrir et me pousse à nouveau pour que je rentre.

— Tu pourrais faire plus doucement, non ? râlé-je.

Pendant qu'il commence à m'enlever mes menottes de fortunes, il colle ses lèvres près de mon lobe et me chuchote :

— Si tu savais le genre de mal que j'aimerais te faire, tu te calmerais rapidement.

Il se recule et relâche mes poignets. Je me retourne aussitôt, le regard noir.

— Va te faire foutre, Aleksander. Va bien te faire foutre.

Il reste planté là, croisant les bras. Je pourrais l'insulter encore et encore, il n'en aurait que faire. Quand bien même si j'essayais d'agir, je me heurterais à un mur. Il mesure presque deux mètres alors que je ne dépasse même pas les un mètre soixante-neuf. Peut-être que si je glissais entre ses jambes, ça passerait. Stupide idée pour le coup. Ne voulant pas baisser les yeux face à lui, je prends place sur le petit banc devant mon lit. Il arque un sourcil et doit probablement se demander ce que je manigance. Pour le coup, j'attends seulement qui parte de cette pièce et qu'il me laisse tranquille.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceWhere stories live. Discover now