En cavale 2/2 - Irina

1.7K 119 30
                                    

Note de l'auteur : Je sais que certains vont traduire, surtout une personne en particulier ahah, mais cette fois-ci jouais le jeu et n'allait pas voir. Il est important que, comme Irina, vous ne sachiez pas ce qui est dit. :) 

______________________________________

Un toucher vient parcourir mon bras, puis mon visage, tout en passant sur mes lèvres. Ce ne sont pas ses mains, je le sais, j'en suis sûre. L'odeur, la présence. Suis-je en train de rêver ou suis-je consciente ? Cela paraît si réel que je l'ignore. Je me sens lourde et toujours aussi épuisée. J'arrive à bouger mes doigts et palper le tissu de quelque chose qui n'est pas mon lit. Ce n'est pas celui d'Aleksander, je le reconnaîtrais facilement pour avoir dormi dedans. J'oblige mon corps à sortir de sa torpeur. Mes paupières clignent lentement et me laissent entrevoir la lumière qui pénètre dans la pièce. Je balaye l'horizon, tentant de trouver un point de repère. Des murs noirs, la télévision, la porte en verre. Je suis dans le salon. Je bascule sur la gauche, mais pousse un gémissement sous la douleur que mon dos me procure. J'arrive tant bien que mal à m'asseoir. Il n'est pas là à priori. Alors que je me pense seule, la présence de quelqu'un, derrière le canapé, attire mon attention. Je tourne le regard pour découvrir le garde. Il me toise d'un air sombre et sans émotion. Il tient fermement sa mitraillette, ne bougeant pas d'un poil.

— Tu comptes me surveiller ? demandé-je d'un ton blasé.

Il ne me réplique rien. Agacée, j'ouvre à nouveau la bouche et rétorque :

— Ça te tuerait de me répondre ?

— Zamknij się, mała suko.

Je lève les yeux au ciel, ne comprenant pas ce qu'il me dit. Alek a soi-disant payé des professeurs afin qu'ils apprennent ma langue et ils ne sont pas capables d'aligner une phrase en français.

Alors que la porte d'entrée s'ouvre, Joaquim vient me chuchoter quelque chose à l'oreille.

— Mam zamiar cię przelecieć, ty mała dziwko.

Anastasia débarque avec un immense sourire aux lèvres et les bras chargés de sacs. Elle balaye de la main la présence du garde qui part sans un regard en arrière. J'ignore son problème, mais il ne doit pas beaucoup m'apprécier. La jolie blonde dépose certains paquets sur la table basse et d'autres sur la grande. Une odeur de nourriture en ressort, me prodiguant une eau à la bouche.

— Je me suis dit que, ça devait donner faim de s'échapper, ricane-t-elle en se posant sur le sofa.

Elle ouvre les plats à emporter et m'en tend un.

— Poulet curry avec du riz. Tu vas te régaler, ma belle. Le traiteur dans lequel je suis allée les chercher, est très réputé dans le pays. Ses prix sont exorbitants, mais ça vaut le coup, crois-moi.

— Merci, soufflé-je en le prenant.

Je plante ma fourchette et la porte à ma bouche. Le goût de la nourriture éveille mes papilles, me faisant gémir de plaisir. J'ai l'impression de manger à nouveau les repas que j'avais l'habitude de dévorer en France. Ça m'avait tellement manqué. Ana s'empare de la même chose et entame son plat à son tour.

— Je suis désolée pour ton amie, commence-t-elle à dire en avalant sa première bouchée. Je sais ce que s'est d'apprendre la mort de quelqu'un soudainement. Je ne veux pas défendre Aleksander, mais...

— Il n'a aucune excuse à cela, craché-je.

J'ignore si je pourrais pardonner ce mensonge un jour. Peut-être que je pense comme quelqu'un de rancunière, parce que je viens à peine de me lever, ou peut-être qu'il est trop tôt pour déterminer tout cela.

— Tu aurais fait quoi à sa place ? m'interroge-t-elle.

— J'aurais dit les choses ! rétorqué-je immédiatement, sans réfléchir une seule seconde à sa question.

— Tu en es sûre ?

Je m'apprête à ouvrir la bouche pour acquiescer, mais je m'abstiens et baisse le regard vers ma nourriture. Bien sûr que non, je n'en suis pas certaine. Je n'ai jamais été dans son cas, alors j'ignore comment j'aurais procédé à sa place. Cependant, je reste toujours en colère après lui. Je revis un deuil, comme si elle venait de mourir il y a quelques jours. Les images qui tournent en boucle dans ma tête sont si réelles que j'ai l'impression d'y être. Chaque détail de ce que j'ai perçu et ressenti est clairement visible dans mon esprit. J'aimerais les effacer pour ne plus jamais y penser. J'aurais dû me douter que ses paroles étaient un adieu à nous. Même sa mère m'avait paru suspecte. Si j'avais vu les problèmes plus tôt, j'aurais pu empêcher les choses de se produire. Elle n'aurait jamais avalé ces médicaments, et à l'heure qu'il est, elle serait toujours vivante. Rien que d'y repenser, ça me coupe littéralement l'appétit. Je referme ma boite, m'excuse auprès d'Anastasia, puis monte à l'étage. Je ne sais pas trop où je vais comme ça, mais j'ai besoin de me retrouver seule. Ma chambre doit être dans un sale état, vu la pagaille que j'ai causée. Heureusement que je ne m'en suis pas prise à mon lit, il est hors de question que je dorme autre part que dans le mien. Je m'interroge aussi sur mon échelle de fortune. L'ont-ils décroché ? Dans tous les cas, je n'ai pas l'intention de récidiver en jouant les prisonnières qui s'évadent.

Arrivée à la dernière marche, j'aperçois Alek à travers la porte du bureau qui est ouverte. Il me fixe avec une intensité. Ses iris grisés parcourent chaque partie de mon corps. Je me rends compte que je porte toujours ses vêtements et qu'en prime, je suis sale.

Sa main se lève, puis d'un geste, elle m'ordonne de venir en silence. Je fronce les sourcils, relève la tête et entre. Je tourne les yeux sur ma droite, pensant trouver le tableau, celui-ci a été enlevé. En regardant à gauche, l'impact de la balle est visible. Il n'a pas pris la peine de le dissimuler. Aleksander quitte sa chaise en se saisissant d'une sorte de trousse. Il s'avance pour se placer dans mon dos. Ses mains s'empressent de soulever mon t-shirt, me procurant un frisson qui m'électrise le corps. Je sais ce qu'il s'apprête à faire, je n'ai pas l'intention de l'en empêcher. Cette blessure a besoin d'être soignée et je ne compte pas m'y opposer.

— J'ai vu ce que tu cachais dans la forêt, dis-je d'une voix peu assurée.

Il commence à appliquer une crème froide sur ma peau, puis entame un massage avec délicatesse.

— Quand ça ira mieux, nous nous envolerons pour le Japon, annonce-t-il.

Je m'apprête à me retourner pour lui faire face, mais ses mains agrippent mes côtes. Je retiens ma respiration.

— Je vais finir dans cette même fosse ?

Sa prise est plus ferme, comme s'il contenait un moment de colère. Son torse s'empresse de se coller contre mon dos. Son visage, ou plutôt ses lèvres, viennent se placer près de mon oreille et dans un murmure, il me dit :

— Personne ne te fera du mal ici, moja słodka. Tant que je respirai, je tuerais quiconque posera un doigt sur ta peau.

Même si son contact à un effet indescriptible sur ma personne, je m'écarte soudainement. Je mets une distance entre nous, comme s'il pouvait me brûler.

— Je n'ai pas envie de partir avec toi ! m'exclamé-je.

Un sourire en coin se forme sur ses lèvres. Il penche la tête sur le côté, puis plisse les yeux. Il semble pénétrer mon âme, ce qui me procure une gêne que je ne peux contenir. Il s'esclaffe dans une hilarité tout en rejoignant son bureau.

— Tu penses avoir le choix ? demande-t-il en prenant place sur sa chaise.

Je croise les bras et arque un sourcil.

— Tu ne peux pas me forcer à faire quelque chose que je refuse.

Un rire franc s'échappe de sa gorge. Je sursaute, ne m'attendant pas à cette réaction. Il appuie ses coudes sur le bois, pose le menton sur le dessus de ses mains. D'un rictus malicieux, il me répond :

— Je t'y emmènerai de gré ou de force, moja słodka.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant