Prologue 3. Un thé

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Je sais maintenant que son rire a été l'élément déclencheur. Inconsciemment, j'ai cherché à l'entendre à nouveau, à le voir sourire ainsi encore une fois, car c'était un moment rare non pas que pour moi, mais pour tout le monde. Le voir rire ainsi, s'enlever toute retenue, relâcher toute vigilance me faisait me sentir unique. Et j'avais aimé cette sensation qu'il m'avait procurée l'espace d'un instant, si bien qu'il m'avait paru merveilleux. Le problème, c'est que j'apprécie toujours cette sensation.

Quelque chose vient de se poser sur mon nez. En ouvrant les yeux, je découvre qu'il s'agit d'une feuille morte. Je souffle dessus mais elle se pose cette fois sur mon front. J'abandonne ma brève quête, la feuille pourra rester sur mon front, je préfère plonger mon regard dans le maillage de branches qui me surplombe, et sans m'en apercevoir, mes souvenirs refont surfaces et me comptent ma propre histoire. Je reviens à aux mois de printemps...

...

J'ai quitté le terrain d'entraînement sur lequel j'ai passé un certain temps avec Azel pour rentrer chez moi. Dès lors, je tente de me concentrer sur les missions que je reprendrai demain, de retrouver cet état d'esprit serein et confiant pour être performante.

Et j'ai réussi.

Mais je concède que le Doge a été indulgent, certainement parce que je viens tout juste de me rétablir. Il m'a confié une mission simple : je dois juste dû transmettre des informations pas trop sensibles, du moins, pas très recherchées.

Ma mission terminée tôt dans l'après-midi, j'ai pu commencer à préparer la surprise pour Cian qui arrive demain. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à la soirée que je vais passer avec Azel. Il va enfin me dire s'il est finalement en couple avec Siobhan. Tout en confectionnant un bracelet pour Cian, j'essaye d'imaginer les différentes expressions faciales que Azel pourrait faire, et c'est particulièrement amusant.

Avant mon départ, j'emballe le bracelet que je viens de terminer, prends une douche et m'habille d'une jupe bleu marine à volants et d'une veste couvrant mon haut lilas. Ma curiosité commence à se faire impatiente et finalement, j'arrive chez lui avec vingt minutes d'avance. Je vais toquer mais la porte s'ouvre pour dévoiler Siobhan qui ne me remarque pas tout de suite. Elle a la tête tournée vers Azel qui se trouve derrière elle. Je suis gênée, j'ai l'impression de ne pas être à ma place, particulièrement quand elle retourne la tête, prête à partir, et s'étonne de me voir devant le seuil de la porte.

— Bah, Izolda, qu'est-ce que tu fais là ?

Que lui répondre ? Bonsoir Siobhan, je suis venue savoir si tu es enfin en couple avec Azel... je ne peux décidément pas. J'essaye donc de trouver une excuse mais aucune ne me venant à l'esprit, je balbutie des débuts de phrases sans jamais les terminer, ce qui commence à l'agacer.

— Je dois l'aider à préparer une surprise pour le retour de Cian, intervient Azel.

Mon sauveur. C'est le prétexte idéal à mon étonnante visite. Siobhan le regarde, puis me regarde, ses yeux verts plein de questions, mais elle croit à cet argument.

— C'est vrai qu'il revient demain. Je ne savais pas que tu t'entendais avec Izolda, remarque-t-elle toutefois.
— Tu le sais maintenant, répond Azel avec son habituelle flegme.

J'espére que Siobhan ne le prend pas mal. Elle marque un petit silence avant de finalement dire :

— Je vais vous laisser alors.

Elle dépose ensuite un léger baiser sur les lèvres d'Azel, les joues roses de plaisirs sous ses cheveux de fleurs, puis elle le quitte, la joie illuminant son visage. Mais elle me jette un dernier regard que je ne parviens pas à soutenir alors qu'elle me dépasse.

Entre zéphyr et mistralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant