Chapitre 28 | Marinette

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— Je suis là !

Bien sûr, je trébuche contre le câble d'un objecteur et m'enroule dedans avant de finir par terre. La boite que je tenais fermement dans mes mains se déverse sur le sol. Plusieurs personnes se dépêchent de rassembler les affaires et de me dépêtrer. Un rire familier me parvient aux oreilles.

— Rien de cassé ?

Jules m'aide à me relever. Il est coiffé et maquillé pour ressembler à une star. J'ai failli ne pas le reconnaitre.

— Désolée, je suis la reine des maladresses !

— Ce n'est pas grave, je suis vraiment content que tu aies répondu à mon appel.

J'acquiesce. Deux jours après l'attaque de DéDouble, Jules m'a contactée en urgence, car une des accessoiristes avait égaré des affaires pour son prochain shooting, prévu pour le lendemain matin au risque d'être annulé sans moi. Un instant, je me suis demandé si tout n'était pas calculé pour que je puisse sauver la situation. Je sors à peine de nuit blanche.

— Je te donnerai le numéro de mon agente pour la facture.

— La facture ? répété-je.

Jules me dévisage, je remarque alors qu'on lui a posé des faux cils pour allonger son regard.

— Tu ne crois quand même pas que tu as fait tout ça gratuitement ?

À vraie dire, je ne m'étais même pas interrogée sur la question. J'ai travaillé, sans plus. Face à mon mutisme, mon ami secoue plusieurs fois la tête et désigne la boite que les assistants déballent avec émerveillement. Je sens mon estomac remonter dans ma poitrine à l'idée qu'ils jugent mes créations.

— Marinette, tu as un énorme talent, Yan avait raison. Il n'est pas question de ne pas te payer pour ce que tu as produit pour moi.

Parler d'argent entre amis me met mal à l'aise. Depuis le collège, je fabrique et offre des cadeaux sans rien demander en retour, alors envoyer une facture pour des broutilles, c'est tout nouveau.

— Jules, on va commencer ! prévient son assistante, une femme deux fois plus âgée que lui.

Elle m'adresse un sourire chaleureux. L'ambiance est bien différente de mon premier jour en compagnie des stylistes jumelles d'Adrien.

— Tu restes pour regarder ?

— Je...

— Sauf si tu as autre chose de prévu, bredouille-t-il un ton plus bas. Je sais que je t'ai prise de court avec ma commande, mais je me disais...

Depuis notre première rencontre, j'avais envie de voir à quoi ressemblait un shooting avec ce garçon. Il a l'air si timide et peu sûr de lui que son statut de mannequin m'intriguait.

— Avec plaisir.

Afin de ne déranger personne, je m'incruste auprès de l'équipe technique tandis que Jules se place sous le feu des projecteurs. Lorsque le photographe commence à le mitrailler, ses yeux s'illuminent et il enchaine les poses de manière si naturelle que j'en ai le tournis.

— Jules est un garçon impressionnant n'est-ce pas ?

Je sursaute, je n'avais pas vu le rapprochement de son assistante. Elle l'observe avec tant de douceur que je m'interroge sur leur vrai lien.

— Oui, répondis-je en revenant vers le centre de la scène. Il était si timide quand on s'est rencontré, j'ai du mal à croire que c'est la même personne.

Cécité [TOME 2]Where stories live. Discover now