Le jeu de la vérité - Aleksander

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Je laisse la fumée de ma clope enlacer mes poumons pour mieux les intoxiquer. Le vent frais du printemps vient caresser la peau nue de mon torse. Je me détends sur le transat qui habille le balcon de notre chambre d'hôtel. De là où je me trouve, je peux l'apercevoir dans notre lit. Plus radieuse qu'elle ne l'était à notre rencontre. Cette femme s'embellit de jour en jour à mesure que les mois s'écoulent. Elle est bien plus différente que je n'aurais imaginé. Elle qui se pense faible et fragile, est une véritable combattante. Il faut du cran pour ne pas flancher face à celui qui est censé être son ravisseur. J'ai beau la protéger de ma tuerie, elle n'est pas dupe. Elle est probablement la femme la plus intelligente que j'ai approché.

Il suffit que je ferme les yeux pour sentir ses lèvres brûlantes, s'écraser sur les miennes. J'ai la sensation qu'elle frôle à nouveau ma peau avec une douceur qui lui ressemble bien. Je voudrais la goûter plus profondément, l'entendre jouir face à mes caresses, lui donner un orgasme. Cependant, je dois canaliser mes pulsions sexuelles avec elle. Bien trop brisée pour laisser qui que ce soit la toucher plus intensément. Elle n'accepte mon contact que si ça reste dans des zones accessibles, ou qu'elle ne le réalise elle-même. Si elle me le permettait, je la rejoindrais à nouveau sous les draps afin d'inhaler son onctueux parfum.

Le magnolia.

Tout comme cette fleur, en plus d'être belle et radieuse, son effluve me rend fou. Ce que je lui ai dit dans la chambre au Japon, je le pense réellement. Sa beauté est digne d'une divinité de l'Olympe. Lorsqu'elle en prendra conscience, elle verra que, aucune de ses trois salopes ne lui arrive à la cheville. Je suis forcé de détourner les yeux d'elle, dès l'instant où je sens les vibrations de mon téléphone.

Le prénom de Daniel s'affiche.

— Tak, mój bracie*, lancé-je le premier. (Oui mon frère)

Les éclats de rire se font entendre au bout du combiné.

— Quand tu parles en polonais, c'est parce que tu es tendu. Puis-je connaître la raison ?

— Nie*, râlé-je. (Non)

Il m'est impossible de lui dire que c'est elle qui me rend ainsi. Devoir garder mes mains rangées est un véritable supplice, mais je le fais tout de même.

— D'accord, souffle-t-il avec contrariété. On voulait savoir, quand comptez-vous rentrer ? Ils sont prêts et t'attendent.

Pendant une soirée, je les avais oubliés. Je tourne un instant les yeux vers Irina qui est en train d'émerger de sa torpeur.

— Dès qu'elle a déjeuné, on rejoint le jet. Préviens-les que nous serons là d'ici deux heures.

— Bien, rétorque-t-il avant de raccrocher.

Je range le portable dans mon jogging. Au même moment, la belle au bois dormant effectue son apparition. Sa longue chevelure sombre est en pagaille. Le pyjama uniforme clair qu'elle enfile, lui va à merveille. Elle pourrait porter un sac-poubelle, je continuerai de me le dire. Elle prend place sur la seconde chaise, perdant son regard sur l'horizon.

— Tu devrais manger un bout, lui dis-je en pointant l'assiette remplie de viennoiserie, sur la petite table de jardin.

Elle se saisit de celle qu'ils appellent chocolatine, dans la région. Elle paraît pensive. J'écrase mon mégot, puis me redresse.

— Ma fac est juste là-bas.

Je cherche la façade à travers le paysage qui se dessine. Excepté le tribunal et la cathédrale, je ne perçois pas grand-chose.

— Comment as-tu fait pour que je n'y sois plus ? m'interroge-t-elle soudainement.

Je hausse les épaules en guise de réponse. Je ne le sais pas vraiment, ce n'est pas moi qui m'en suis occupé. Maria a été chargée de régler ce problème. Si elle veut absolument le savoir, c'est à elle qu'elle devrait réclamer.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceWhere stories live. Discover now