A la gloire du Cygne

Chapitre 2

  La capitale d'Alba était parcourue d'une grande agitation en ce jour de fête. Partout, les maisons à l'architecture si légère et aux murs immaculés se virent parées de guirlande d' hypnolys, cette fleur blanche qui devait son nom à la délicatesse de son parfum ainsi qu'à ses longs pétales en forme de cœur qui la rendait hypnotisante. Durant la dernière guerre, elle avait été un symbole d'espoir pour les habitants du royaume, leur rappelant la blancheur du Cygne de la même couleur, l'allégorie du savoir et de la prospérité à Alba.

Bien que le royaume soit en paix depuis trente ans, la guerre était encore bien présente dans l'esprit des habitants qui l'avait vécu durant leur jeunesse. Une majorité de la population se rappelait très bien la famine, les villages incendiés par les rebelles du Nord, mais aussi l'assassinat du roi qui avait alors conduit le prince Horace, souverain actuel, à prendre la tête du royaume prématurément. Le conflit avait duré quatre ans et il avait été barbare. Des milliers de morts parmi la population, des champs de bataille rougie par le sang, des villes assiégées par les rebelles, des tortures et des prises d'otages...Les rebelles n'avait reculé devant rien pour soumettre Alba à leur volonté et tout le monde l'avait payé le prix fort. Chaque famille du royaume ou presque a perdu un proche durant ce conflit, voilà pourquoi les habitants d'Alba mettaient un point d'honneur à célébrer cet anniversaire de la paix au même titre qu'ils avaient souffert en l'attendant. Le conflit avait pris fin lorsque les membres d'une prestigieuse famille du Nord, principaux meneurs de la rébellion, furent pris au dépourvu par l'avancée soudaine des troupes albiennes,  et décidèrent donc d'ordonner l'assassinat en masse des rebelles. Très peu d'entre eux survécurent à ce massacre mais une partie de la population rebelle subsista. Une majorité de ces survivants se rassemblèrent et retournèrent dans les terres du Nord, tandis qu'une autre partie décida de se fondre avec le peuple d'Alba, s'installant dans les différents villages et villes du royaume. Néanmoins, leur présence ne fut jamais vraiment acceptée et même trente ans plus tard, on continuait encore à les pointer du doigt.

Au fil des heures, les festivités à venir se firent de plus en plus ressentir. Dans les rues de la capitale, on commençait déjà à jouer de la musique. Les gens se retrouvaient autour d'une table, discutaient, riaient, chantaient... Pendant ce temps, le personnel du palais royal s'affairait à préparer la réception qui aurait lieu bientôt. Tout les grands ducs et baron du royaume y étaient attendus aussi, tout devait être parfait.

   Adossé dans l'encadrure d'une de ses immenses fenêtres de ses luxueux appartements, Percy observait la nuit tomber sur la ville. Il pensa à tout ces gens en train de faire la fête, de se retrouver, tous ces gens savourant le bonheur des festivités, à mille lieux de penser à des choses aussi perturbantes que les cauchemars... Cela l'avait hanté toute la journée. Il avait vraiment peur que ses crises reprennent comme auparavant. Percy se posait beaucoup de question concernant ses cauchemars perpétuels, mais parmi toutes celles qui se bousculaient dans son esprit à cette heure, il y en avait une qui revenait sans cesse : « Pourquoi suis-je assailli par des cauchemars ? ». Il se rappelait parfaitement tout ce qu'on lui avait rabâché dans son enfance à propos de ce qu'il vivait. Cependant, il n'y croyait pas, et il était persuadé que la reine était dans le même cas, que c'était la raison qui l'avait poussé à arrêter de chercher des réponses pour son fils cadet puisqu'aucune d'entre elles n'étaient convaincantes.

Percy ferma les yeux, comme pour cacher les pensées dérangeantes qui assaillaient son esprit. Il s'en voulait de causer autant de soucis à la reine. Il savait que son rôle n'était déjà pas facile à assumer en tant que souveraine d'Alba, rare étaient les occasions où on lui laissait la possibilité de prendre des décisions seule. Même quand il s'agissait de ses propres enfants, elle devait toujours demander l'appui du roi. Percy ne voulait pas en plus lui ajouter des inquiétudes dû à son rôle de mère. C'était quelqu'un qu'il aimait et admirait beaucoup. Depuis son plus jeune âge, la reine avait toujours essayé de consoler le jeune prince de sa différence avec son frère aîné, souvent très moqueur avec Percy. Elle savait que son fils cadet n'était pas doué dans le domaine des armes aussi, elle avait compensé ce manque par les études et le goût des livres, qu'elle transmit également à Percy. Il lui devait beaucoup. C'était également la reine qui avait insisté pour que Percy, très timide à l'époque, surtout face à une fille de trois ans son aîné, aille rencontrer Serena. En songeant à la belle jeune noble, Percy se rappela qu'elle serait présente à la réception. Il avait terriblement hâte de lui parler. Il sourit en pensant à la réaction qu'aurait la jeune fille lorsqu'il lui racontera avoir fait un nouveau cauchemar. Elle le grondera sûrement, lui reprochant cette nouvelle crise comme s'il en était responsable. Percy savait que c'était sa façon de s'inquiéter pour lui. Depuis toute petite, Serena avait toujours fonctionné ainsi. Son cœur battit un peu plus fort lorsqu'il pensa à la magnifique robe qu'elle porterait sûrement ce soir, ses magnifiques cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules.