Piégés (FR)

Chapitre 19

Rhea a pressé le bouton pause. Je me suis levée, prête à m'insurger. On n'interrompait pas mon Scream préféré pour des jérémiades.
-Quoi ? ai-je dit de mon ton "je suis pas désagréable, je veux juste regarder le film en paix".
Elle a tendu les bras vers l'écran, la télécommande toujours dans sa main.
-Pourquoi ils disent qu'elle est morte ? A-t-elle demandé.
J'ai haussé les sourcils, mais Ley est venu ajouter à la stupidité de sa question :
-Ouais, ils auraient montré sa mort à l'écran, c'est un slasher, a-t-il renchéri.
Après le soupir que je fais toujours quand des gens posent des questions sur le film qu'ils sont en train de regarder, je l'ai contredit :
-Mais si, elle est morte, Ghostface l'a carrément éventrée !
Avant que Rhea ne me dise quelque chose, Amelia l'a interrompue d'un grand geste des bras :
-Tu as vu le film avant ? a-t-elle demandé d'un ton inquiet.
J'ai haussé les épaules.
-Ouais, j'a...
-Et là, tu te souviens d'avoir vu sa mort là, tout de suite, sur cet écran ? a-t-elle demandé ensuite.
Il ne m'en a pas fallu plus pour comprendre ce qu'elle insinuait.
-Putain de merde, ai-je marmonné entre mes dents.
Me dressant sur le canapé, je me suis retournée pour jeter un coup d'oeil dans le fond de la salle, où Noah se trouvait jusque là. Je serrais le dossier du canapé en cuir à m'en blanchir les articulations. Il y avait une masse inerte au fond de la salle. Mon coeur a fait un bond dans ma poitrine, et j'ai commencé à douter de quelle mort parlait Amelia.
J'ai bondi par-dessus le dossier du canapé et me suis précipitée vers Noah, qui était étendu par terre, la langue pendante et les yeux exorbités. Il avait été étranglé, et salement. En tout cas, il ne bougeait plus.
Il y avait peu d'espoir, j'ai quand même pris son pouls, sans résultat. J'ai ensuite réalisé que je touchais un cadavre, alors je me suis écarté d'un bond.
-Il est mort, a dit Ley du ton le plus sérieux que je lui connaissais.
-Il supprime les témoins, a fait Ethan d'une voix inaudible.
Bien sûr, tout le monde avait vite compris qu'on parlait de Felix. Aussi, c'est facile de commettre des assassinats si on peut les faire oublier à tout le monde.
-On doit trouver Isla avant qu'il ne la trouve, ai-je résolu.
-Ou alors on trouve Felix, ça me paraît plus rapide, a corrigé Amelia.
-Ouais. Chacun de son côté ?
-On risque d'oublier ce qu'on était parti faire.
-Vous avez qu'à vous le noter, Jana a raison. Qui veut un feutre ?
Tout le monde se mit à s'écrire dessus, et à la fin il ne restait plus que des feutres gris ou beige : résultat j'ai dû attendre mon tour. Alors qu'il y avait un cadavre au fond de la pièce et tout ce que je voulais faire c'était me barrer.
-On n'a qu'à faire un détour au bâtiment d'administration avant, a proposé Ethan. Il y a des armes dans les casiers des gardiens.
-Quel genre d'armes ? ai-je demandé.
Melanie a entrepris d'écrire elle-même sur mon bras. C'était tant mieux, elle avait une plus belle écriture que la mienne.
-Je pense que s'il nous le propose, c'est pas des pistolets à bisous, a répondu Ley à la place d'Ethan.
Celui-ci a haussé les épaules, probablement soulagé de ne pas avoir eu à me répondre. Melanie s'est écartée de mon bras et a refermé le feutre noir qu'elle a utilisé. J'ai regardé ce qu'elle m'avait mis : "tuer Felix".
Je lui ai jeté un coup d'oeil révélateur : j'étais peut-être prête à plus que d'habitude, mais il ne fallait pas pousser.
-Très bien, a-t-elle soupiré.
Melanie a donc barré le "tuer" et a écrit "blesser" en-dessous.
-Il n'empêche que j'ai rarement vu quelqu'un réussir à négocier avec le diable, a-t-elle rajouté juste avant de partir dans une autre direction.
Avant que je n'aie pu répliquer, elle est partie. J'ai décidé de faire cavalier seul, et de me rendre toute seule au bâtiment d'administration. Pour prendre des pistolets à bisous, si disponible.
Ce n'est pas comme si Graham et moi n'avions pas déjà explosé la porte vitrée. J'ai fait un petit geste de la main à Ethan pour lui signifier que je partais, et ai quitté la salle multimédia. Après avoir refermé la porte derrière moi, j'ai pris une profonde respiration. Ca faisait un mort. Et un type qui cherchait seulement à protéger sa petite soeur -peut-être pas de la bonne façon, mais maintenant il ne pouvait plus du tout.
D'un pas rapide, j'ai commencé à marcher vers le seul immeuble que comportait la riante cité de Lost Playland. A ce rythme-là, j'y serais en cinq minutes.
Si on rattrapait Felix ou Isla à temps, ils allaient en passer pas mal à l'ombre, mais maintenant nous aussi. Ca, c'était de la non-assistance à personne en danger. Peut-être même qu'on pouvait nous prendre pour des complices.
Comme si on avait besoin de ça. Ceci dit, on avait pas mal de circonstances atténuantes.
Ma prédiction était correcte : mon arrivée devant le bâtiment a interrompu mes pensées. Je suis passée par la porte vitrée. Enfin, le trou béant qui avait remplacé la porte vitrée, et que Graham avait crée.
Le troisième étage était celui de la police propre à Lost Playland. J'ai pris les escaliers pour l'atteindre. C'était un seul couloir, avec une bardée de portes, et au fond à gauche, une sorte d'open-space, et au fond à droite, une salle avec des casiers : c'est vers là que je me suis dirigée.
La plupart des casiers était fermée à clé, mais le propriétaire du n°12, probablement un sadique, avait pensé à moi. La clé était sur la serrure, et quand j'ai ouvert la porte, il y avait un Post-It avec un smiley sur le battant. Monsieur allait se marrer s'il apprenait que j'allais blesser quelqu'un de mon âge avec.

N/A : Holá bande de grosses ! J'aimerais vraiment vous voir deviner sur quoi je vais fanfictionner. Vous connaissez un peu mes fandoms et tout, je pense que vous pouvez !