8. « On fera comme tu le souhaites Chloé »

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Chloé
Je regarde les étages défiler sur le petit écran de l'ascenseur en serrant mon PC contre ma poitrine. L'ascension vers l'étage du comité de direction n'a jamais été aussi lente. J'ai horreur d'être en retard, c'est bien l'une des seules raisons pour lesquelles je me dispute avec Kara, elle est la reine du retard alors que de mon côté je fais tout mon possible pour être la plus ponctuelle possible. Aujourd'hui n'est malheureusement pas le bon exemple.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent enfin à l'étage souhaité, je me faufile entre elles alors et m'empresse d'entamer la fin de mon périple. Mes talons effectuent un bruit retentissant à chacun de mes pas. Cet étage de l'immeuble n'a rien à voir avec les autres, aucuns couloirs grouillants de monde, aucunes baies vitrées, aucunes salles de réunion vitrées non plus. Le commun des mortels y a accès uniquement sur invitation pour une réunion ou sur demande pour un sujet en particulier. La décoration est très classe, sobre, avec un parquet boisé brillant de mille feux et des portes noires mates.

Pour accéder aux bureaux de Sebastian Giannaris, il est obligatoire de se présenter dans un premier à celui de son assistante, Mona. Mona est l'assistante des assistantes, elle sait absolument tout ce qu'il se passe dans ce bureau. Rien ne se décide sans son aval, son bureau sert de "sas" avant de pouvoir accéder à celui du Grand Patron. La décoration est propre a sa personne, d'un blanc immaculée, accompagnée de fines touches de dorées sur quelques pièces de décoration. Vêtue de blanc quasiment tous les jours, elle porte son carré brun strict, lisse, toujours de la même manière avec ses grosses lunettes a la monture épaisse noire.

Je m'avance vers elle mais elle daigne lever les yeux de son ordinateur. L'oreille collée a son téléphone portable, elle parle a son interlocuteur dans une langue étrangère qui m'est totalement inconnue. Elle note ensuite quelques chiffres sur son carnet avant de s'apercevoir de ma présence. Ses yeux marrons me juge de la tête aux pieds avant de regarder l'heure sur sa montre, ses yeux s'écarquillent puis elle pointe du doigt l'horloge accrochée sur le mur derrière elle. Mona prononce une nouvelle phrase a son interlocuteur avant de poser une main sur le bas du combiné.

- Tu es en retard Chloé !
- Je sors d'une réunion qui a traîné en longueur.
- Suis-moi.

Elle envoie ses lunettes sur le haut de sa tête avant de se lever de son siège, je lui emboîte le pas alors qu'elle me trottine difficilement sur ses talons de douze centimètres vers la salle de réunion communicante avec le bureau de monsieur Giannaris. Mona toque sur l'une des immenses doubles portes noires avant d'ouvrir l'une d'elle. Mona me fait signe de m'avancer et lâche la porte pour que je prenne le relais. Je m'aide de ma hanche pour maintenir l'ouverture de la lourde porte, et me retrouve face à une dizaine de personnes assises autour de tables formant un U en direction d'un très grand écran sur le mur opposé à moi. Tous les regards se braquent sur ma personne alors que j'avance rapidement vers le seul siège vide. Je m'excuse platement en sentant les regards me suivre dans mon cheminement pour rejoindre la dernière chaise noire vide. Sebastian Giannaris ne m'a pas lâché du regard jusqu'à ce que je m'assois. Il réajuste sa paire de lunettes avant de faire signe à l'un des membres du comité de direction de reprendre la parole. Cette action permet à l'assemblée de se concentrer à nouveau sur le directeur logistique qui est debout sur l'estrade, devant le grand écran, une télécommande en main, faisant défiler des slides d'un PowerPoint qu'il présente.

A ma gauche se trouve Daniele et de l'autre Anna. Anna envoie valser son châle orange Hermès derrière son épaule tout en me fusillant du regard.

- Où étais tu passée ?!
- Désolé, la réunion avec Pietro a été plus longue que prévue et ...
- On en reparlera plus tard. Je vais présenter les résultats de la commission de la semaine dernière dans quelques minutes, en cas de besoin je te solliciterais.
- Pas de soucis.
- Je pourrais également intervenir. indique Daniele en gardant le même ton de voix bas qu'Anna

Amour Paris : Le choix d'une vieWhere stories live. Discover now