21. Seconde phase

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Huit jours après,
2 juin, 10h38
Institut Gustave Roussy, Villejuif

- C'est plutôt positif. La tumeur a diminué avec la chimiothérapie. Vous n'aurez pas besoin de faire une troisième cure. On va directement passer à la seconde phase du traitement, puisque votre corps a eu le temps de se remettre de la chimio durant ces trois dernières semaines. Est-ce que vous avez des remarques à faire sur votre état ?, demanda le médecin en anglais.

Bill secoua la tête. Assis dans un coin de la pièce, Tom écoutait la conversation.

- On va vous peser. Vous aviez déjà perdu plusieurs kilos, la dernière fois que je vous avais pesé, n'est-ce pas ?
- Euh... oui.

À contrecœur, Bill se leva du siège et monta sur la balance. Son poids était descendu de deux kilos et demi, ce qui en faisait cinq et demi au total.

- Hm, prenez-vous les compliments alimentaires que je vous ai prescrit sur demande du diététicien ?
- Oui, je les prends tout le temps.
- Et vous avez vu la psychiatre que le psychologue de l'établissement a recommandé après votre rendez-vous ?

Le patient demeura silencieux à la suite de la question de son médecin. Ce dernier prit un air fâché.

- Monsieur Kaulitz, les rendez-vous sont tout autant nécessaires que les médicaments qu'on vous fait prendre. Ils font partie de votre traitement. En vous diagnostiquant, on peut mieux vous soigner. J'ai lu votre dossier, vous savez. Dépression, burn out, instabilité émotionnelle, malnutrition. Vous avez besoin d'aide, monsieur.
- Je... Je sais.
- Et nous sommes là pour vous aider, continua le médecin. Alors on va vous prendre rendez-vous ensemble chez le psychiatre pour que vous le voyiez dans la semaine.

Bill déglutit.

- Je veux pas prendre des antidépresseurs.
- Monsieur, la prise d'antidépresseurs est un traitement comme un autre, répondit le médecin sur un ton las.
- Je refuse de ne plus rien ressentir à cause de médicaments. Je préfère encore aller mal. Je vais pas... bien, parce que j'ai un cancer et que je ne peux plus chanter. Dès que je serai guéri, j'irai mieux.
- Vous faisiez un burn out professionnel avant d'avoir un cancer, n'est-ce pas ?, enchaina le médecin en haussant les sourcils.

Bill resta muet. Il se demanda ce que Tom dirait, s'il était à sa place. Mentirait-il pour sortir de cette situation ?

- Oui, finit par dire calmement Bill.

Le médecin plissa les yeux.

- Je vais appeler un confrère. Il est à dix minutes à pied d'ici.

Il regarda dans son annuaire téléphonique et passa un appel.

- Oui allô, c'est le Docteur Ferreira de Gustave Roussy à l'appareil. Je voudrais prendre rendez-vous pour un de mes patients. ... Dans la semaine, si possible. ... Mercredi à onze heures ? Attendez, je lui demande.

Le médecin interrogea Bill du regard. En voyant l'air perdu de Bill, il comprit qu'il devait traduire. Bill hocha alors la tête, acceptant son sort. Le médecin transmit quelques informations supplémentaires avant de raccrocher. Il pianota sur son clavier et imprima l'ordonnance pour la donner à son patient.

- Croyez-moi, je pense qu'une séance chez le psychiatre ne vous fera pas de mal, bien au contraire. Vous commencerez la radiothérapie jeudi, avec comme prévu la séance d'essai cette après-midi. Une séance par jour, cinq fois par semaine et ce sur six semaines. Ça fait trente séances.
- C'est long...
- Vous avez déjà parcouru beaucoup de chemin avec la chimiothérapie. Vous en êtes à la moitié, mais la tumeur a déjà dégrossi. L'équipe est optimiste. Si la tumeur disparait totalement avec la radiothérapie, après un temps adapté, vous pourrez reprendre le chant. Avec, bien sûr, un contrôle fréquent des voies ORL. Vous êtes sur la bonne voie, Monsieur Kaulitz. Continuez à vous battre.

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant