Chapitre 55 : Accepter la souffrance

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J'avais finalement accepté...
Accepter que l'amour peut être l'élément le plus puissant et incompréhensible qu'il existe, mais également le plus blessant.
Le constat était simple, j'aime El Profesor, alors que lui aime Raquel Murillo, notre adversaire. Mon ange gardien m'a assuré qu'elle n'était plus avec la police et qu'elle nous avait sauvé en révélant trop tard à la police la planque du prof. Je savais que dorénavant plus rien ne serait pareil entre nous deux car une femme était rentrée dans sa vie et il espérait qu'elle le retrouve ici, à Palawan. Le génie à lunettes passait ses journées à l'attendre et faire des pronostics afin de savoir quand elle comprendrait son message codé et arriverait.

Plusieurs mois étaient passés depuis notre arrivée sur notre île privative. Une des premières préoccupations du prof avait été de me faire opérer ma blessure par balle car pendant le braquage, l'opération pour me sauver la vie avait été dans des conditions modestes et difficiles. Et puis, pendant le braquage je n'avais pas pris de repos et pas reposé mon bras ce qui avait aggravé ma blessure, et j'avais par la suite rouvert 2 fois ma plaie. Le chirurgien du prof m'avait opéré avec succès et j'ai dû suivre une rééducation dans le but de retrouver la mobilité totale de mon bras et de mon épaule. Je passais donc une importante partie de mes journées à faire les exercices demandés par le chirurgien ainsi que de la musculation pour me sentir de nouveau bien dans mon corps.
J'avais surtout passé de nombreuses journées et nuits à passer mon brevet de pilote d'avion privé. J'avais dû me faire une fausse identité pour m'inscrire et ensuite fournir un énorme travail pour enfin réaliser mon rêve. J'avais effectué mon premier vol solo avec el Profesor, comme un symbole, c'était ma renaissance avec mon ange gardien après de longues années de ténèbres. Les larmes avaient fortement coulé ce jour-là, des larmes de fierté, je pensais à mes parents, ils auraient dû être là pour me voir réussir...

Malgré ce rêve d'enfant réalisé et ma rééducation qui se tournait en réussite, une chose persisté, mes cauchemars et insomnies. Les morts qui ont traversé ma vie tournait en boucle dans ma tête, les regrets me hantaient. J'ai eu une vie pas facile du haut de mes 18 ans et toutes les épreuves que j'ai dû traverser me revenaient maintenant, le premier moment depuis mes 15 ans où j'ai du temps pour moi et où je me sens en sécurité, car je suis avec el Profesor.
Néanmoins, je sais que j'ai toujours du mal à gérer mon mal-être...
Cependant, je prenais du temps seul, à me ressourcer, pour une fois je prenais le temps de me soigner, de penser, faire mon deuil des personnes que j'ai perdu et de la personne que j'ai été.
J'ai eu une longue réflexion sur le fait que ce braquage m'a définitivement ouvert les yeux et il m'a changé, j'ai compris beaucoup de choses comme le fait que je ne suis pas la seule à souffrir.
Souffrir est un ressenti qui touche tous les humains, mais certains le subissent plus que d'autres.

J'en suis donc venue à la conclusion, qu'il m'aura fallu plusieurs années, pour accepter la souffrance...

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