Chapitre 11 Zoé

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Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit oui ni comment je me suis retrouvée dans ce restaurant. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que c’est très bon, meilleur que dans la plupart des restaurants où j’ai pu aller à New York. Pourtant, quand on l’examine, c’est un restaurant qui ne paye pas de mine, simple, de style restauroute, mais la viande est réellement bonne. J’adore. Ce qui est sûr, c’est que je reviendrai ici.
Wayatt n’est pas très causant, mais, ça, je l’avais déjà remarqué. C’est le genre d’homme qui ne parle que pour dire des choses importantes, toutes les choses superflues sont bannies de son vocabulaire et je trouve son silence assez reposant. À New York, tu te sens toujours obligé de parler, pour ne vexer personne alors que Wayatt, lui, il s’en fiche, il reste comme il est. Et surtout, je crains que, s’il parle, cette chose qui se passe entre nous recommence. Je suis indéniablement attirée par lui, c’est fou. Je n’arrive pas à m’en empêcher, dès que je le vois, j’ai envie d’être proche de lui.
— Demain, je peux vous apprendre à monter à cheval si vous voulez.
— Vraiment ?
— Oui, je pense que ça pourra vous servir. Peut-être pas trop ici, car vous allez repartir, mais ailleurs, si vous êtes amenée à préparer d’autres mariages.
Je le regarde en souriant. C’est vrai que ça me plairait beaucoup, même si je ne suis pas confiante et que j’ai peur. Il a raison, j’aimerais bien apprendre et apprivoiser ces bêtes.
— Ça serait avec plaisir, merci beaucoup.
Il me fait un signe de tête et recommence à manger comme si de rien n’était. J’ai hâte de commencer mes cours demain. Bon, eh bien, Dallas va attendre, je préfère mille fois apprendre à faire du cheval plutôt que d’aller dans un hôtel de luxe et faire les magasins.
Une fois qu’on a terminé de manger, je le remercie de m’avoir invitée. Pour moi, ça a été un repas très reposant. Nous reprenons chacun notre voiture et je le suis tout le long du chemin. Je suis bien contente qu’on ait pu en louer une, même si c’est un gros 4x4 et que je n’ai pas du tout l’habitude de conduire ce genre d’engin. Je pense que, comme tout, avec le temps, je vais m’y habituer.
Une fois arrivée, je me rends compte que toutes les lumières sont éteintes. J’aime bien la solitude, mais j’aime le bruit aussi et, là, il n’y a rien de tout ça. Je reste un long moment à regarder le vide, entourée de quelques bruits d’animaux, puis je finis par rentrer, guidée par le froid qui commence à me geler les os.
Le lendemain, je me lève tôt et me prépare. Je ne sais pas à quelle heure Wayatt va passer, mais je veux être prête à partir au cas où. Il arrive en fin de matinée, là où le soleil est à son apogée.
— Bonjour, Zoé.
Je le regarde, étonnée qu’il m’appelle par mon prénom si ouvertement.
— Euh, bonjour, Wayatt.
— Je préfère qu’on s’appelle par nos prénoms si ça ne vous gêne pas, du moins pendant les cours. Ça sera plus pratique.
— Pas de souci.
— Je vais commencer par nous emmener plus loin, où il n’y a aucun bruit aux alentours. Vous serez totalement concentrée et le cheval aussi.
— D’accord.
Je pensais vraiment que l’équitation était plus simple. Il a l’air de comprendre mon interrogation, car il me répond tout de suite.
— Ce ne sont pas des chevaux de haras, ils ne servent pas à monter en règle générale, ils ne sont pas dressés pour ça. Nous les élevons pour les vendre ensuite à des particuliers ou des centres d’équitation. Ce ne sont que des chevaux d’élevage. À part, bien sûr, les nôtres. Nous faisons une partie de l’éducation, comme dans un manège, mais ils ne sont habitués qu’à nous et personne d’autre ne les monte tant qu’ils sont ici. Les chevaux sont comme les hommes, il leur faut une certaine adaptation.
Ça se voit qu’il est passionné, il aime ce qu’il fait et, même si je ne suis pas très rassurée, j’ai confiance en lui. Il ne fera pas tuer l’organisatrice de son mariage, si ?
Je constate qu’il y a un panier accroché au cheval que je vais devoir monter, mais je ne dis rien. Je monte sur le sien et, dès qu’il est derrière moi, il se met en route. Mon cheval à sa lanière attachée au sien et il est obligé de nous suivre. Une fois à l’endroit que je préfère sur cette propriété, il descend et m’aide à faire de même.
— Déjà, je vais vous apprendre à monter. Chez certaines personnes, c’est inné, ou alors elles apprennent vite, mais, avec vous, Zoé, ce n’est pas gagné.
— Vous m’insultez encore ?
Je n’en crois pas mes oreilles, il continue !
— Pas du tout, c’est une réalité.
Il enlève le fameux panier qu’il laisse à terre et passe de longues minutes à m’expliquer comment monter sur la bête et à m’aider à le faire. Je dois avouer qu’il a raison, je suis vraiment nulle et mon cheval, Capucine, est d’une patience d’ange avec moi.
Quand j’y arrive enfin et que je parviens à me tenir droite dessus, je suis fière. Une première étape dans mon éducation à cheval est faite.
— On va manger avant de continuer.
— D’accord.
— Oui, je ne pouvais qu’à cette heure-là. Dans un ranch, on ne choisit pas les horaires qui peuvent nous arranger et cette heure-ci est la plus tranquille de ma journée sans fin.
— Pas de souci.
Wayatt installe une nappe, sort du panier des sandwichs et plein de petites choses. Si je ne savais pas qu’il était fiancé et s’il ne pensait pas que moi aussi, je pourrais me laisser imaginer que c’est un pique-nique romantique. Je l’imagine faire ça souvent avec sa future femme… Elle en a de la chance ! Mon ex-fiancé m’emmenait dans des restaurants de luxe où, à la fin, c’est moi qui payais. Je n’ai jamais mangé comme ça, dans la nature, avec qui que ce soit.
— C’est vraiment à la bonne franquette, j’espère que ça ne vous dérange pas, je sais que vous êtes habituée à mieux…
Je réponds vite avant qu’il continue à dire des bêtises.
— Non, c’est parfait, merci beaucoup.
Il sourit et reprend à manger en observant l’horizon. Je le contemple de côté, je dois avouer que ce chapeau qu’il a sur la tête lui va bien, ça le rend super sexy. C’est comme dans les téléfilms romantiques que je regarde à la télé. Quand il tourne la tête vers moi, je baisse vite la mienne, gênée qu’il m’ait surprise à le dévisager avec insistance. Quand je relève la tête, je constate qu’il me fixe toujours. Il pose ce qu’il a dans la main, essaie de me parler, mais commence par bégayer.
— Je… je…
Et, là, tout s’emballe, je ne sais pas comment, mais je me retrouve allongée sur la nourriture, lui sur moi, et sa bouche sur la mienne. Notre baiser devient de plus en plus passionné, on ne contrôle plus rien et je pense qu’on n’en a pas envie. J’oublie tout, l’endroit où nous sommes, le fait qu’il est avec une autre, plus rien ne compte à ce moment-là à part que je ne veux pas qu’il s’arrête. Jamais. Je lui retire son chapeau, puis je tire sur sa chemise. Les boutons volent partout, mais je m’en fiche. Je m’attaque ensuite à sa ceinture, avec difficulté certes, mais j’y arrive et je descends son pantalon et son caleçon en même temps. Je sens son membre dressé contre moi… Mon Dieu, je vais souffrir ou mourir de plaisir ! C’est donc vrai ce qu’on dit des ranchers, ils en ont dans le pantalon, et pas qu’un peu. Je le pousse légèrement pour m’asseoir et je retire moi-même mon haut, en arrêtant juste de le bécoter pour le passer au-dessus de ma tête. Je me rallonge et enlève moi-même mon legging et mes chaussures. Wayatt est comme dans la vie, très peu entreprenant bien que nous soyons nus, l’un contre l’autre. Quand je monte mes jambes et me frotte à lui, il commence à trembler. Je prends son membre géant en main et je commence à le coulisser en moi… Mon Dieu, il est tellement énorme que ça m’étire les chairs, bien que je sois mouillée comme jamais. Enfin, il se décide à faire quelque chose et commence ses va-et-vient. C’est bon, beaucoup trop bon, je sens que le plaisir monte en moi comme une fusée, mais tout s’arrête brutalement, quand Wayatt gémit et se tend.
— Merde !
Ah oui, ça, il peut le dire ! Il a tout ce qu’il faut entre les jambes, mais je n’ai même pas eu le temps d’en profiter vraiment et je suis assez déçue.
Il se lève et se rhabille.
— On n’aurait pas dû faire ça… Je suis désolé.
Je finis par me lever. Wayatt, lui, est déjà prêt, à côté des chevaux. Du liquide coule le long de ma jambe, on ne s’est même pas protégés… Je décide de lui en parler une fois que je serai au moins en tenue décente, donc je m’habille. Une fois prête, je m’approche de lui et je sens comme un courant glacial entre nous, alors que, il y a quelques secondes, c’était le brasier. S’il s’en veut parce qu’il n’a pas assuré, ce n’est pas très grave, ça arrive à ce que j’ai entendu. C’est juste une trop grande excitation ou autre, je m’en fiche. Là, la seule chose à laquelle je pense, c’est que j’ai envie de recommencer, même si je ne vais pas jusqu’à l’orgasme.
— Je vais te ramener et on va oublier tout ça.
Quelque chose a changé, c’est qu’il me tutoie, c’est déjà ça.
— Je…
— Non, ne dis rien. Je suis désolé pour cet égarement. Et d’avoir été nul.
— Ce n’est pas…
Mais il ne me laisse même pas parler. Alors, comment je vais lui dire qu’on a oublié de se protéger ?
— Tu es une jolie fille et tu m’as fait perdre la tête. Je ne suis pas habitué à avoir des filles de la ville qui sont, comme qui dirait, si faciles.
— Pardon ?
J’ai cru que, après ce moment à deux, j’avais des soucis d’audition, mais pas du tout.
— Oui, tu t’es laissé faire alors que tu es fiancée…
— Et toi, non, peut-être ? Mais quel culot !
— Si, car je ne suis pas habituée à avoir une fille… Je… On y va !
— Une quoi ? Dis-le, vas-y, dis-le, bon sang !
— Un succube, tu es un succube !
Je m’approche de lui et le gifle.
— Tu as raison, ramène-moi ! Je n’ai pas envie de rester une seconde de plus avec un homme qui me traite de démon qui abuse des hommes.
— Je…
— Je ne veux plus t’entendre, je veux juste que tu me ramènes.
Je monte sur le cheval et attends qu’il monte derrière moi, je suis en colère, mais pas assez stupide pour essayer de rentrer à pied ou de chevaucher seule. Pendant tout le chemin, j’ai des larmes qui perlent le long de mes yeux. Je n’ai rien fait, c’est lui qui m’a sauté dessus au repas, je ne le comprends pas. Bien sûr, j’ai adoré ça… Enfin, ça, c’était avant qu’il me traite comme une fille de joie. Il est hors de question que je reste près de cet homme, dès qu’on sera au ranch, je prendrai mes affaires et j’irai attendre que la mariée rentre, à Dallas. Je ne peux plus rester ici, il faut que je me retrouve seule avec moi-même et que je réfléchisse à ce qu’il vient de se passer.
Dès que nous arrivons, je descends le plus vite possible du cheval, pour me dépêcher de rentrer, mais je sens des mains me retenir et Wayatt me retourne face à lui. J’ai honte qu’il me voie dans cet état, en pleurs pour lui.
— Ne pleure pas, Zoé, je n’en vaux pas la peine.
— Ça, je le sais, merci.
Je me dégage de ses bras et cours jusqu’à la maison où je me dépêche de faire ma valise, pour partir loin de cet endroit qui, en fin de compte, me fait plus de peine que la trahison de mon ex-fiancé.

Le Ranch Mac Bryant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant