Chapitre 15 - Effraction

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La semaine suivante, je suis un peu inquiet à l'idée de laisser Dana et Oscar ensemble. Quand je repense à l'état de l'appartement à mon retour... Néanmoins, je me contente de sourire à Lily avant de lui souhaiter une bonne journée, elle mérite bien quelques heures d'insouciance.

Sur le chemin du retour, je repense aux hommes qui rôdaient dans le quartier la semaine dernière. Je ne les ai pas revu depuis. Avec un peu de chance, il sont allés chercher ailleurs. Leur affiches de recherches sont toujours présentes mais la plupart d'entre elles ont été recouvertes de graffitis en tous genres.

Ce soir, je vais proposer à Oscar de rester manger à la maison comme la semaine dernière. Avec un peu de temps, je réussirai à l'amadouer suffisamment pour qu'il reprenne ses confidences là où elles se sont arrêtées. Sa situation n'est pas aussi confortable qu'elle en a l'air et je ne pourrai l'aider que s'il accepte de me parler.

J'imagine que la période de l'année impacte également son moral. Cela va bientôt faire deux ans. Et depuis, ses parents s'enlisent dans une procédure de divorce qui n'avance pas.


En arrivant chez moi, je remarque aussitôt qu'il y a un problème. La porte est entrouverte et semble avoir été enfoncée, la serrure est brisée. Je me fige quelques secondes en retenant mon souffle pour essayer d'analyser les bruits autour de moi. N'entendant qu'un silence pesant, je pousse le battant avec hésitation pour entrer. La porte s'écarte avec un grincement sinistre et m'arrache une grimace. La situation est digne des plus grands films d'horreur.

Heureusement pour moi, il n'y a aucune trace de sang. L'appartement entier semble avoir été retourné mais j'ignore s'il s'agit d'une animation de chasse au trésor menée par Oscar ou le résultat d'un cambriolage. En entrant dans le salon, des bris de verre crissent sous mes pieds et manquent de me faire sursauter.

Une forme inerte est allongée près de la table, je me précipite vers elle en la reconnaissant immédiatement. Qui a bien pu s'introduire chez moi et mettre Oscar dans cet état ? J'attrape son épaule et la secoue légèrement pour le faire revenir à lui.

- Oscar ! m'exclamais-je avant de porter une main à ma bouche. Qu'est-ce qui s'est passé ? ajoutais-je en chuchotant.

Mon meilleur ami fronce les sourcils et semble reprendre progressivement ses esprits.

- Je-où est Dana ?

- Raconte-moi ce qui s'est passé, insistais-je en comprenant l'origine de l'agression.

- Je n'ai pas compris... Deux hommes se sont brutalement introduits dans l'appartement, ils m'ont menacé et ont essayé d'emporter Dana mais j'ai résisté... Après ça, il m'ont frappé, précise Oscar en portant une main contre sa mâchoire. Je crois avoir perdu connaissance ensuite, tu sais où est ton chien ?

J'observe chaque recoin de la pièce plusieurs fois en prononçant son nom mais l'appartement est vide. Dana n'est plus là.

- S'il te plaît, concentre-toi Oscar, quand sont-ils arrivés ?

- Non, je venais de dire à Dana qu'il fallait ranger l'appartement avant ton retour. Il a dû se passer environ cinq minutes, estime-t-il en se relevant.

Je pose une main sur son épaule pour l'aider à se stabiliser.

- Tu devrais rester assis

- Je vais bien. Deux malades sont venus chez toi pour cambrioler ton chien alors qu'il était sous ma garde, j'aurai dû les arrêter

- Ne raconte pas n'importe quoi, objectais-je. Ils étaient deux, et plutôt équipés apparemment puisque ma serrure n'a pas résisté. Je suis content que tu sois en un seul morceau

Mon regard de pitié n'est visiblement pas encore au point. Oscar écarquille les yeux et examine son visage avec ses doigts pour déterminer l'ampleur des dégâts. Il grimace en palpant le gonflement autour de son oeil et sa lèvre fendue.

- Dis-moi que ça ne se voit pas ? Je n'ai quand même pas l'air de m'être fait passer à tabac ? supplie-t-il.

- Si absolument, je suis désolé. Tu as pu voir la direction qu'ils ont pris ? demandais-je en sortant sur le trottoir.

- Euh, vers la gauche, je crois, indique-t-il d'un geste de la main.

- Et comment allait Dana ?

- Bien. Enfin, elle a eu peur au début et s'est montrée agressive lorsqu'ils ont voulu l'emmener. Je crois comprendre qu'elle les connaissait, ce sont ses anciens propriétaires ?

- Pas vraiment, plutôt les employés de ce dernier, grognais-je. Je vais essayer de les rattraper. Si Dana est énervée, ils n'avanceront pas vite. Elle est assez agile pour qu'ils soient obligés de se montrer prudents, une morsure serait sacrément handicapante

- Je viens avec toi, déclare Oscar en ramassant son téléphone. Nous aurons plus de chances à deux

- Peu importe le plan qui vient de prendre forme dans ton esprit, oublie-le tout de suite, annonçais-je aussitôt. Nous ne partons pas en guerre, ce n'est pas un commando suicide. Je vais seulement les suivre pour connaître leur destination, rien d'autre

- C'est moins cool mais je suis de la partie, répond Oscar en essayant de me faire un clin d'oeil avant de laisser un gémissement de douleur.

Levant les yeux au ciel, je pars à la recherche de Dana en compagnie d'Oscar.


Nous nous mettons à courir pour rattraper notre retard sur les kidnappeurs. Heureusement, il n'y a pas beaucoup de monde dehors et les aboiements de Dana nous permettent de les retrouver facilement. Au moment où je passe l'angle de la rue, deux portes noires se referment sur Dana tandis que ses ravisseurs montent dans un van. Je n'aurai pas le temps de les rattraper.

Par réflexe, je sors mon téléphone et prend des photos du véhicule alors qu'il démarre et disparaît au milieu de la circulation.

Essoufflé, Oscar me rejoint et pose les mains sur ses cuisses pour reprendre sa respiration.

- Tu les as eu ? articule-t-il après de longues inspirations.

- On peut dire ça, j'ai les plaques en tout cas

- Il n'en faut pas plus. Dans les films, ils retrouvent les coupables avec moins d'indices que ça

- Tu devrais regarder plus de documentaires, les scénarios y sont plus réalistes

- Ne sois pas défaitiste, nous allons la retrouver, ne t'inquiète pas

- Je l'espère, répondis-je en fixant la route par laquelle le van est parti. Il le faut.

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