Chapitre 7-6 : N'importe qui

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Vladimir avait troqué sa cape rouge pour une tenue des plus discrètes, ce qui changeait drastiquement de ses habitudes, lui qui aimait captiver les foules autant par son physique que par son charisme. Le beige de sa chemise était tout de même assorti à son pantalon noir, qu'il avait serré avec une ceinture couleur or.

Je rencontrais enfin le vrai Voyageur, qu'il aimait cacher, conteur d'histoires mais surtout fins détectives du Royaume de Damoisie.

— Je me demande si c'était vraiment Viktor qui était visé ce soir-là. Cela n'a aucun sens. Des fraisiers pour l'héritier de Nesmerit... Quel amateurisme. Sa dextérité au vent est de notoriété publique, envoyer trois terriens pour l'affronter aurait été ridicule.

Il me jeta un regard plein de curiosité.

Ma bouche s'était entrouverte. Il venait d'insinuer que j'étais la cible de cette attaque frontale.

Qu'auraient-pu me vouloir ces terriens ?

— As-tu oublié qui été Sylvia Vullian ? me questionna-t-il.

— Ma grand-mère... Je ne l'ai jamais connue.

Décidément, mes grands-parents étaient dans tous les esprits. En l'espace de deux jours, j'avais plus parlé d'eux qu'en vingt ans de vie.

— Elle était liée à la Terre, continua Vladimir. L'ordre des Mages allait l'élire Grande-prêtresse avant qu'elle ne décède, si jeune.

Son attrait pour la boue et les plantes n'était pas un secret. Il avait bien fallu expliquer pourquoi je suivais cette voie à mon tour, pour tempérer la déception que mes parents ne m'avait jamais avouée. Tous leurs fils avaient hérité du Don de l'Eau, j'étais l'exception qui confirmait la règle.

Par contre, je ne savais pas qu'elle était à deux doigts d'une position aussi influente.

Mon père présentait ses parents comme des bourreaux de travail appauvris par tant d'asservissement par un ordre qui ne les gratifiait pas assez. Être Mage était honorifique, mais l'honneur seul ne conduit pas toujours au bonheur.

— Les Vullian ont longtemps servi les l'Orelait. S'ils veulent retrouver leur puissance d'autrefois, cela passe par récupérer leurs plus loyaux sujets. Et tu as manifesté un Don puissant avec la Terre depuis ton plus jeune âge.

Son compliment m'allait droit au cœur.

Si Vladimir disait vrai, leur tentative d'enlèvement s'était révélée un véritable fiasco.

En plus de n'avoir pas réussi à me mettre la main dessus, ils avaient brillement prévenu la dynastie de Damoisie de leur potentiel renouveau.

Et je ne comptais absolument par trahir la couronne, même si le Prince de Damoisie m'horripilait.

— Quoi qu'il en soit, batifoler avec Viktor n'est pas une bonne idée. Et pas seulement parce que ça rend jaloux son cousin.

Par réflexe, je levais les yeux au ciel. Qu'avaient-ils tous à vouloir tuer dans l'œuf notre relation ?

— Peu de jeunes de son rang ont la chance de pouvoir vivre nos passions de paysans.

— Paysans Vladimir ? le provoquai-je. Un Voyageur n'a pas d'attache, je te vois mal attendre que les carottes poussent.

Il gloussa, diverti par ma réponse.

— Les damoisiens ont une dette à rendre au Belemi. Et la princesse Calista a le même âge que Viktor. Les temps sont troubles, et les alliances de plus en plus chères.

Je comprenais où il voulait en venir.

— Je n'ai jamais eu l'intention d'aller plus loin avec lui de toute façon.

Oh le mensonge éhonté. Mais que pouvais-je répondre, le destin m'interdisait d'espérer davantage.

— Ah Eulalie, soupira-t-il en souriant de toute ses dents. Un jour viendra où tu me conteras tes aventures.


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Un petit coup de pouce m'encourage à continuer ;)

 

Eulalie, et la Garde du RoiWhere stories live. Discover now