CHAPITRE 4

33 8 1
                                    

HANNAH

Allongée sur l'herbe abîmée par l'automne, je contemple le ciel couvert par un amas de nuages annonçant sûrement un orage, entre Alexander et Benedicth. Les deux garçons, hommes si je puis dire, discutent de tout et de rien, passant de la mission Benedicth aux nouveaux achats extravagants d'Alexander. Moi je fais ce qui me paraît le plus productif : observer, écouter, songer, attendre.

Nous sommes actuellement dans la Clairière Fleurie au Sud du village, caché d'une haie rongée par les saisons. Au centre de ce lieu idyllique, un immense rocher à la surface plane surplombe le champ de fleur, ou du moins ce qu'il en reste. Au printemps ces fleurs de mille et unes couleurs fleurissent en rythme avec le chant des oiseaux pour embellir ce monde sombre et empli de cruauté. Ici différentes odeurs planent dans l'air pour finalement s'entremêler et ne former qu'une seule et même entité.

Mais à ce moment de l'année, en Automne, on ne trouve qu'une nature morte et piétiné par l'ego de personnes se croyant importantes. Un ego sur lequel on devrait cracher. Nous vivons dans une société où l'égalité n'est pas une norme, une norme qui devrait être installée depuis longtemps maintenant. Les hommes ne naissent pas tous égaux, voilà la dure réalité. Mes amis et moi sommes un exemple concret de l'inégalité. Moi, n'ayant pas les moyens pour vivre seule, empêchant ma propre mère de vivre une vie de femme épanouie. Benedicth, n'ayant pas de maison, qui est obligé d'errer dans les rues afin de trouver un toit où dormir chaque soir. Et Alexander, un fils de riche ayant tout pour lui : une maison en bon état, de quoi se nourrir et pas de travail insalubre lui permettant de faire vivre sa famille. Chacune de nos vies sont différentes pourtant nous sommes ici aujourd'hui, allongé sur l'herbe morte à regarder le ciel gris.

Alors que j'hume l'odeur printanière qui plane encore discrètement dans l'air, une nouvelle odeur m'interpelle. Je me redresse, le nez tourné vers le ciel, et renifle. C'est une odeur puissante, humide et à la fois sèche, mélangeant vanille et cannelle. L'odeur d'une fleur bioluminescente. Je cherche l'origine de l'odeur soudaine quand j'aperçois l'une de ces fleurs plus loin, à un endroit où elle n'était pas là auparavant. Je me relève en prenant appui sur mes genoux, me dirige doucement vers la petite plante et m'accroupie près de celle-ci. J'effleure ces pétales rugueuses et jaunes du bout des doigts où se dépose la poussière dorée provenant de celles-ci. La même sensation que la dernière fois m'envahit : un sentiment de protection comme si une présence se glissait derrière moi pour m'entourer de son aura. Une aura douce et délicate.

Etant une personne curieuse je décide de suivre l'odeur mais une voix pleine de sous-entendu m'arrête dans mon élan :

— Tu vas où ? me demande Alexander.

Je le regarde incrédule.

Ce n'est pas ma mère !

— Je crois que ce qu'il veut dire, commence Benedicth en empoignant son épaule la plus proche, c'est pourquoi est-ce que tu pars maintenant ?

— J'ai envie d'aller me promener. je réponds.

Benedicth hausse les épaules et se rallonge en disant d'un ton las :

- Fais bien comme tu veux, mais c'est dommage ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu.

Alexander, quant à son habitude, me fixe longuement avant de rejoindre notre ami sur l'herbe grisâtre.

— Qu'il est chiant. je marmonne pour moi en jetant un coup d'œil furtif en direction de mon ami au regard de métal.

J'avoue que je suis assez étonné qu'il me laisse partir sans rien dire mais je pense que c'est dû à la présence de notre aîné. Enfin je ne sais pas si je peux qualifier Benedicth de notre "aîné" étant donné qu'il refuse de nous donner son âge. Le jour où l'on sait rencontrer il a affirmé :

THEM 1 - Arc Aklirat ( EN COURS DE RÉÉCRITURE )Место, где живут истории. Откройте их для себя