La chasse aux loups

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Amélia

Assise dans leur sous-sol sombre et humide. Je ne peux m'arrêter d'essayer de comprendre ce qu'il voulait dire par "C'est trop tard". Tout c'était passé si vite. Non seulement je venais de rencontrer le père de Joséphine, peut-être aussi sa famille, je venais aussi de, sûrement, signer mon arrêt de mort. Ce qui est sûr, c'est qu'ils cachent quelque chose. 

Le regard de son père, lorsqu'il m'a désignée comme humaine, son regard était empli de haine et à la fois de dégoût.

Je savais pertinemment ce que cela signifiait, mais est-ce que j'avais envie de l'accepter ? Ou bien même de comprendre ? Je venais de me faire enfermer et personne ne pourrait me retrouver, mais ces mots résonnent continuellement en moi: "Humaine", parce qu'eux ne l'étaient pas. C'était une confirmation terrifiante.

Lorsque j'étais enfant, mon père me lisaient chaque soir des histoires surnaturelles ou bien encore fantastiques. J'adorais ça. C'étaient des comtes magiques auxquels j'aimais me perdre puis le temps est passée, il a cessé de me lire des histoires et de mon côté, j'ai arrêté d'y croire. Après tout, ce n'était que des comtes et bien même qu'ils me fascinaient, c'était l'imagination d'un homme ou d'une femme qui espérait s'échapper de son quotidien et rien de plus.

La porte s'ouvrit en un grincement glauque, me faisant sortir de mes pensées, qui prenait une tournure étrange.

"-Joséphine!" M'exclamais-je en me relevant, soulagée d'enfin pouvoir voir mon amie.

Elle me lança un petit sourire désolée. Les excuses ne tardant pas à arriver:

"-Je me sens tellement mal. Je voulais te laisser à l'écart de tout ça. Je t'assure. Je ne pensais pas que sa combustion commencerais aussi tôt et encore moins que Julien et les autres nous retrouvent."

Je la prends dans mes bras, la coupant ainsi net dans son monologue. Certes, je ne comprenais rien à la situation dans lequel elle m'avait mise, mais j'avais assez confiance en elle, même si je commençais à en douter. La voir venir ici, me confirmait qu'elle n'allait pas me laisser comme ça.

Je m'écarte légèrement pour lui offrir un sourire.

"-Explique moi ce qu'il se passe, s'il te plaît. Et dit moi que je ne vais pas finir en cendre."

Elle rigole légèrement et s'assoit sur la dernière marche de l'escalier, je l'imite en attendant patiemment, c'est explication.

"-L'homme avec qui je parlais, comme tu as pu comprendre; c'est mon père. Nous avons toujours vécu reclues. Assez loin des humains pour éviter que quiconque découvre notre vraie nature. Nous ne sommes pas humain Amélia."

"-J'ai crue le comprendre. J'ai entendu ce que ton père a dit sûr moi et j'ai surtout vu son regard haineux. Pourquoi?" Lui demandais-je curieuse.

"-Tu n'as pas peur? Tu ne veux pas savoir ce que nous sommes? Là, ta préoccupation, c'est pourquoi mon père te déteste?" Je hoche de la tête et lui réponds:

"-Je sais qui tu es. Ta nature, que tu sois humaine ou un extratereste venu de Mars, ça ne change rien."

Elle me jette un sourire triste avant de répondre à ma question précédente :

"-Avant, nous vivions avec vous et un jour, mon père et ma mère sont tombée follement amoureux. Elle était humaine. Et lorsqu'elle a donné naissance à mon grand frère, plus poilu que la moyenne, avec des griffes à la place des ongles et les yeux jaunes.. Ça a vite fait le tour du village, tu sais ? Notre nature avait été révélée au grand jour et les humains ne l'acceptaient pas. Ils les ont pris en chasse, ma mère comprise. Bien que deux ans se sont écoulés après m'avoir donné naissance, ils l'ont tuée. De sang-froid. "

Je fronce des sourcils. Comment pouvais-je ne pas avoir connaissance de cette histoire? Tout le village devait être au courant. Mes parents compris. Et comme pour répondre à mes questions, elle continue :

"-Je n'ai pas vingt-trois ans Amélia. Notre vieillissement est plus lent que vous. Je vais bientôt fêter mes quatre-vingt trois ans. Mon père, quant à lui, a plus de cent ans."

Je déglutis difficilement et prends une grande inspiration.

"-Pourquoi vous êtes resté ici?"

"-Ils ont enterré ma mère près des siens et malgré la haine de mon père pour les humains, il n'a jamais pu partir."

"-Je suis désolée" Dis-je dans un murmure presque inaudible avant de continuer "Et pour l'homme ?"

Un silence s'installa, ce qui me fit comprendre qu'elle n'avait guère envie dans parler et que quelque chose que je n'allais sûrement pas aimer se tramait. La porte s'ouvrit de nouveau dans un plus faible grincement cette fois-ci, me laissant apercevoir le père de mon amie.

"-C'est l'heure." 

Meurtre Et CompagnieWhere stories live. Discover now