Chapitre 16

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Titre d'ambiance : SOS, Rihanna

C'était foutu avec James. Elle en versa un torrent de larmes durant deux jours. Le mercredi soir, elle appela Émilie.

— T'auras pas besoin de casser ta tirelire pour me payer un sac Lancaster. Il a quelqu'un, t'avais raison.

— Oh merde ! Je suis désolée pour toi, ma biche. Mais je suis soulagée que t'aies fini par le savoir. Quel enfoiré !

— Je m'en remets pas.

Elle lui rapporta le récit détaillé de sa discussion mouvementée avec James. Ayant de bonnes raisons de nourrir de la rancœur envers les êtres humains détenteurs d'une zigounette, Émilie était catégorique.

— C'est tous les mêmes, de toute façon. Tous des salauds.

— Il faut pas généraliser, Émi. James n'est pas comme tu le crois.

— Il trompe sa meuf avec toi, il t'a menti, et tu continues de le défendre ?

— Je sais qu'il n'a jamais voulu me faire souffrir et il voulait tout stopper pour éviter ça. C'est pas vraiment un connard.

— Bon, un demi-connard, alors, trancha son amie, sarcastique.

— Oui, un demi-connard, si tu veux.

— Alors, qu'est-ce que tu comptes faire ?

— Je suis partie en lui claquant la porte au nez à l'hôtel. Maintenant, je regrette, se lamenta Olivia.

— Mais non, je t'assure que t'as bien fait. S'il t'a pas couru après pour te rattraper, c'est qu'il n'en vaut vraiment pas la peine.

— Bah je venais d'apprendre qu'il avait une meuf, et on n'est pas dans un film romantique. Ça n'empêche pas qu'il m'aime, j'en suis sûre. Et ce qu'on vit est unique.

Son amie poussa un soupir blasé.

— Et l'autre, il l'aime ?

— Je sais pas.

— Dis, ma petite chérie, tu crois pas que c'est le moment de tourner la page, tant qu'il est encore temps ? Je dis ça pour ton bien.

Agacée, Olivia tchipa.

— Non, c'est trop tard, je l'ai dans la peau. Tu sais ce que ça veut dire, avoir quelqu'un dans la peau ?!

— Oui, et tu sais que je sais. Et quand je vois comment ça m'a bousillée, j'ai peur pour toi, c'est tout.

— Je sais et j'en suis navrée. Mais c'est pas la même histoire. Ton gars était pas amoureux de toi. James m'aime.

— Comment tu peux être sûre de ça ?

— Je le sais, c'est tout.

— OK, fais ce que tu veux, mais viens pas pleurer après.

— Oh la laaa !

Énervées, les deux amies se raccrochèrent presque au nez. Olivia resta la mine boudeuse et les bras croisés durant un moment. Oui, Émilie savait ce que c'était, d'aimer à la folie et d'y laisser sa peau. Elle avait connu cette souffrance quelques années auparavant avec Joe, dont elle était tombée follement amoureuse. Ce don Juan sans cœur et sans vergogne, que seule l'envie de visiter sa fournaise accueillante animait, s'était comporté comme un salopard de A à Z. Depuis, Émilie était traumatisée de l'amour et faisait tout pour l'éviter. Or, chaque histoire était différente. Olivia se désolait de voir des gens renoncer à l'amour, sous prétexte qu'il les avait déjà dévastés. L'amour était un risque, bien sûr, mais on n'en mourait pas. Ne valait-il pas la peine d'être pris, bordel ?

Le cœur plein à ras bordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant