11 : Sofia...

6 2 1
                                    

Un escalier surgit soudain du néant, reliant la plateforme à la terre ferme. Je fus sortie de la cage et poussée jusqu'en haut des marches. À côté de moi, Sofia suivait docilement. La procession menée par Dagobert arriva sur un sol en verre. La sensation était très particulière, même si je n'avais pas le vertige. À gauche, un muret, en verre lui aussi, nous protégeait de la chute. À droite, des barreaux constituaient une enfilade de cellules sinistres. Certaines retenaient déjà plusieurs personnes, d'autres étaient vides. Je pensais donc être enfermée avec Sofia, mais visiblement cela aurait été nous faire une trop grande faveur. Nous fûmes séparés par les mains des gardes et mises chacune dans une pièce différente. Je voyais la petite fille à travers une vitre, et son air perdu me brisa le cœur. Je l'appelai, elle réagit au son de ma voix en tournant la tête dans tous les sens. Elle m'entendait grâce à l'absence de plafond, mais je semblais lui être invisible. Je refis une tentative :

- Sofia ?

- Miya ? Où es-tu ?

- Ici, trésor. Juste en face de toi.

- Mais il n'y a personne en face de moi. Juste une vitre.

- Tu ne me vois pas, mais je suis là.

Ainsi, cette glace était un miroir sans tain. Les salopards... ils maîtrisaient le jeu du chat et de la souris à merveille. Je ne pouvais pas la protéger, ni la rassurer, mais je serais aux premières loges s'ils lui faisaient du mal. Le système était vicieux, et je ne doutais pas que Dagobert saurait s'en servir à la perfection.

J'aurais aimé me tromper, mais le sergent me donna malheureusement bientôt raison. Nous étions sur la plateforme depuis plusieurs jours. Une sorte de routine, composée des repas insuffisants à base de bouillie informe et des rondes des gardes, s'était installée. Elle fut brisée un beau matin, à mon plus grand regret.

Je dormais du sommeil peu profond qui était le seul que je parvenais à m'octroyer quand je fus réveillée en sursaut par des cris. Ceux de Sofia. Horrifiée, je me tournai vers la vitre qui nous séparait. Ces semaines de trajet avaient été intenses et difficiles, mais elles ne m'avaient en rien préparée au spectacle qui s'offrait à mes yeux.

Le ciel sembla me tomber sur la tête. Je suffoquai, incapable de reprendre ma respiration. J'espérais être dans un cauchemar et me réveiller, mais la douleur sur mon bras quand je me pinçais était bien réelle. Je n'avais donc pas d'autre choix que d'accepter la situation. Cependant, mes yeux refusaient d'y croire, préférant tout nier pour me protéger. Hélas, rien n'y faisait et mon cri résonna, perçant :

- Sofia !

Elle ne répondit jamais. Elle ne le pouvait pas, bâillonnée comme elle l'était. La petite fille se débattait de toutes ses forces. Elle était ligotée à une affreuse table en métal. Le bâillon venait visiblement tout juste d'être mis en place puisque je l'avais entendue hurler. Dagobert, debout près d'elle, regardait dans ma direction avec un sourire en coin. Sans doute savait-il ce qu'il faisait, car les dégâts infligés au corps de Sofia étaient déjà effroyables. 

[Si vous êtes sensibles au sang et à la torture, descendez jusqu'au "🎯" pour reprendre votre lecture en toute quiétude. Vous comprendrez quand même la suite, ne vous inquiétez pas. ]




Sa chair était tailladée, déchirée. Il y avait du sang partout, et cela semblait à proprement parler un miracle que la petite soit encore en vie. Je voulais détourner le regard, mais le sergent avait tout prévu. Deux soldats débarquèrent dans ma cellule et me maintinrent immobile face au spectacle. Je n'eus donc pas d'autre choix que de voir, puisqu'ils me gardaient les yeux ouverts avec leurs sales pattes. Sofia se débattait toujours, avec le peu de liberté laissée par ses liens, quand Sébastien brûla sa joue au fer rouge. Il recommença encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de peau blanche sur son visage. Il était tout entier recouvert d'affreuses marques, des cicatrices qui ne partiraient jamais.

Welcome to WonderlandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant