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Peur.

La peur est un concept étrange, n'est-ce pas ? Elle nous démange, elle nous dévore de l'intérieur, si bien qu'à ne laisser derrière que les miettes d'un être.

La peur, c'est le diable qui nous entraîne dans la danse, toujours plus vite, et plus vite, et plus vite. Si vite que nos pieds brûlent, si vite que nos cœurs s'enflamment, que nos estomacs se relèvent dans nos poitrines. C'est une valse sans fin, où l'on perd peu à peu chaque particule faisant de nous des hommes. Elle ne laisse que le fantôme d'un être.

La peur, c'est des nœuds dans le ventre, c'est la tête qui tourne, c'est les yeux qui sautent à la recherche hâtive du danger. Elle nous étreint, sans jamais nous lâcher pour ne laisser derrière qu'une copie froissée de l'être.

La peur, c'est Rémus. 


Rémus marche dans les couloirs. Ses pas se suivent au rythme hâtif des battements de son cœur. Il dévale les escaliers, il se précipite dans les couloirs, ses yeux balayent ses alentours avec frénésie.

Voilà encore un soir où le jeune homme se faufile comme une ombre dans les couloirs sinueux de Poudlard. Un nouveau soir, une nouvelle nuit où la lune le fixe de son unique œil. Un grand œil, rond si rond, aux présages ténébreux. C'est le cyclope du ciel qui le fixe et le guide petit à petit à descendre dans la folie. Cette folie animale que Rémus haït tant, où il perd contrôle de qui il est et de ce qu'il est. Cette folie animale qui pourtant l'habite.

Alors le jeune homme court dans les corridors éternels de l'école, ces corridors qui ne semblent jamais prendre fin. Le garçon ne s'arrête pas. Même quand sa respiration chavire, même quand il trébuche ou qu'il se perd. Il ne s'arrête pas, il court pour échapper à ses ennuis. Il fuit ses problèmes et il fuit cette lune qui ne semble pourtant jamais le perdre de son grand œil. Cette lune au regard fixe, qui ne semble jamais cligner. Rémus perd son chemin comme il perd contrôle de son identité. Ses pensées courent elles aussi dans son esprit, elles cherchent à fuir la probabilité pourtant incontestable qu'il commence à se métamorphoser dans l'enceinte même du château. La probabilité incontestable qu'il met en danger une génération entière de sorciers. Alors Rémus court, dans le vain espoir d'échapper à cette destinée.

Le garçon perd ses forces, il perd espoir.

Un chien arrive à ses côtés. Glorieux, aux poils noirs luisants dans la lueur de la lune.

L'espoir perce.

Et arrive un cerf. Majestueux, il porte ses bois avec toute la grâce de son espèce.

L'espoir prend racines.

Et puis un rat. Petit, discret, mais pas insignifiant.

L'espoir fleurit.

Poussé par l'adrénaline, poussé par le support de ses amis, Rémus se sent pousser des ailes. Il court jusqu'à l'extérieur, guidé de ses amis. Il court vers un lieu plus sûr, entouré de ses amis.

La peur lâche ses mains pour le laisser terminer sa danse en solo.

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⏰ Last updated: Jan 19 ⏰

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𝐄́𝐏𝐎𝐔𝐕𝐀𝐍𝐓𝐀𝐑𝐃𝐒 ϟ wolfstarWhere stories live. Discover now