17.2 Mise en garde

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Bien, puisque j'en veux plus, à moi, de lui en donner plus. Je fais ce pas, ce petit pas qui nous sépare.

Mon commentateur interne se met à hurler : « Un petit pas pour la Femme mais un grand pas pour Barbara. » Il faut dire que ce n'est pas trop mon style mais chaque grande histoire a connu un héros qui a osé, a dépassé ses peurs. Qui connaîtrait encore le nom de Christophe Colomb ? De Nelson Mandela ? 

« Oui mais là, tu n'as que des références d'hommes, ma poulette. »

Ah oui, ma voix interne n'a pas tort.

Hourra, j'ai trouvé. Jeanne d'Arc. 

« Euh, ce n'est pas la fille qui a fini brulée vive sur un buché, abandonnée par ce mec alors qu'elle lui avait apporté la couronne de France ? »

Bon, pas le meilleur exemple. Pas grave, il me reste Pocahontas et qu'on ne me parle pas de l'extinction d'un grand nombre d'Indiens par les colons pour me dire que son action n'a pas changé grand-chose. En ce moment, je me sens l'âme d'une guerrière, d'une aventurière et je pars à l'attaque de mon Amaury Delalande, ma terre promise. C'est mon Everest à moi. J'ai de l'avance sur toutes les nanas de ce club. Je l'ai déjà eu dans mon lit ... ou peut-être l'inverse.

Je sais qu'il ne prend pas toute la place, qu'il ne ronfle pas, que son lit est douillet. C'est déjà beaucoup plus que pas mal de mes débuts d'histoire d'amour. Je suis prête et fin prête. Ce petit pas, je le tente enfin pas sûre, quand j'aperçois en même temps ce grand aigle derrière ma proie.

Et là, adieu tous les rêves de conquêtes, de gloire ! Mon interlocuteur sent sa présence et se retourne me jetant le vent le plus phénoménale de mon histoire de superwomen.

— Théophile, comment vas-tu ? s'écrie Amaury.

Super, les deux hommes se connaissent et se mettent à parler avec passion de leurs sports favoris : le Krav Maga. Je ne comprends pas pourquoi Théo m'a caché cette information. Bien, puisque personne ne s'occupe de moi, autant en profiter pour partir en douce pour cacher ma honte. Je ne suis décidémment pas une femme fatale, tout juste une bonne amie. Dans ma fuite, une main me retient et m'oblige à faire face à la seule personne que je ne devais pas croiser.

Mais cette main, c'est enfin Amaury qui me touche. Il a bien choisi son moment et Monsieur, tout joyeux, me présente à son bon copain. Je suis la "pote d'une pote à son frère". Il ne peut pas faire plus court. Du style " ma future copine, mon éverest". Un truc qui en jette, qu'on ne dit que dans les romances mais qui fait vachement plaisir dans la vraie vie.

— On se connaît, le coupe Théo en me toisant.

Je suis gênée. Gênée parce que si je suis ici, c'est grâce à lui et que j'aurai dû demander au club de lui rembourser mon abonnement pour ne plus rien lui devoir, vu l'accueil que je lui ai offert ce matin.

— Owen te laisse sortir ? s'étonne mon ancien co-locataire.

Je le tue du regard. Je suis une femme libre.

— Pourquoi son frère refuserait qu'elle fasse du sport ? s'étonne Amaury.

— Je pense que tu ne l'as jamais rencontré, dit Théo sans se détourner de moi. Il est du genre super protecteur. Il ne fait confiance à personne et encore moi aux hommes qui tournent autour de son « Bébé ».

— Ça suffit, grondé-je énervée qu'il parle ainsi de ma vie privée.

— Non, petite rectification, dit-il froidement. Pour toi, ça ne fait que commencer, Barbie. Pour moi, je te confirme : ça suffit. J'ai repris mon indépendance. Je ne lui céderai plus ma liberté, conclue Théo avant de nous laisser.

J'aurai dû écouter mon frère et ne plus revenir ici. Suite à son attaque, la main d'Amaury me lâche. Les paroles de Théo ont-elles réussi son effet. Il va croire qu'Owen est un fou furieux et qu'il ferait mieux de prendre ses distances.

— Ils ont rompu, ce week-end, justifié-je.

— Certaines ruptures sont plus dures que d'autres. Je ne savais pas que Théo était en couple. Il ne m'a jamais parlé de ton frère.

— Vous êtes proches ?

— Nos familles sont amis et je l'apprécie assez. Il est cool ...en général.

— J'aurai dû me taire. Il ne voulait peut-être pas que sa vie amoureuse se sache, dis-je en pensant à Théo et ses relations familiales difficiles. Je n'aurai pas du te dire qu'il aimait les hommes.

— Vu les filles qui tournent autour de lui et son indifférence, je m'en étais un peu douté. Tu n'as pas à t'en vouloir, me dit-il en souriant. C'est un secret de polichinelle. On ne le dit pas à voix haute mais  on le sait tous depuis longtemps. Un jour, il s'assumera.

Je suis surprise des aveux d'Amaury. J'avais pensé que le coming out de Théo avait eu lieu et qu'il s'était mal passé. Son ex ne semble visiblement pas être à cette étape alors pourquoi mon frère avait-il fait allusion de manière cruelle à sa famille ?

— Laissons nos amants terribles de côté ! me suggère-t-il. Si nous nous préoccupons plutôt de notre futur rendez-vous.

— Notre future rendez-vous ! Est-ce une proposition ? sourié-je.

— Une invitation pour vendredi soir et pense à t'habiller chaudement ! me conseille-t-il.

— Pas de tenue provocante alors ? le taquiné-je.

— A toi seule, tu es une vraie provocation, me répondit-il en me déposant un léger baiser sur ma joue. 

Je suis troublée par cet aveu. Il m'a perdue dans ses magnifiques yeux saphirs. 

XXX

Que penses-tu des propos de Théo et de son avertissement ? 

Amaury comme Léonie apprécient l'ex d'Owen alors que Barbara a eu beaucoup de mal à cohabiter avec lui. Il est lumineux quand il est avec eux et a été tellement froid avec elle. Sais-tu pourquoi ?

N'oublie pas de voter si tu veux que l'histoire continue !

LPR

EmprisesWhere stories live. Discover now