VI. Le combat

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Il sort de la pièce, harnaché, et paré d’une autorité qui me semble innée chez lui. Je le suis en silence, essayant de cacher les tremblements légers de mes jambes, me demandant si je verrai la lumière du soleil après cette nuit.

Quand nous ressortons de la bâtisse, il fait nuit noire, les nuages recouvrent la lune et les étoiles, et des flambeaux éclairent à intervalles irréguliers les allées dans lesquelles se pressent plus de personnes que tout à l'heure. Les gens s’arrêtent sur notre passage, nous regardant bizarrement. Je les défis du regard, mais je me rends vite compte que leurs intentions se concentrent sur l’homme devant moi. Moi je ne suis personne, et en conséquence je ne mérite même pas leur mépris. Je n’existe tout simplement pas à leurs yeux.

Nous marchons une quinzaine de minutes, puis nous arrivons à une grande arène creusée dans la terre. Elle doit faire cent mètres de diamètre, et se compose de plusieurs cercles concentriques assez larges qui forment quatre étages, dont le dernier, tout en bas, possède un ring autour duquel attendent des dizaines de personnes.

Nous descendons via des escaliers transversaux, les gens se retournant sur notre passage, et chuchotant à propos de nous. Enfin, je suppose que c'est à propos de moi, puisque je me vois être pointée du doigt à plusieurs reprises.

Lorsque nous arrivons en bas, je repère Lani entouré de plusieurs mecs braquent qui se fendent tous la poire en me voyant arriver, et de l'autre côté du ring fait en béton, je vois Kay et Dol accompagné de quelques femmes, qui se précipitent sur moi sur un geste du chef que je n’ai pas compris.

—Tu vas le défoncer !

—Castre-le, il ne mérite que ça !

—On croit tous en toi !

—Montre-lui qui est le plus fort !

—Dis-moi que tu ne vas en faire qu’une bouchée !

Je suis un peu étourdie par leurs paroles, mais je suis le mouvement, et elle m’emmène jusqu'à un coin du ring où nous rejoignent Kay et Dol, qui prend la parole en me voyant un peu perdue.

—Norri, je te présente les meilleures guerrières du Clan du Loup. Steph, Livy, Mila, Dajeck et Sjiavy. On a pas beaucoup de temps pour te conseiller, le combat va bientôt commencer, et crois-moi, on va en entendre parler pendant longtemps, quelqu’en soit l’issue.

Kay me serre l'épaule ensuite en ajoutant :

—Ce n’est pas un combat à mort, on ne voudrait pas perdre d’aussi bons éléments, mais c’est le premier à faire saigner son adversaire qui sera déclaré gagnant.

Puis il s’écarte, et rejoint le chef qui s’est installé à une place privilégiée pour voir le combat à venir. Les filles prennent le relais pour me donner leurs conseils, que j’essaye d’assimiler comme je peux.

—Comme c’est lui qui a demandé le combat tu dois te plier à son choix d’armes, et il a demandé les poings au début, mais le chef à refuser, du coup Lani a demandé le scramasaxe.

—Si tu ne sais pas t’en servir, tu dois prendre une autre arme de même calibre.

Je réfléchis vite dans ma tête, même si j’ai l’impression de ne plus être moi-même, comme si ma conscience était partie et qu’il ne restait que l’instinct automatique de l’humain.

—Je vais prendre le scramasaxe.

Je n’en ai jamais manié avant, mais je ne me vois pas me dérober dans une affaire qui me paraît très importante aux yeux des membres du clan.

L’une des filles, dont j’ai oublié le prénom, m’amène l’arme, et je m’en empare pour m’habituer à la prise en main et à son poids. C’est une sorte de coutelas semi-long à un tranchant long sur un côté de la lame, l'autre côté n'étant affûté qu'à son extrémité. Je fais ensuite quelques simulacres d'attaques pour savoir comment je vais combattre. Ça ne va pas être une mince affaire… La lame fait la taille de mon avant-bras, ce qui va avantager Lani plus que moi.
Dol me prend une dernière fois par les épaules alors que retentissent des applaudissements dans l’arène.

RefouléeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon