Funeste Origine

Chapitre 1: Malheureuse rencontre part 2/3

Dans l’atmosphère autrefois chaleureuse de Cosuria, la pause déjeuner à la "Bienheureuse" incarnait l’unité des villageois. Sous la bienveillance de George et Maria Ladié, l’auberge prospérait en harmonie. Mais suite à leurs morts, tués par des brigands, cinq mois plus tôt, une ombre planait sur le village.

La Bienheureuse, coeur battant de Cosuria , était une taverne à l'atmosphère agréable. Les poutres en bois massif supportaient un plafond bas et les murs étaient ornés de souvenirs du village. Des tables en bois usés , polies par les années accueillaient les villageois dans une ambiance conviviale.

Ce jour-là, la sérénité fit place à l’effroi. D’un coup de pied, le commandant Sevré fracassa la porte de la taverne, laissant entrer un vent glacial. Les rires moqueurs des soldats résonnaient, piétinant l’accueil chaleureux d’antan.

Le chef des hommes en armure fixait la jeune aubergiste, prise dans une intimidation brutale.

— Ton nom et ton âge, dépêche-toi !

— Estelle… dix-sept ans, balbutia-t-elle, le regard effrayé.

A dix-sept ans, Estelle Ladié, avec ses cheveux blonds en une simple tresse et ses yeux bleus assombris par l'angoisse, luttait contre cette épreuve. Fille des anciens propriétaires de l'auberge, elle avait hérité de la grâce et de la détermination de ses parents, mais aujourd'hui, elle paraissait frêle et vulnérable. Les villageois, témoins silencieux, partageaient son malaise face à des soldats impolis et dédaigneux.

— Où est votre représentant ? Répond ! lança, Gaëtan, employant un ton exigeant.

Paralysée par l’angoisse, Estelle espérait un miracle. Un coup sur la table et des rires cyniques la ramenèrent à la dure réalité.

— Réponds-moi, femme ! Où se trouve-t-il ? insista ce dernier, impatient.

Même les plus robustes des villageois gardaient le silence, redoutant les représailles. Estelle, bien qu’en colère, ne leur en voulait pas.

Soudain, une voix enfantine s’éleva, défiant le commandant.

— Laisse ma soeur tranquille  ! Vous, les soldats, vous êtes des monstres ! Vous n'avez rien à faire ici !

Le coeur d'Estelle battait à tout rompre. Lucas, son frère de huit ans, défiait déjà l'autorité des soldats. Avec ses cheveux blonds ébouriffés et ses yeux pétillants d'audace, il était l'incarnation de l'innocence et de la bravoure. Mais le cruel Gaspard, irrité par l'audace de l'enfant, le saisit violemment par le col et le gifla avec force.

  — Tu vas apprendre à respecter tes supérieurs, demi-portion ! À genoux !

Refusant d'obtempérer, Lucas cracha au visage du soldat, suivi d'un flot d'injures.

Vous ne valez rien, lâches !

Cette rébellion choqua les habitants. Le petit, dans son inconscience, semblait avoir scellé son sort.

— Lucas, excuse-toi tout de suite ! cria sa soeur, les yeux emplis de larmes.

Gaspard, ne supportant pas l’affront, plaqua le petiot au sol, lui coupant la respiration. Estelle, figée, était submergée par l’événement.