Olympe & Emeric

UN (Olympe)

28novembre, 11h, Olympe :

Je me penche pour ramasser une boule de neige quand une autre s'écrase dans mon dos, que je sens traverser mon pauvre pull en laine et me glacer la peau. Émeric veut la guerre, il va l'avoir. Je me retourne brusquement en ignorant l'eau gelée qui dégouline dans mon dos et lance de toutes mes forces. Mes mitaines sont trempées mais la grosse boule de neige atterri en plein sur le visage de mon ami tandis que je ris. 

Il vacille une seconde, surpris, mais reprend vite ses esprits.

- Olympe ! crie-t-il. Le visage c'est interdit !

- Ha, et depuis quand ?

Aussi loin que je me souvienne de nos batailles de boules de neige, rien n'a jamais été interdit. C'est un jeu sans règles. A nos douze ans, je l'ai poussé sur le lac gelé, dans lequel il est tombé. Lorsqu'on en avait quatorze, il a osé me mettre de la neige dans le pantalon. La semaine suivante je lui en ai mis dans la bouche. L'année dernière, alors qu'on dormait tous les deux chez lui pour une soirée film-malbouffe, il m'a réveillée à six heures du matin en m'écrasant une boule de neige sur la tête. Quelques semaines plus tard je lui en ai lancée une énorme par la fenêtre de sa classe, alors qu'il était en cours, et moi dehors pour une heure de pause. C'est une tradition.

Il râle que ses yeux lui piquent. Pauvre petit. Je me moque ouvertement de lui avant de ramasser une seconde boule de neige que je jette sur son ventre, et c'est le coup fatal.

Il s'écroule dans l'épais manteau blanc et commence à remuer ses bras et ses jambes pour faire l'ange. Avant de m'allonger avec lui, je mets un coup de pied dans la poudreuse, qui vole et se dépose sur lui. Il râle encore alors je tire son bonnet sur ses yeux et m'allonge dans la neige froide. Mes cheveux vont encore s'emmêler mais je m'en fiche. Pour l'instant je respire l'air frais de la montagne, allongée dans un manteau de neige gelé, en observant la fumée que provoquent nos respirations.