Sous l'intempérie

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«Ma détermination chavira en même temps que le radeau, manquant de faire tomber à l'eau toutes mes ambitions.»


 Les méandres de mes pensées se mélangèrent, voltigèrent, se tordirent afin de voler en éclats. Des larmes se formèrent dans mes yeux et étincelèrent dans le noir. Sombrais-je dans une abîme ou cauchemardais-je comme un idiot ?

  Peu m'en importait.

  Lorsqu'on est seul milieu de l'océan, sur un mince radeau devant des eaux s'étendant à perte de vue, la distance entre sommeil et réalité s'enfume.

  Tentais-je de trop bien faire ? Cela allait-il causer ma perte ?

  Mes mains passèrent sur mes yeux, dissimulèrent mon visage idiot et contracté. J'éclatai d'un rire hystérique tandis que la panique me gagnait. Mais les larmes ne s'arrêtèrent pas, au contraire. Elles vinrent se mélanger à la pluie et tomber lentement sur le radeau.

  J'étais lâche de vouloir partir de cet examen. C'était lâche de me laisser submerger par le stress, de me dire que mon ambition était trop petite. Je visais si bas, je n'avais donc pas de force...

  Voulais-je vraiment sortir vivant de cet endroit ? Mourir ici ne serait pas une grande perte.

  L'impression d'être enfermé dans un nuage cotonneux, coincé entre deux bouts. Ce malaise serrant mon cœur, sans que je ne sache d'où il vienne. Cette sensation... Elle était terrible. Dans l'air flottait une étrange quiétude qui ne fit que me prouver que j'étais seul.

  L'étendue d'eau sombre ne semblait pas avoir de fin, s'étendant à perte de vue. La terre devait être visiblement très loin, hors d'atteinte.

  Les vagues céruléennes se soulevèrent soudain dans un éclat de gouttes d'eau. Le liquide froid m'éclaboussa, me faisant frémir dû à sa température.

  Selon la lettre que j'avais reçue lorsque je me suis réveillé, il fallait que je regagne la terre ferme avec pour seule aide un harpon de pêche et un vieux bout de chiffon. Et j'avais bien intérêt à en ressortir vivant, si je comptais continuer à vivre.

  Mon cœur battait la chamade. Les gouttes de pluie glaçantes s'abattaient frénétiquement sur moi. Avant que je ne puisse réagir, mes habits d'été étaient trempés.

  J'écarquillai les yeux tout en tentant de calmer mon souffle. Je devais empêcher la panique de me gagner.

  Ma détermination chavira en même temps que le radeau, manquant de faire tomber à l'eau toutes mes ambitions. Mes pensées dérivèrent vers l'élimination. Ce moment où j'étais au bord des larmes dû au stress. Cet instant où j'avais lâchement dissimulé mes mains moites dans mes poches. La panique avait opressé mes poumons, exactement comme en l'instant présent.

  Je devrais peut-être leur dire que l'envie de trop bien faire causera ma perte. Je devrais peut-être leur dire que j'aimerais tout abandonner afin de me réfugier dans mon cocon. Peu importe si ça brise mon avenir, j'ai peu d'espoir de toute façon...

  Mes pensées sombres dérivèrent au gré des flots, se souvenant de la raison pour laquelle j'étais sur ce radeau. Une terrible nausée me prit sans que je ne sache si elle était due à la panique ou au mal de mer. Mes yeux s'embuèrent encore plus tandis que la pensée de mourir m'effleurait lentement.

  J'agrippai à deux mains mon outil, déterminé à ne pas le lâcher. Mon harpon était si mince qu'il avait l'air de pouvoir se casser à tout moment. La soif serra ma gorge. Mon nez et mes joues rosirent à cause du froid, tandis que la chair de poule hérissait mes minces poils.

Carnet d'un AspirantTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang