Poule mutante cherche dentiste

Chapitre 7

Alex avait les cheveux blancs dans leur plus grande partie, même si son cou et son visage étaient encadrés par des mèches rousses qui rappelaient les cheveux de sa sœur. Sa frange mal coupée lui cachait presque entièrement l'œil gauche, dont on n'apercevait que l'éclat orangé de l'iris. Il était vêtu d'un sweat à capuche noir et d'un short court, ainsi que de basket de courses usées et bien trop petites pour lui. A vingt-quatre ans, le pauvre avait toujours l'air d'un enfant.

Starckost voulut lui demander de l'aider mais se ravisa en remarquant la grosse montre mise en évidence sur le poignet de son petit frère.

Ce dernier esquissa un grand sourire avant de déclarer de sa voix de jeune garçon :

– Je te hais.

Et de lui donner un gros coup de pied dans la partie de son corps la plus proche, en l'occurrence, l'entre-jambe.

Starckost hurla de douleur. Il tentait déjà tant bien que mal de contenir l'hémorragie en créant une coquille d'énergie autour de sa blessure au bras, que son frère les lui casse n'allait pas l'aider ! Il se releva péniblement pour faire face à ce dernier, encrant ses yeux dans les siens.

– Alex, je...

– LA BLOQUE ! lui hurla celui-ci en le frappant au visage.

La capacité d'Alex lui permettait d'emmagasiner de l'énergie dans son organisme, et de la relâcher d'un seul coup pour optimiser sa force physique, créant une onde de choc si le mouvement était correctement coordonné. Pour ne pas entraver ses déplacements, il la stockait dans des montres de sa confection, équipées d'un cadran pour indiquer la dose d'énergie en fonction de ce que pouvait supporter (en termes de quantité contenue) un corps de Muté. En l'occurrence, la montre qu'Alex portait au poignet passa de 712% à 680%, soit l'équivalent d'une frappe de cinq fois sa force.

Starckost fut projeté en arrière et buta contre le mur d'une maison en bois pourris, qui s'ébranla lorsqu'il le toucha. Alex s'avança vers lui en réglant un cran plus haut sa montre. Il ne comptait tout de même pas tout utiliser d'un coup ?

Le Siégeant fronça les sourcils et tâtonna derrière lui les planches de bois en quête d'une issue. La matière molle s'enfonça sous la pression de ses doigts, et il tomba en arrière à travers la paroi. Ses mains s'accrochèrent inutilement aux restes de murs, et il releva les yeux juste à temps pour voir Alex lui foncer dessus, tous poings dehors.

– Arrête, Alex ! lui cria-t-il d'une voix rauque.

Et son petit frère le frappa en plein dans le ventre avec une puissance de 300%.

Starckost eut le souffle coupé par l'impact, il sentit ses jambes décoller du sol, ses bras frapper contre les restes de la maison. Il crut que ses yeux allaient sortir de leurs orbites, ses entrailles repartir par la bouche, ses poumons se dissoudre dans son système nerveux, ses neurones ressortir par un trou dans son foie. Bref, il crut qu'il allait mourir. Son bras et ses jambes se détachèrent de son corps, ses cheveux lui arrachèrent le visage. Il monopolisa tout ce qui lui restait d'énergie pour se préparer à traverser la prochaine surface sur laquelle il buterait. Ce serait ça, ou la mort.

Il ne sentit même pas le métal le traverser, juste une atroce douleur qui surpassa toutes les autres survenir dans son bras blessé.

Il cria.

Il n'arrivait plus à ouvrir les yeux, il ne voulait pas voir l'état dans lequel il se trouvait. Il tâtonna à ses côtés, c'était le tapis du salon de son espace vital. Entrouvrir les paupières fut un calvaire. Dès lors, il se vit comme de l'extérieur. Se lever, dire à Eterae et Spel, qui restaient figés de stupeur pour une raison qui, au moment même, lui échappa, de s'enfuir par la porte. Il les vit s'en aller comme étranger à lui-même, jusqu'au claquement du battant qui le ramena à la réalité et le fit s'écrouler à nouveau sur le sol, à quatre pattes. Il toussa et abîma son tapis de gouttes écarlates.