chapitre 3

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Réveillée en ce jour de départ par Blanca qui toque à la porte, je me redresse difficilement, le corps endolori après cette nuit de merde. Je suis restée sur mes gardes, malgré la surveillance des hommes de la favela. Les tirs qui sifflaient dans les airs et les sirènes m’ont empêchée de demeurer sereine. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, me provoquant des sueurs froides. Un instant, je me suis crue plongée en pleine guerre. J’ai donc gardé un œil ouvert, prête à intervenir à la moindre effraction.

Sortie de mon état de transe, ma colocataire m’informe que j’ai trente minutes pour me préparer. Je repousse les draps, file à la salle de bain, m’habille rapidement, vérifie ma perruque et positionne mes lentilles de couleurs. Je me regarde dans le miroir fêlé, tout est en place, c’est parfait. De retour dans la chambre, mes armes en place, je dispose mes lunettes de soleil sur le haut de ma tête. Prends mes bagages et rejoins Blanca à la cuisine. Un café et une pomme feront l’affaire pour le petit-déjeuner avant de partir.
               
Confortablement installées dans l’avion, qui a décollé depuis vingt minutes. Nous revoyons une dernière fois le plan à suivre avant notre atterrissage, dans quelques heures. Elle en profite pour me glisser un billet de retour si la mission devait être abandonnée. Cependant, dans mon esprit, il en est hors de question, cela signifierait que je suis morte. Arrivées à Rio, nous échangeons nos bagages et attendons Anita, la tante de Blanca, qui est censée venir nous récupérer. Mais c’est une tout autre surprise qui nous attend. Carlos Santos, l’un des grands pontes du trafic de drogue de ce pays, se dirige dans notre direction. Il est accompagné de sa garde rapprochée. Arrivé à notre hauteur, il prend sa fiancée dans ses bras avant de l’embrasser avec passion, sous mes yeux. De les voir se comporter de la sorte, un gros doute s’immisce en moi. Que se passe-t-il dans sa tête ?
Elle va devoir me donner des explications, et rapidement. Leurs retrouvailles interrompues, il se tourne vers moi et me détaille de la tête aux pieds. Je soutiens son regard de séducteur sans laisser transparaître la moindre émotion. Je lui adresse un sourire de greluche en l’observant à mon tour le plus discrètement possible.
Ce mec est conforme aux photos. C’est un très bel homme, brun, la peau mate avec des yeux noirs comme l’encre. Il est plutôt baraqué avec des tatouages, dont un au niveau de son cou représentant un cobra et d’autres sur son avant-bras droit. Mon inspection physique faite, je me mets à examiner ses moindres faits et gestes, quand il s’approche de moi pour effectuer une fouille. Je recule d’un pas, dégoûtée par ses palpations un peu trop insistantes au niveau de mes fesses. Il ne m’effraie pas, cependant, j’ai un rôle à interpréter. Il recule et me tend sa main droite, un sourire de pervers sur les lèvres. J’hésite un instant puis finalement, je lui glisse la mienne qu’il serre avec force. Il a une sacrée poigne, pourtant il ne m’impressionne pas. Il est temps de jouer la comédie et de me faire passer pour la meilleure amie de Blanca.
— Sam, je te présente mon fiancé, Carlos, minaude-t-elle.
— Enchantée de vous rencontrer, rétorqué-je sur le qui-vive.
—De même, ma jolie, le voyage s’est bien déroulé ? nous interroge-t-il en déviant son regard sur sa compagne.
—Oui, répondons-nous à l’unisson.
—Parfait, Hector, Raoul, prenez les valises de ces demoiselles, ordonne-t-il à ses hommes.
Il nous tend ses bras que nous attrapons chacune notre tour pour nous guider vers la sortie.
Nous arrivons devant un S. U. V noir que je suppose blindé. Le chauffeur sort de la voiture afin d’ouvrir le coffre où les sbires déposent nos bagages. Nous grimpons dans le 4x4, direction la maison de la tante de Blanca, enfin je l’espère fortement. Je jette un bref coup d’œil au rétro extérieur et remarque que nous sommes suivis de près par un autre véhicule de même couleur et gabarit, les baltringues de Carlos.
Le temps de notre trajet, ma future cible me pose une quantité de questions auxquelles je m’oblige à répondre, malgré les supplications de sa chère et tendre qui lui demande de cesser cet interrogatoire. Je la remercie intérieurement et je suis soulagée quand le 4x4 ralentit devant une villa. Une fois le moteur coupé, Carlos nous aide à sortir du véhicule et à prendre nos sacs, sauf un, que je saisis moi-même. Il lève un sourcil interrogateur surpris par mon geste. Je l’épie du coin de l’œil, tout en observant l’immense demeure de deux étages en avançant sur le chemin goudronné à côté du couple. Les murs extérieurs sont peints à la chaux, le jardin est magnifiquement fleuri et les arbres exotiques parfaitement entretenus. Tout en détournant mon regard vers la porte d’entrée, j’aperçois une dame d’une soixantaine d’années environ, en tailleur jaune, qui se dirige vers nous d’un pas décidé.

Beauté Mortelle Tome 1 (Roman Auto-edité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant