Lumière et ténèbres - tome 2 - Emma (premier jet)

Chapitre 12 : Confrontation

Samaël

Exterminer toute la vermine qui était planquée m'a pris plus de temps que prévu. Je pensais tuer ces salauds beaucoup plus rapidement. Je suis parti depuis plus d'une heure et Emma doit être déjà réveillée. Il ne faut pas que je tarde à rentrer. Après avoir mis en sécurité la dernière victime de ces enlèvements monstrueux, je ne perds pas une minute de plus. Je me sers de mes pouvoirs pour enflammer le bateau. Je détruis toute trace de ce commerce d'humains et surtout, je ne laisse aucun indice qui pourrait démontrer ma culpabilité concernant les meurtres que je viens de commettre. Même si après tout, je m'en tape que l'on me retrouve ou non. Je souhaite bien du courage à celui qui voudrait prouver mon crime.

J'ai assez tergiversé. Cette saloperie de coque de noix est en train de couler, il est temps pour moi de rentrer et d'affronter la furie que j'y ai invitée.

Je quitte le port et en un claquement de doigts je suis de retour dans mon royaume. Tout est tranquille. Je ne crains pas que ce soit l'Apocalypse. J'ai pris mes précautions. J'ai enfermé Emma dans sa chambre. Elle m'en voudra sûrement pour ça. Elle se calmera quand elle aura compris à quels dangers elle s'expose si elle se promène seule dans les couloirs. Enfin... si je peux appeler ça des couloirs... je ne sais pas quel nom donner à tous les dédales et les recoins que compose le purgatoire. Pour l'arrivée de la blonde, j'ai adapté mon royaume à sa condition d'humaine. Bon... il ne faut pas pousser quand même... je n'ai pas tout transformé. Seulement mon habitation. Salomé me tuerait si je recevais son amie dans une cage. Et bien que l'idée soit tentante, j'ai fait un effort. J'ai métamorphosé les lieux en château. Et je lui ai même aménagé une chambre. J'espère au moins qu'elle me remerciera. Ceci dit, je n'ai pas envie qu'elle vienne trop souvent me casser les pieds. J'ai placé sa pièce à l'opposé de la mienne. Il ne manquerait plus qu'elle interfère dans ma vie. J'ai accepté de la protéger. Pas de jouer les nounous.

J'ai attendu aussi longtemps que je le pouvais, je ne peux plus reculer. C'est le moment d'aller l'affronter. Punaise... ça ne me réjouit pas. Après avoir déambulé interminablement dans les couloirs, je me rapproche de la porte d'Emma. J'utilise la lourde clé que je fais tourner dans la serrure. Tout à coup, j'ai les mains moites. Et si je n'étais pas habitué à la chaleur qui règne ici, je croirais que je suis en train de transpirer. Non, sérieux ? Qu'est-ce qui m'arrive ? On dirait que je suis nerveux. Alors ça, c'est fort ! Depuis quand je suis déstabilisé par une femme que je ne connais pas ? En même temps, pour ma défense, celle-ci est une véritable peste.

Lorsque l'épais montant en bois s'ouvre, je n'ai pas le temps de réagir. Une bête féroce se jette sur moi, toutes griffes dehors. Avec sa tignasse ébouriffée, ses cheveux devant les yeux, la petite enragée ressemble vraiment à un animal. Et elle ne m'épargne rien. Comme une lionne qui s'abattrait sur sa proie en rugissant, elle pousse des cris horribles. Je referme mes bras sur elle quand elle me percute. Elle envoie valser ses quatre membres de façon complètement désordonnée pour se défendre. Elle parvient à me toucher et me porte un violent coup dans les côtes. Je grimace. Ce petit moustique a de la force. Je ne souhaite pas continuer à me faire malmener. Même si dans un autre contexte cela aurait pu être un jeu que j'aurais apprécié. Pour qu'elle se calme, je la balance sur son lit. Le spectacle qui en résulte est hilarant. Elle rebondit, bascule et manque de peu de tomber. Elle se rattrape in extrémiste à la couverture. Et c'est seulement à ce moment que je remarque son attirail. Elle n'a pas de vêtements. Elle s'est enroulée dans un drap. Par contre, son odeur a changé. À présent elle sent la fraîcheur et le jasmin. Elle a pris une douche. Je prends conscience que je suis un crétin. J'ai modifié tout mon habitat pour pouvoir la recevoir, mais je n'ai pas pensé aux choses les plus élémentaires. Je ne lui ai pas fourni de quoi s'habiller. Non seulement elle ne sait pas où elle est, mais en plus mon oubli la force à se créer un vêtement de fortune. Après le calvaire qu'elle vient de subir, ce n'est pas étonnant qu'elle ait la réaction d'une femme prête à tout pour sauver sa vie. Elle doit sûrement penser que je la maintiens prisonnière. Je m'empresse de rétablir la vérité.