PART. I | OBSERVATION ~ I.I | TRAITEMENT

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Le cataplasme soulagea immédiatement la plaie béante qui s'étalait sur le ventre de Kris.

— Merci, fit-elle en grimaçant légèrement sous le coup de la douleur.

Puis, abruptement :

— C'était empoisonné ?

— Oui, confirma le Guérisseur devant elle. Votre agresseur n'a pas fait dans la dentelle ; vous garderez à jamais un stigmate de votre rencontre.

Kris ne dit rien, mais elle ne pensait pas moins. Pourquoi son adversaire aurait fait « dans la dentelle » ? C'était un combat à mort.

Alors même que les pensées se bousculaient dans son esprit, elle prit un court temps pour observer celui qui se tenait face à elle. Sa peau hâlée et ses yeux d'un bleu lagon étaient caractéristiques des Guérisseurs. L'homme portait une tenue sobre, blanche, sans ornement quelconque de statut.

— De quelle race êtes-vous ? demanda l'homme.

— Une Sorcière. Anita Raz-de-Marée, ajouta-t-elle en prévoyant sa prochaine question.

Tirant un petit carnet d'une de ses poches, il prit un stylo et nota consciencieusement son nom et son espèce. C'était une loi spéciale des Guérisseurs : ils devaient recenser tous leurs patients avant d'en transmettre la liste au gouvernement. Personne ne savait à quoi ces données servaient, mais tous obéissaient aveuglément.

La jeune femme avait menti sur son nom. Anita Raz-de-Marée était le nom d'une amie de longue date qui voyageait souvent : il n'était pas étrange de trouver son nom dans les registres de différentes villes. En revanche, si elle avait donné son véritable nom, Kris Sh'Ali, elle aurait attiré l'attention. Pourquoi une femme ayant connaissance de sales secrets d'état se déplaçait soudainement ?

Elle ne devait pas attirer l'attention. Ou, du moins, rester discrète dans la mesure du possible.

— Je dois vous laisser, déclara le Guérisseur en se levant après avoir noté sa blessure et les soins qu'il lui avait administré. Ôtez le cataplasme d'ici une heure, quand les picotements auront cessé. Si vous avez des complications, telles qu'une infection, allez à l'hôpital le plus proche pour recevoir un traitement plus lourd.

— Je pense que vous comprenez si je ne vous raccompagne pas jusqu'à la porte, lança Kris.

Sa remarque fit rire doucement le médecin. Elle était alitée et grandement affaiblie, au point de ne presque plus pouvoir marcher. Il franchit la porte et disparu de sa vue. Immédiatement, la jeune femme utilisa le peu de force et d'énergie qui lui restait pour se redresser et ouvrir un tiroir de sa commode. Elle en tira un collier qu'elle fixa quelques secondes, subjuguée par sa beauté, avant de le mettre à son cou. Il était doté d'une chaînette d'or blanc et une main griffue de la même matière tenait une petite améthyste dont le violet se nuançait sous la lumière.

Kris se réinstalla ensuite confortablement dans le lit. Sa chambre d'auberge était assez petite et possédait pour tout mobilier une commode, une chaise, un lit et un miroir au pied de celui-ci. Les murs crème apportaient une touche de douceur face au bois sombre du plafond et du sol.

La Sorcière se regarda dans le miroir pendant quelques instants. Ses longs cils ombrageaient ses yeux de la même teinte que la pierre au creux de sa gorge. Sa peau était diaphane, à la limite de la maladie. On voyait quelques veines par transparence. Au contraire, ses longs cheveux corbeaux resplendissaient de santé, comme s'ils aspiraient la vitalité de son corps. Elle portait une chemise, dont le bas était ouvert pour accéder à sa plaie, et un pantalon noir.

Elle avait un peu de temps devant elle. La Sorcière s'installa confortablement dans les draps et plongea dans les bras de Morphée.

Quand les morts se relèventWhere stories live. Discover now