30. SIMON

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Quelques jours étaient passés. Ma mère se remettait doucement. Mark avait pu ramener la petite une semaine auparavant. On s'en occupait à tour de rôle. 

- T'es sûr de vouloir y aller ? Me demande Nant. Tu n'est pas obligé si tu n'en a pas envie. 

- Il faut que j'y aille. Pour mettre les choses au clair. Il me fera rien si j'ai la petite. 

- D'accord, laisse moi venir avec toi alors. Je t'attendrai dans la voiture. 

- Okay. 

Il m'embrasse et on met la petite dans son siège auto. Il me conduit alors que je tente de rester calme. C'est décidé je vais lui dire tout ce que j'ai sur le cœur. 

Nant se gare devant la maison, je sors, il fait de même et m'aide à mettre la petite dans le porte bébé que je venais d'enfiler. 

- Je t'attends d'accord. Il dit en posant ses mains sur mes épaules. 

- Ne t'en fais pas, ça va aller. J'ai ma petite mascotte. Je souris légèrement. 

Il sourit et lui embrasse le crâne avant de m'embrasser. Je rentre dans la maison et Baipai m'accueille avec un grand sourire. 

- Oh mon dieu ! Qu'est-ce qu'elle est mignonne ! 

- Elle s'appelle Malee. 

- Votre maman va bien ? 

- Oui, normalement elle revient à la maison demain soir. 

- C'est super ! Je suis soulagée. Elle s'essuie le front, puis se racle la gorge. Votre père vous attend dans son bureau. 

- Merci Baipai. 

Je me dirige donc vers son bureau et toque lentement à la porte. Il me dit d'entrer et c'est donc ce que je fais. Je referme la porte et il regarde Malee avec un léger sourire. 

- Ta mère va bien ? 

- Oui. 

- Tant mieux. 

- Je voulais m'excuser. Il fronce les sourcils. Je ne voulais pas te tabasser ce soir là, mais tu as poussé Gorya et ça m'a mit hors de moi. Je ne laisserai personne lui faire du mal et surtout pas toi. Je ne voulais pas être aussi violent, je ne veux surtout pas devenir comme toi. Désolé de ne pas être le fils que tu aurais voulu avoir. 

Il reste impassible puis plisse les lèvres. 

- Et bien tu reste mon fils et je pense que tu devrais savoir. Avec tous les examens que je viens de faire, ils m'ont trouvé une leucémie. Dernier stade, incurable. Il ne me reste que quelques mois. 

Mon cœur rate un battement et je déglutis. 

- C'est grâce à cette nuit là que je l'ai découvert. C'est un peu grâce à toi que je sais que je vais mourir. Je peux mettre mes affaires en ordre et profiter du peu de temps qu'il me reste. 

Je ne réalise pas ce qu'il m'avoue. 

- Pour ce que ça vaut, je suis désolé de ce que je t'ai fait subir. Je vois aujourd'hui que tu n'est plus un enfant mais bien un homme. Tu es une bonne personne, tu te débrouille très bien. 

Je recule d'un pas et le regarde fixement, posant mes mains sur Malee pour ne pas perdre totalement pied. 

- Tu vas bien ? Je demande. 

- Bien sûr. On meurt tous un jour. Ce jour arrive plus tôt que prévu c'est tout. Tu es mon seul héritier. Mon bras droit va reprendre la direction de l'entreprise mais c'est toi qui en sera le propriétaire. Et tu toucheras tout mon argent, cette maison sera à toi, mes voitures, ma résidence de vacances. Je n'ai que toi. 

- Je me fiche de tout ça. Je préférerai que tu restes en vie. Les larmes me montent aux yeux. Comment tu peux rester aussi calme ?

- Qu'est-ce que ça y changerai ? 

Je vois son visage changer. Pour une fois il ne reste pas impassible. Je vois de la douleur et de la tristesse dans ses yeux. Les larmes tombent sur mes joues et il détourne le regard. 

- Désolé de devoir te l'annoncer comme ça. Je vais voyager, et profiter du reste. Je m'en vais ce soir pour le Japon, et ensuite je verrai quel pays j'ai envie de visiter. 

J'hoche doucement la tête. 

- Profite bien alors. 

- Je ne sais pas si on va se revoir Simon. Alors au cas où... 

- T'a pas intérêt à dire "Adieu". Je le coupe. On se retrouvera dans notre prochaine vie. 

Il acquiesce et m'offre un petit sourire. 

- A dans pas longtemps alors. Il dit finalement. 

J'hoche la tête et m'en vais. Je retrouve Baipai en essuyant mes joues. 

- Tu es au courant Baipai ? 

Elle hoche la tête. 

- Monsieur veut que je l'accompagne. Elle me frotte le bras. Ne vous en faites pas, je vais bien prendre soin de lui et m'assurer qu'il s'amuse jusqu'à la fin. 

- Merci Baipai. Je l'a prends dans mes bras, faisant attention à ne pas écraser Malee au passage. 

Je retourne à la voiture. J'attache Malee silencieusement et m'installe côté passager. Nant me regarde en fronçant les sourcils. 

- T'a pleuré ? 

Je le regarde tristement et lui avoue tout, il me regarde choqué et prend mon visage en coupe. 

- Simon, je suis vraiment désolé. 

J'acquiesce et renifle. 

- On devrait aller à l'hôpital, Malee va avoir faim. 

Il hoche la tête. Il nous conduit là-bas alors que le trajet se passe dans un silence morbide. Enfin jusqu'à ce que Malee ai décidé de nous démontrer sa capacité hors norme à s'époumoner. 

On arrive dans la chambre de ma mère, mes amis sont présents, et Nant tient dans ses bras une Malee affamée. 

- Simon ça va ? Demande Gorya. T'es vachement pâle. 

J'imagine que je suis toujours sous le choc. Je regarde Nant, ne sachant pas quoi dire et il plisse les lèvres en me prenant la main. 

- On a été chez Kinn. Il dit. Il a avoué à Simon qu'il a une leucémie. 

Tout le monde se regarde choqué sans savoir comment réagir. 

- Il ne lui reste que quelques mois. Je finis la phrase de Nant. 

Ma mère porte sa main à sa bouche en poussant un hoquet de surprise. Mes amis viennent me prendre immédiatement dans leurs bras, Gorya la première. Je l'a serre fort contre moi alors que les gars nous entourent. 

Etonnement mes larmes ne coulent pas, mes yeux sont à sec. Je me sens partagé par des sentiments contradictoires qui m'empêchent de penser correctement. 

A cet instant, c'est tout ce dont j'ai besoin. De mes amis. 

Cupid's ChokeholdWhere stories live. Discover now