Prologue

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Pour toutes celles qui ont un jour été
« l'autre femme »,

« Personne ne blesse mieux qu'un homme,
   Personne ne se venge mieux qu'une femme »

Cette phrase résonne dans ma tête, telle une évidence.

Chaque homme devrait avant d'agir réfléchir et estimer le pouvoir de la gente qu'il blesse.

Ce crevard aurait du réfléchir lui aussi.

Etre assise sur les toilettes de ce club à puceau me répugnerait presque. Je me demande combien de femmes se sont faites prendre entre ces quatre murs insalubres, combien étaient consentantes, combien étaient sous l'emprise de drogue, d'alcool ou même d'un homme. Aucune femme intègre ne tiendrait à perdre sa dignité dans ce genre de lieu.

Le sol carrelé d'un vert terne dépriment, est recouvert des marques de boues laissés par les chaussures de ces tocards. Le gris abîmés et humides de ces murs me donnent la nausée. L'odeur de drogue et d'alcool mélangé à la température glaciale de cette pièce me mettrai presque mal à l'aise.

Mes yeux survolent rapidement les tags inscris sur ces murs, j'aurais même pu rigolé, si je ne savais pas que des clochards et des salopes étaient à l'origine de ces inscriptions.

Le râle du clochard me tire de mes pensées. Je le vois convulser, sous mes yeux, se débattant dans le vide, espérant trouver une issue à ce supplice. Ses membres heurtent brutalement les murs, heureusement que ce dépotoir est insonorisé.

Je dus attendre encore quelques minutes avant qu'il se décide enfin à soupirer pour la toute dernière fois. Le silence s'installa enfin dans la pièce.

Je ne cesse de regarder ce connard, enfin mort.

Toujours adossée au mur des toilettes, je sors une cigarette de la poche droite de ma doudoune. Je me remercie intérieurement d'y avoir pensé avant de quitter l'appartement hier soir. J'ai pas de feu, merde.

Le clochard doit certainement en avoir, je me décide enfin à agir. Je m'accroupis près de lui, les poches de son jogging sale sont vides. Je trouve dans la seconde qui suit un briquet ainsi qu'un billet de vingt dollars américains, dans sa sacoche. Par dignité, je laisse le billet.

Cela fait un moment que je n'ai plus de conscience, mais je ne souhaite pas ajouter le therme "voleuse" à mon palmarès de pêcheuse.

Criminelle est déjà suffisant.

Ma cigarette s'éteint peu à peu, ne laissant entre mes doigts qu'un maigre mégot brulant. Je lançe un dernier regard à l'homme que j'avais laissé pour mort avant d'enjamber son corps.

Je me dirige en direction de la rangée de miroir afin d'y arranger mon apparence.

Je jette un léger coup d'oeil à mon téléphone,
2 h 50,

je ferais mieux d'y aller avant que mon absentéisme témoigne de ma culpabilité une fois le cadavre retrouvé à l'aube.

LilithWhere stories live. Discover now