Chapitre 2

36 6 18
                                    

« Le retard d'une femme n'est pas une négligence du temps, mais une affirmation de sa liberté à ne pas se soumettre à la dictature de l'horloge. »

Je devrais peut-être arrêter de prendre l'habitude d'être en retard. Le retard est une manière pour moi de me sentir puissante, voire importante. Je ne peux m'empêcher de tester la fiabilité des gens que je fréquente à travers mes retards. Si une personne m'attend, je suis persuadée de compter pour elle, alors que parfois, m'attendre est dans son propre intérêt.

Je fixais ma montre depuis un certain temps déjà. Elle brillait d'une élégance intemporelle. Son cadran carré d'un doré lumineux captait la lumière, reflétant une sophistication discrète. Le fond blanc du cadran offrait un contraste délicat, mettant en valeur les aiguilles et les barres qui indiquaient les heures avec leur teinte dorée. Le bracelet fin, également doré, s'harmonisait parfaitement avec le cadran, ajoutant une touche de finesse à l'ensemble. Cette montre était bien plus qu'un simple instrument pour mesurer le temps ; elle était un bijou, un symbole de raffinement et de précision. C'était une montre qui appartenait à ma mère par le passé. Enfant, j'aimais beaucoup porter attention aux affaires de ma mère, espérant un jour être capable de m'offrir de si belles choses.

Cinq minutes de retard, ce n'est absolument pas grave, c'est ma signature personnelle. En réalité, je suis la personne la plus ponctuelle que je connaisse ; je suis prête depuis au moins une demi-heure.

Plantée dans l'entrée de la maison, je prends le temps de détailler mentalement mon apparence. Mes cheveux blonds platine sont attachés en une queue de cheval lisse. Chaque cheveu est à sa place, aucun n'ose bouger. Mon maquillage paraît très naturel et simple, pourtant j'ai passé beaucoup de temps à le peaufiner pour atteindre la perfection.

Je sais que je vais devoir faire plusieurs heures de trajet, c'est pourquoi j'ai opté pour un t-shirt noir moulant et un jean d'un bleu délicat rappelant le cyan. Je ne crains pas la marche, donc j'ai choisi de porter mes Louboutin. Ce sont les incontournables "So Kate", des escarpins noirs en cuir de veau verni. J'adore tellement ces chaussures que je ne peux pas me résoudre à m'en séparer pendant plus de trois jours.

Si je ne pars pas maintenant, je vais finir par prendre du retard. Je sors de cette affreuse maison, accompagnée de ma valise. La rue dans laquelle nous habitons est très paisible et discrète. Le bruit de mes talons résonne à chaque pas que je fais. Le soleil se lève à peine, il fait pourtant chaud en cette matinée d'automne.

Je vois de loin l'Uber qui m'a été envoyé, un van noir. Un homme attend devant. Il a l'air agacé, mais je m'en fiche. Il a sans doute été généreusement payé pour s'assurer que je prenne mon putain d'avion. Il ouvre la porte, je me faufile à l'arrière du véhicule. Il me tend un billet d'avion. À ma grande surprise, mon siège est situé en première classe.

Le trajet allait être assez long, la maison était éloignée de l'aéroport. Le chauffeur finit par me réveiller, j'étais affaissée contre la fenêtre. Honteuse d'avoir cédé au sommeil, je sors de la voiture en pensant qu'il allait me laisser partir seule. Mais cet enfoiré me suit à la trace, avec ma valise.

Nous avons d'abord enregistré mon bagage auprès de la compagnie aérienne. Ensuite, j'ai passé les contrôles de sécurité, mon escorte n'a pas pu me suivre, ce qui m'a rendu très heureuse. Une femme d'une cinquantaine d'années m'a demandé de mettre mes objets électroniques dans un bac, et mon sac à main ainsi que mes bijoux dans un autre. Voyant que je n'utilisais qu'un bac, elle a répété les consignes. Étonnamment, je n'avais pas de téléphone portable. La femme m'a regardée étrangement, j'aurais tellement aimé avoir un smartphone. Quand j'ai proposé l'idée à mon oncle, il m'a demandé qui je comptais appeler avec celui-ci. J'ai réalisé que je n'avais le numéro de personne, même pas de mes anciennes connaissances.

Je récupérai mes affaires quelques instants après. Mon vol était dans précisément 30 minutes. L'aéroport était petit, j'avais déjà repéré la porte d'embarquement au loin. Parmi tout le brouhaha, une voix parvint à mes oreilles : "Mademoiselle Bennet ?" Au début, je n'y prêtai pas attention, mais je sentis soudainement une main exercer une pression sur mon épaule droite. Je me tournai lentement pour faire face à un homme grand, le genre d'homme que l'on peut vulgairement catégoriser d'armoire. Je penchai la tête en signe de questionnement. Il me dit d'une voix rauque et déterminée : « Lilith Bennet, veuillez me suivre » Je crois qu'il ne me demandait pas mon avis, alors je tâchai de rester silencieuse et de le suivre. Je remarquai un pin's avec les initiales "CG" sur le col de sa veste noire, et je fis rapidement le rapprochement entre mon futur partenaire de travail et ce pin's.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 22 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

LilithWhere stories live. Discover now