Chapitre 10 - La chaîne au suicide

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Verity


— Qu'est-ce qu'il se passe ? m'informai-je.

Lewis, le médecin légiste, secoua la tête pour me montrer la gravité de la situation. Nous étions habitués à discuter et travailler ensemble depuis de longues dates. Il était sur toutes les affaires sur lesquelles j'étais et notre dynamique fonctionnait bien. En le saluant, j'eus un moment d'absence, court, mais intense, lorsqu'il se pencha vers moi. Comme chaque homme de mon entourage, il était immense, une véritable armoire à glace. Et après ma première entrevue avec Purity, ma méfiance était à son paroxysme.

— C'est un gosse Byrne.

Je fronçai les sourcils et jetai un regard inquiet à Bashir. Lewis et moi avions déjà vu plus d'une horreur avec des enfants, mais Bashir... Je savais rationnellement que s'il était présent dans cette unité, il avait été jugé apte à voir des atrocités. Son profil psychologique était solide. Je me penchai à mon tour vers lui, non pas pour lui adresser de véritable mot, mais pour m'assurer que dans son regard, je ne lisais aucune appréhension. Je fus soulagé en plongeant dans ses perles vertes.

Je n'y vis que détermination et solidité. Son visage m'interrogeait sous mon œillade insistante et je ne pus m'empêcher de sourire devant son calme. Lewis nous fit signe de le suivre tandis que d'autres agents sécurisés le chemin derrière nous pour éviter tous les curieux de nous suivre. C'était un petit appartement miteux. L'odeur de moisissure emplissait mes poumons et je me grattai la gorge sous le désagrément. Bashir sur mes pas, nous nous rendîmes dans la chambre du gamin.

Je m'immobilisai, poussant mon coéquipier à cogner contre mon dos. Je jetai un regard dubitatif à Lewis et Bashir matérialisa mes pensées à haute voix.

— Un suicide ? Pourquoi on a été appelé pour un suicide ?

Non. On ne pouvait pas. Pourquoi ça aurait été le cas ? Je fis attention où je mettais les pieds. Je m'accroupis près du corps du garçon. Il devait avoir l'âge de Trinity. Il ne pouvait pas vivre ici seul, mais ça semblait pourtant être le cas. Je regardai autour de nous. Un rien pouvait prouver qu'ils étaient plusieurs à vivre dans ce miteux appartement, mais c'était le néant à première vue. J'observai à nouveau le cadavre et me décalai de quelques pas. Je compris enfin notre présence lorsque mon regard se posa sur l'arme.

Je fis signe à Bashir de me rejoindre.

— Tu remarques quelque chose ?

Je lui laissai le temps d'examiner la scène, mais certainement était-il trop jeune pour remarquer le problème. Lewis s'avança, le corps protégeait par une combinaison et des gants. Il s'inclina face au corps allongé.

— Mort d'une balle par la tête, mais ça n'est pas un suicide. Depuis quelque temps, l'équipe médico-légale traite des cas comme ça. Certains étaient inévitablement des suicides, mais d'autres laissaient penser à une mise en scène. La frontière était trop légère pour en être certain, mais avec ce cas, on a ce qu'il nous faut.

— Comment on sait ça ? Comment vous pouvez remarquer d'un coup d'œil que c'est pas un suicide ? s'enquit Bashir en me regardant.

Je saisis son menton et le levai correctement dans un angle qui me semblait correct pour qu'il puisse avoir la même vue que moi. Puis, je le relâchai tandis que Lewis recula d'un pas.

— Ce n'est pas notre job de savoir ça, mais ça peut aider. Quand quelqu'un se suicide, il y a toujours un mouvement de recul. Regarde la position et l'angle parfait du bras, la proximité du canon avec la boite crânienne et où regarde le mort.

MASK - PURITY (BL)Where stories live. Discover now