Chapitre 4

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Le lendemain matin, lorsque Carelle se présenta à son travail, Aline l'y attendait déjà et lorqu'elle vit la jeune femme, elle s'approcha d'elle à la vitesse de l'éclair et cria :

"Mais que faisais-tu enfin ? Ça fait déjà une heure que je t'attends ! Si tu viens aussi tard, nous ne terminerons jamais le travail à temps ! Donc tu vas me faire le plaisir de travailler deux fois plus pour rattraper ce retard : de toute façon je ne te laisse pas le choix, sinon je serai malheureusement obligée de prévenir monsieur Arewa que tu ne fais pas correctement ton travail. Et pour ça, tu peux recevoir un blâme." dit Aline d'un ton hypocrite et faussement désolée.

Carelle serra les dents et se força à ne pas répondre pour ne pas envenimer la situation.

Tant pis, le lendemain elle devrait se lever plus tôt.

Cette journée fut encore pire que la veille pour la jeune femme : elle passa sa journée à coudre sous les ordres d'Aline qui ne cessait de crier pour un rien.

"Le tissu est fragile, ne le torture pas ainsi ! Ce n'est pas là qu'il faut piquer, la couture ne tiendra pas ! Mais tu ne sais pas coudre ou quoi ? En fait tu ne me sers à rien, tu es juste un fardeau, j'irai beaucoup plus vite sans toi !"

Ces remarques la touchaient : elle faisait de son mieux et on la critiquait pour tout. Bon sang, elle était nouvelle ! Elle n'avait pas autant d'expérience que les autres et ne pouvait donc pas faire aussi bien qu'eux ! Ce n'était pas la peine de s'acharner sur elle comme ça !

La fin de la journée approchait et Carelle était à bout. Elle avait hâte de rentrer chez elle.

Mais alors que tout le monde était parti comme la veille, la jeune femme avait encore dû rester plus tard pour finir sa couture.

Elle s'apprêtait donc à partir et elle rangeait ses affaires mais elle entendit du bruit derrière elle : son patron sortait de son bureau et s'en allait en même temps qu'elle.

Lorsqu'il la vit, il interpella la jeune femme :

"Mademoiselle ? Que faites-vous encore ici ? Ce n'est pourtant pas une heure pour une employée, nouvelle et qui plus est, qui a déjà fait cela la veille."

Son ton était calme. Comment avait-il su pour la veille ? Carelle ne l'avait pourtant pas vu. Cette dernière lui répondit sur un ton empreint de fatigue :

"Je sais monsieur, mais je n'avais pas terminé mon ouvrage. Aline m'a dit que ce matin j'étais venue trop tard, et que donc il fallait que je reste plus tard ce soir, pour tout terminer à temps. C'est que je ne voulais pas me prendre un blâme à peine arrivée.

Monsieur Arewa leva un sourcil, surpris.

"Mais vous ne vous prendrez pas de blâme, mademoiselle. Mademoiselle Aline vous a raconté des mensonges. J'irai lui parler demain. En attendant, arrêtez de partir si tard, c'est dangereux de se retrouver seule à cette heure-ci dans la rue."

Il s'approcha de Carelle et regarda ses ouvrages :

"C'est très beau."

Sur ce, il s'en alla et lança un :

"-Bonne soirée mademoiselle, et à demain.
-Au revoir, monsieur."

Et Carelle resta figée sur place, choquée de ce qui venait de se passer.

CarelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant