Le destin de Tia

Chapitre 12 Sister sister

Deux semaines plus tard, Tia et moi arrivons devant le chalet de mon père. Après quatre heures de route, je suis épuisée, mais heureuse de pouvoir passer une semaine avec ma copine. La maison se situe dans le Vermont près de Manchester, le coin est sublime. On n'est pas très loin de la forêt nationale de Green Mountain. Je gare la voiture proche du garage qui se trouve à côté de la bâtisse.

Nous sortons nos valises et nous les posons sur le perron. Le chalet a été construit avec des rondins de bois, ce qui amène un côté rustique. Il y a un niveau qui court sur tout le devant la maison. Des fauteuils en bois sont disposés près de l'entrée. J'adore cet endroit c'est chaleureux. Je pars chercher le sac de nourriture. Et j'en profite pour récupérer la clé planquée dans une cachette secrète près du garage.

Quand je reviens, j'aperçois Tia assise sur une des chaises. Elle me sourit. Cette femme est vraiment sublime aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. J'ai beaucoup de chance.

Nous pénétrons directement dans la pièce de vie. Je pose les valises près des escaliers qui montent aux deuxièmes étages. Le rez-de-chaussée est composé d'une cuisine ouverte sur le salon et la salle à manger. Il fait légèrement froid, il faudra que je pense à allumer le feu.

— Viens, je vais te faire visiter.

Je tends la main à Tia et nous grimpons les marches. Les premières portes conduisent aux chambres de mes sœurs et de mon frère. Au bout du couloir, il y a la nôtre et en face de la mienne, celle de mon père. Ma chambre n'a pas changé d'un iota. Les livres que j'aime sont toujours dans la bibliothèque, les trophées que j'ai gagnés en mixant ainsi que ce que j'ai eu pour mes compétitions de soccer trônent fièrement sur les étagères.

Tia déambule dans la pièce, en souriant devant certaines photos.

— C'est Sam là ?

— Oui, on était inséparable. On faisait les quatre cents coups ensemble.

— Cela se voit. Vous avez l'air de deux petites canailles.

Je remarque que le visage de Tia est devenu triste. Elle se reprend très vite et m'offre un très joli sourire. Nous rangeons nos affaires dans les armoires puis nous nous dirigeons vers la cuisine afin de vider le sac de nourriture. Une fois que c'est fait, je m'approche de Tia et l'embrasse langoureusement. Soudain la porte de l'entrée s'ouvre en grand.

— Vous faites chier ! Moi, je voulais rester à Manchester ! hurle Madison.

Je m'avance pour découvrir ce qu'il se passe. Ma sœur cadette déboule, elle souffle bruyamment et part directement dans sa chambre en claquant la porte. Mes deux autres sœurs entrent dans le chalet en ricanant.

— Qu'est-ce que vous foutez là ? dis-je énervée.

— Oups, dit Tamara en rigolant.

— Désolée, on ne savait pas que tu serais ici, dit Kateline en voyant que je ne suis pas seule.

Je pivote vers Tia qui rit dans sa main. Je lève les yeux au ciel, ce n'est pas vrai, on va se taper mes sœurs. Je soupire et je me déplace pour fermer la porte, car comme d'habitude mes cadettes adorent tout laisser ouvert, une voix s'élève.

— Attends !

Je me tourne quand je découvre Joshua, dit Josh arrivé avec les valises. Il est le meilleur copain de mon frère et aussi le petit ami de Kateline. Après avoir été footballeur au lycée comme Christopher, Josh est devenu garagiste. Lui et ma sœur ont dix ans de différence, mais quand il a vu Kateline, il est tombé fou amoureux. Il a attendu qu'elle ait dix-neuf ans avant de la séduire, mon père n'était pas content du tout.

Kateline a vingt-cinq ans, elle est douce et intelligente. Elle est blonde comme les blés et travaille à la bibliothèque municipale, c'est mon petit rat de bibliothèque. Tam s'approche de moi et me prend dans ses bras. C'est celle qui me ressemble le plus, nous avons toutes les deux les cheveux courts et je sais depuis longtemps qu'elle préfère les femmes. Elle a trois ans de moins que Kateline et son rêve est de devenir photographe.

Je me tourne vers Tia.

— Je te présente mes sœurs Kateline et Tamara. La tornade qui est passée devant nous, c'est Madison. D'ailleurs en parlant d'elle, pourquoi est-elle si en colère ? vous auriez pu la laisser à la maison

Kateline grimace. Oh ça n'annonce rien de bon. Je soupire.

— Qu'est-ce qu'elle a fait ?

Tam et Josh partent ranger leurs affaires. Kateline nous fait signe de la suivre dans la cuisine. Elle prépare du café pendant que Tia et moi nous nous asseyons autour de l'ilot.

— On l'a laissée seule le samedi dernier et comment te dire... Elle a organisé une méga fête dans la maison. Tam l'a retrouvé endormi dans les toilettes, elle avait apparemment bu.

— Papa était où ?

— Il était parti en week-end pour aller voir des amis. Je ne lui en ai pas parlé.

— Ok, tu as vu avec Madison.

— J'ai essayé, mais elle se braque, dit-elle en soufflant. Je pensais que la crise d'ado était passée, mais je me suis trompée.

Je hoche la tête. Je n'aime pas jouer la méchante, mais il va falloir que j'aie une explication avec elle.

— Je vais aller lui parler.

— Merci. Je ne sais plus quoi faire en ce moment, elle change trop vite, dit-elle en soupirant.

Je me lève et contourne l'ilot pour prendre Kateline dans mes bras et la cajole. Avec les concerts et les festivals, je ne suis pas toujours à la maison et je me rends compte que mes sœurs ont besoin de moi. Je me dirige vers la chambre de Madison. Je frappe doucement contre la porte.

— C'est qui ?

— C'est moi, je peux ?

Silence, c'est bon signe, je décide d'entrer. Ma cadette se trouve sur son lit. Madison est habillée d'un jean déchiré et d'un sweat à capuche. Les écouteurs vissés sur les oreilles, elle fait semblant de ne pas me voir. Je m'approche et m'assois près d'elle. Je lui fais un geste pour qu'elle les enlève, elle lève les yeux aux ciels.

— Tu peux me dire ce qu'il s'est produit le week-end dernier ?

Elle soupire.

— Il y a des filles au lycée qui souhaitait faire la fête et j'ai dit que j'avais une grande maison à disposition. Je voulais qu'elles m'acceptent, tu vois.

— Mais ça ne sait pas passé comme tu l'envisageais...

— Elles ont emmené de la bière et on a joué à action-vérité.

Je frissonne d'avance, j'ai peur que ces filles ait fait quelque chose de mal à ma petite sœur.

— J'ai trop bu et j'ai révélé que j'avais un crush sur Brady. Ensuite, je suis tombée sur action et je devais l'embrasser sauf que Brady ne m'aime pas.

Madi verse quelques larmes avant de continuer.

— Je me suis réfugiée dans les toilettes et j'ai perdu connaissance. C'est Tam qui m'a réveillé, j'avais vomi sur moi. Et ils sont tous partis, ils ont pris des objets à papa et à moi.

— Quoi ?

— Ils ont volé ses clubs de golf, dit-elle en éclatant en sanglots. Et ils m'ont pris d'autres affaires, mais ce n'est pas grave. Il va me tuer.

Je cajole ma sœur et essaye de la réconforter. Effectivement, notre père ne va pas être content.

— Tu es punie, plus de sortie pendant deux mois. Plus de téléphones pendant une semaine, d'ailleurs, donne.

— Quoi ? Non. Comment je vais faire sans portable ?

— Donne Madi.

Elle me le jette sur le lit. Je le prends et l'emmène avec moi.

— Si tu t'ennuies, il y a des livres partout dans la maison.