Chapitre 5

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Deuxième Partie Kenma


Il y avait Kenma sur le pas de sa porte.

L'après-midi avait déjà entamé la deuxième moitié de sa route, le vent venait tout juste de se lever sur cette journée d'automne et il y avait quelqu'un devant chez lui.

Il ne savait pas vraiment ce que le blond décoloré faisait ici.

Ils ne se connaissaient pas plus que ça. Il ne savait même pas comment il avait eu son adresse.

Mais il avait dans son regard une lueur qui le suppliait de ne pas refermer cette porte.

Alors il se décala pour le laisser entrer.

Kenma était quelqu'un de particulier. Akaashi l'avait tout de suite remarqué dès la première fois où il s'était rencontré. Bokuto voulait à tout prix qu'il se lie d'amitié avec Kuroo, mais le noiraud n'avait pas pu empêcher ses yeux de fixer la silhouette planquée derrière le dos de ce dernier. Cette ombre, c'était Kenma. Kenma ne parlait jamais, où très peu. Il y avait dans ses silences bien plus de sens que les mots qu'il aurait pu employer. Ils communiquaient ainsi tous les deux, par regard échangé. Les yeux de Kenma ressemblaient à des yeux de félins. Deux pupilles grandes et jaunes qui sondaient sur place quiconque passait dans son champ de vision. Cela avait mis mal à l'aise Akaashi, un instant, parce qu'étrangement, il sentait que le jeune blond percevait en lui une certaine aura dans laquelle il aurait pu trouver des réponses à des questions qu'il refusait de se poser. Mais il avait rapidement arrêté de lui prêter de telles intentions, Kenma était simplement curieux. Normalement, lorsqu'il était en public, Bokuto était comme un phare qui attirait toute l'attention, il suffisait à Akaashi de rester en arrière et personne ne s'intéressait à lui. Cela lui allait parfaitement, c'était plus confortable ainsi. Mais Kenma n'aimait pas la lumière, il se déplaçait et évoluait dans l'ombre, et il semblait percevoir celle d'Akaashi mieux que toutes les autres.

Il se ressemblait un peu tous les deux, c'est pour ça qu'après avoir échangé un regard fatigué qui suivait une blague douteuse entre Kuroo et Bokuto, ils s'étaient tout de suite bien entendu. Ce n'était pas une amitié explosive qui les liait, plus une compréhension mutuelle, un respect de l'autre et de leurs limites particulières. Comme si, dans un monde rempli de bruit et de lumière, il était côte à côte à regarder le silence de la lune.

Akaashi laissa passer Kenma avant de le suivre. Il n'avait pas l'habitude de laisser les gens entrer chez lui. Bokuto était venu plusieurs fois, Oikawa avait atterri ici une fois qu'il l'avait appris, mais ils étaient les seuls avant Kenma à avoir passé sa porte.

Ce n'est pas qu'il n'aimait pas inviter les gens, c'est qu'il n'en avait jamais eu l'habitude.

La maison, pour Akaashi, n'était pas liée à de bons souvenirs. C'était une partie de sa vie, une partie de lui, que personne ne devait jamais connaître. Il avait appris cela très jeune, ce qu'il se passe à l'intérieur des murs n'en sort jamais. Une porte, ça se devait d'être fermée à clef.

Chacun mettait de lui, dans l'endroit où il vivait. Une maison est toujours à l'image de ses propriétaires. Celle d'Oikawa avait été construite récemment, au milieu d'un ancien quartier, alors que celle de Bokuto grinçait sous le chahut de ses trois grandes sœurs. Dans la maison de sa mère, chaque meuble portait une ribambelle de souvenirs, quelques-uns étaient joyeux, il s'en souvenait encore. De moins en moins, à présent. Tout commençait à s'effacer à mesure que le temps s'en mêlait. Les rires, les cris, seuls les traces sur le bois restaient des témoins immuables. Les traces, ça avait toujours plus de mal à partir.

A tous les garçons que j'ai embrassé (Bokuaka)Where stories live. Discover now