THEM 1 - Arc Aklirat ( EN COURS DE RÉÉCRITURE )

CHAPITRE 6

HANNAH

La réalité est une baffe dans la gueule. Voilà la dure réalité.

Tout ce temps passé à ses côtés, tous ces éclats de rires que nous avons fait retentir, toutes ces larmes que nous avons versées.

Tout cela n'était qu'une piètre illusion. Une amitié constituée d'un rouage tellement bien entretenu que l'on en n'aperçoit même pas la défaillance technique.

Un bonheur factice.

Je crois que de toute ma vie, je n'ai jamais eu aussi envie de pleurer et de hurler mes maux. Je n'en ai jamais éprouvé le besoin. Mais aujourd'hui la douleur reste coincée dans ma gorge par un filet tissé grâce aux nœuds de ma souffrance. Une douleur étouffante qui m'empêche de lui hurler : "Pourquoi ?".

Benedicth traverse la salle du trône à grandes enjambées fluides et puissantes et s'incline devant la Reine de la même façon que le joueur de flûte : avec grâce et respect.

— Explique-toi Benedicth. Quel est le fruit de cette dévotion soudaine pour une simple humaine ? s'interroge la Reine en croisant ses jambes d'une finesse et beauté inouïe.

— Cette jeune femme, commence-t-il en se tournant vers moi, fait partie des deux humains que j'ai rencontré à Aklirat durant la mission qu'il m'a été confié. Ma Reine, j'ai pleinement conscience que vous devez trouver cela irréfléchi mais ... je me suis attaché à elle et pour rien au monde je ne l'abandonnerai. S'il vous plaît, je vous en prie, laissez-moi la sauver pour la première fois comme il se doit.

Une larme coule. Puis deux. Puis trois. Puis ce fût un torrent d'émotions qui me traversa.

La rage. La colère. Le désespoir. Le sentiment d'avoir été trahie.

— Rien ne nous dit qu'elle est belle et bien digne de confiance.

— Je vous le prouverai. Laissez-moi vous le montrer.

— Libra je ne pense pas que-. commençe Honor dans un chuchotement à l'attention de sa Reine avant d'être coupé par un revers de la main de sa souveraine.

Un long silence suit cette interruption sans que personne ne bronche. Je retiens mon souffle tandis que Benedicth, à ma gauche, se tient toujours incliné le regard face contre terre. Ce silence se prolonge une bonne dizaine de minutes.

C'est comme si le monde se figeait.

Le garde aux cheveux ébènes, Emon, se tient droit en conservant une main sur mon épaule pour m'empêcher de bouger. Hakira reste en tant que témoin, les mains jointes en bas de son torse et observe le plafond d'un air innocent en sifflotant de temps à autre. Le conseiller de la Reine, Honor, observe la souveraine la main crispée sur sa lance de bois à la pointe aiguisée.

— Soit. dit simplement la Reine en se levant.

Je jette un regard interdit en direction de la Reine et de ses gardes dont les visages sont tordus par l'incompréhension.

— Sache une chose, Benedicth. crache-t-elle en se plaçant devant lui, le menton haut. Jamais je ne laisserai cette créature seule au sein de mon peuple alors arrange-toi pour que celle-ci reste en cage.

— Laissez-moi rester avec elle.

— Essayerais-tu de me donner des ordres ?

— Je ne me le permettrai pas, ma Reine. Mais si nous voulons qu'elle coopère, nous devons faire en sorte qu'elle nous connaisse.

— Si il arrive malheur à l'un des notres, je m'assurerai personnellement qu'elle s'abreuve de ton sang avec sa langue arrachée, après t'avoir tranché la gorge.