Lettre VI

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Ma Sœur,

L'Achèvement progresse bien, et ton statut d'Héritière vient de t'être ôté, même si je sais que tu t'en moques. D'ailleurs, par habitude, j'ai écrit ma Sœur, mais tu es désormais ma sœur. C'est la dernière fois que j'ai à mettre une majuscule pour la forme, mais notre tante va devoir continuer à le faire et nous aussi pour parler de Père et Mère. Les choses progressent bien, du moins c'est mon avis. Voilà plus de trois mois que tu as quitté la capitale et je dois t'avouer que tu me manques. Je me sens un peu seul, dans ce palais si grand et si vide. Je suis pressé que nous, Père, Mère ainsi que notre jeune sœur, soyons autorisé à le quitter pour rejoindre cette petite maison que Mère a tenu à faire construire pour nous. Ce sera notre demeure, mais les Nobles râlent. Bientôt, leurs privilèges ne seront plus, et ça les agace. Mère a beau leur assurer qu'ils conserveront leurs fortunes, ils commencent à se rebeller, et tout le monde craint un coup d'état. La République va bientôt naître mais j'ai peur que nous mourrions bien avant. Notre jeune sœur est au plus mal depuis que son ancien fiancé a tenté de la tuer. Le Conseil a décidé de ne pas le condamner à mort pour cela, mais les blessures de notre sœur sont inquiétantes, et Mère craint qu'elle ne guérisse jamais vraiment. Elle me demande de rajouter un mot pour ma tante, il lui semble indispensable pour notre survie que nous la rejoignons, notre sœur et nous, ne serait-ce que pour notre survie. Une fois la République proclamée, dans deux ans et demi, nous perdrons tout droit à une protection, et nous deviendrons les cibles de la vengeance des Nobles.

Je commence à avoir vraiment peur, Mère m'a interdit de voir tous mes anciens amis, enfants de Nobles, heureusement, je peux toujours fréquenter ceux que j'ai rencontré à l'Académie. Comme tu me l'as conseillé, je me suis présenté sans donner aucun de mes titres lors de la rentrée, il y a deux mois, et je me suis fait beaucoup d'amis. Notre sœur rentre à l'Académie l'année prochaine et j'espère qu'elle y rencontrera beaucoup d'amis, elle aussi.

Les cours que l'on me donne sont très intéressants, et je comprends de mieux en mieux des choses qui m'avaient si longtemps parues compliquées. J'ai aussi rencontré un jeune Harnam avec qui je me suis lié d'amitié. Il a les yeux d'un rouge magnifique et dit s'appeler Algan, fils d'Algana. Lorsque je l'ai dit à Mère, elle a paru amusé et m'a conseillé de t'écrire au sujet de cet ami parce qu'il pourrait intéresser notre tante. Cet ami m'a confié une copie des écrits de sa mère et je les joins donc à cette lettre pour notre tante.

Tu me manques vraiment, ma sœur. Les choses dégénèrent petit à petit, mais Mère continue à espérer que la République puisse naître. Moi, je crains qu'elle ne naisse instable et qu'elle ne s'effondre si on ne règle pas le problème de la Noblesse, si on n'apaise pas ces hommes orgueilleux qui pensent que tout leur est dû.

Envoie-moi une lettre, veux-tu ? Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis ta lettre envoyée à Père peu après ton arrivée. Il s'excuse d'ailleurs de ne pas t'avoir répondu, mais il semblerait que notre tante ne veuille pas que nous échangions avec toi. Elle aurait dit à notre oncle que tu avais fait le choix de quitter la capitale et ta vie d'Héritière et que devais l'assumer.

En espérant que rien ne s'effondre,

Ton frère, William Archéus Déon d'Inyss, Prince de l'Empire Galactique, Etudiant de l'Académie d'Inyss et Pissenlit de l'Empire. 

Là où les étoiles se meurentDonde viven las historias. Descúbrelo ahora