CHAPITRE 8

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HANNAH

Je retrouve ma chambre comme je l'ai laissée. Les volets sont fermés, gardant la pièce plongée dans l'obscurité la plus totale. L'odeur aussi est restée telle quelle : un mélange de cire fondue, de bois et de poussière. Beaucoup de poussière. Mon lit est défait, signe de mon manque d'organisation, et les bouquins que j'avais entassés sur mon bureau sont désormais éparpillés sur le sol. La bibliothèque est le seul meuble rangé. Tous les livres sont rangés et triés par couleur.

Je soupire et me dirige vers mon bureau. Je m'accroupis et commence à ramasser les bouquins amassés sur le sol. Il y en a un pour chaque légende : gobelins, sirènes, quietus, nymphes, dieux et déesses, dragons, sorciers et sorcières, valkyries, centaures, chimères, basilics, phénix... Mais il y en a un qui retient particulièrement mon attention. Je ne me souvenais même plus qu'Alexander me l'avait offert pour mon dix-septième anniversaire et si je me souviens bien, je crois que je ne l'ai jamais ouvert. Je fronce les sourcils, l'attrape et caresse la couverture rigide, repassant les lettres du bout des doigts. Elles sont en relief de couleur dorées. Écrit en majuscule, elles indiquent très clairement le nom : FAUCHEUSE.

"Je t'empêcherai d'atteindre l'au-delà et je tourmenterai ton âme jusqu'à qu'elle soit tellement brisée qu'il te faudra bien plus qu'une Faucheuse pour en recoller les morceaux. "

Je pousse un hoquet de surprise en lâchant le livre. C'est ce dont parlait Hakira à la fin de son combat.

Je le garde longuement en main pour le contempler et décide de le poser sur le côté pour le reprendre plus tard. J'entreprends de continuer à remettre les livres sur mon bureau en prenant soin de ne pas faire une pile trop haute pour éviter qu'elle ne s'écroule de nouveau. Une fois cela fait, je ramasse les stylos en vrac sur la petite table de bois et les remet un par un dans leur pot. Je refais mon lit même si je sais que je m'y coucherai dans peu de temps.

Je tire un livre à la couverture abîmée de ma bibliothèque et m'installe à mon bureau désormais rangé. Je pose le livre dessus et l'ouvre doucement. Je commence ma lecture dans le calme nocturne de ma chambre mais très vite mon esprit vagabonde vers d'autres contrées.

Il s'est produit tellement de choses aujourd'hui. Je n'arrive même pas à me rendre compte qu'il y a quelques heures, j'étais enfermée dans les cachots d'un palais dont j'ignorais l'existence. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est le fait que je n'ai rien laissé transparaître. Je n'ai pas même essayé de m'échapper, je n'ai pas pleuré, je n'ai pas hurlé, je ne me suis même pas débattue. J'ai juste attendu. Attendue que les événements s'enchaînent sans rien faire, attendue de voir ce qui allait se passer ensuite. On pourrait croire, à ma situation, que je suis l'héroïne d'un roman mal écrit, aux émotions mal détaillées et aux actions laissées de côté. Je suis une héroïne de roman qui est prisonnière de pages sans but, sans histoire. Seule à errer dans un monde, un univers inconnu.

Tu es pitoyable.

Une larme roule. Puis deux. Puis trois. Ce n'est que maintenant que l'adrénaline s'atténue et que ma peur reprend le dessus. Je suis prise de tremblements incontrôlés, ma respiration se fait irrégulière.

Tu es prisonnière désormais tu n'as plus aucune chance de survivre.

Ce n'était qu'un stratagème, ils te tueront demain dès qu'ils en auront l'occasion.

Stop.

Tu vas mourir sans personne.

Stop.

Tu n'as personne à qui te confier.

Stop.

Tu vas mourir.

THEM 1 - Arc Aklirat ( EN COURS DE RÉÉCRITURE )Where stories live. Discover now