Chapitre 9 - La danse des Veaudelunes

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7 avril 1868

Le printemps arrive à grand pas. Pour mes cours, je dois préparer un rapport complet d'observation des Veaudelunes. J'ai besoin de me rendre près d'un de leur repère pour les observer. Comme il s'agit d'une sortie de nuit dans la forêt interdite, il est plus prudent d'être accompagné. C'est donc très naturellement qu'Aesop s'est proposé pour être mon garde du corps du soir, à mon grand bonheur. Mais une fois sur place, je sens qu'il s'ennuie. A part quelques bruits d'animaux au loin, la soirée est extrêmement calme. Et les Veaudelunes se font attendre.

— Tu peux rentrer tu sais, lui dis-je au bout d'un moment. Tu es bien placé pour savoir que je peux me défendre toute seule maintenant, ajoutais-je avec un clin d'œil. Et les Veaudelunes ne sont pas réputés bien méchants, ça devrait aller.

— Tu veux te débarrasser de moi c'est ça ? dit-il sur un ton de défi.

— Mais non pas du tout, mais tu as l'air de t'ennuyer, je ne veux pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit.

Aesop penche la tête de côté et me regarde de haut en bas. Quand il prend cet air, il me juge très fort, comme si je venais dire la chose la plus ridicule du monde.

— J'ai dit que je venais, je reste jusqu'au bout.

Je suis soulagée de sa réponse.

— Mais c'est vrai que j'aurais bien aimé un combat improvisé face à un mage noir.

Il se place en position de bataille, sa baguette faisant des étincelles rouges à chacun de ses mouvements. J'observe ses longs cheveux bruns où brille la clarté de la pleine lune, son regard plein de malice et de confiance m'envoûtent. Il me voit en train de l'admirer et accentue son petit numéro. Je me dis que ce serait le moment idéal pour amorcer une discussion. J'ai repensé quasiment tous les jours à ce que m'a dit Adaline et je sais bien que ma timidité frôle le ridicule.

Je n'ai pas le temps de me lancer que nous entendons un bruissement. Aesop se fige et me regarde. Je lui fait un petit signe de tête et nous pratiquons chacun un sortilège de désillusion. Un instant après notre disparition, un Veaudelune s'extirpe du buisson en face. C'était moins une. C'est un animal très timide, la discrétion n'est pas une option si l'on souhaite les observer en milieu sauvage.

Petit à petit, d'autres Veaudelunes se joignent au premier arrivé. Puis d'autres. Et encore d'autres. Je n'en ai jamais vu autant d'un coup. Je cherche à tâtons le contact d'Aesop et fini par attraper son bras quand une dizaine de Veaudelunes supplémentaires fusent dans tous les sens autour de nous. Il n'y a qu'une seule possibilité pour un tel rassemblement.

— Par Circée ! C'est leur danse ! murmurais-je, émue.

— Quoi ? répond Aesop d'une voix feutrée.

— Leur danse ! C'est une danse de Veaudelunes, regarde !

On appelle danse leur parade amoureuse. Hypnotisée par ce spectacle inattendu, je ne sens pas tout de suite qu'une chaleur m'entoure et que mon partenaire est à nouveau visible. Aesop vient de lancer un sortilège informulé qui nous enveloppe dans une bulle de désillusion.

— Oh, dis-je impressionnée. Ils ne peuvent plus nous voir ?

— Ni nous sentir, ni nous entendre. Nous en revanche si.

Je lui suis infiniment reconnaissante de cette attention. Sa maitrise des sortilèges informulés s'affine de plus en plus, il m'en met plein la vue à chaque fois. Aesop n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que certains Veaudelunes se mettent à chanter. L'énergie dégagée par les créatures magiques est communicative. Nous bougeons au même rythme qu'eux, emportés par leur magie naturelle. Je regarde Aesop et je vois qu'il me fixe intensément. Il me prend la main et m'entraine dans une valse inattendue. Je le suis avec émotions. On entend des violons au loin jouer une douce mélodie.

— Tu entends ? m'exclamais-je. Il y a de la musique !

Aesop sourit franchement et nous valsons en cadence avec les Veaudelunes. Notre proximité me fait rougir. Ses yeux noirs me transpercent. J'observe les moindres détails de son visage, mes yeux suivent la courbe de sa mâchoire, devinant l'homme qu'il sera dans quelques années. Sa main dans mon dos se fait plus ferme, il colle mon corps contre le sien. J'oublie les Veaudelunes, le devoir, tout me semble futile à côté de ce que nous sommes en train de partager.

Aesop s'arrête et me caresse doucement la joue. Sa peau est fraiche mais son contact me réchauffe tel un ronflant feu de cheminée. Nous sommes si proches que je vois flou. Lorsque ses lèvres se posent sur les miennes, le temps s'arrête. Ses deux mains enserrent doucement mon visage et me pressent contre sa bouche. Je l'enlace et colle sans retenue mon corps au sien, dans un désir non dissimulé de fusion. Notre baiser m'emporte dans un mélange tourbillonnant d'un millier d'émotions.

Amour Tranchant (Sharp Love) Fanfiction Aesop Sharp Hogwarts LegacyWhere stories live. Discover now