12 - Je te fais confiance

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A écouter avec : I'm  yours de Isabel Larosa

On se dirige vers l'arrêt de bus, dont je n'avais absolument pas connaissance, pour aller chez Ethel. J'avoue que j'angoisse un peu, car je vais enfin découvrir son monde, et j'ai peur qu'il soit aussi sombre que lui. On attend que le prochain bus arrive en silence. C'est un silence doux, loin d'être gênant, comme ceux que je suis obligée de supporter lorsque je suis entourée d'autres personnes. Il est réconfortant. Mais j'ai une question, alors je le brise :

– Je n'étais pas au courant qu'il y a des bus sur le chemin du lycée. Il y en a près de chez moi ? Ça m'arrangerait que mon père arrête de m'emmener tous les jours.

– Oui, il y en a un, je te le montrerais en rentrant.

– Merci, Ethel. Merci pour tout.

– Tu mérites tellement plus, Cassy, ne me remercie pas, je ne le mérite pas.

– Ne dis pas ça ! Tu as...

– Le bus est là, allons-y, m'interrompt-il.

Il ne veut pas que je lui pardonne ? Pourquoi ? On monte dans le bus, et Ethel achète un ticket pour moi, étant donné que je n'ai pas de carte.

– On peut aller s'asseoir au fond s'il te plaît ?

– Bien sûr, mais pourquoi ?

– Je... J'angoisse lorsque je suis entourée de monde. Je préfère les lieux vides, tu as vu par toi-même, deux jours et je ne me suis fait aucun ami.

– Ils n'en valent pas la peine Cassy, voilà pourquoi.

On s'installe, et je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m'empêcher de mettre ma tête sur son épaule, et, contrairement à ce que je pensais, il ne me repousse pas, et m'entoure d'un bras, puis, embrasse tendrement ma tempe. Les papillons dans mon ventre font la fête. Je n'ai jamais ressenti ça de toute ma vie, c'est la première fois. Serait-ce ça l'amour dont tout le monde parle ? Je me rapproche un peu plus de lui, et il me serre encore plus fort en réponse. C'est le meilleur trajet de tout ma vie. La nuit est tombée, la lune et les étoiles sont de sortie, illuminant le ciel.

On arrive dans un quartier assez... délabré. Mon cœur me fait mal. Ethel vit ici ? Qui suis-je pour me plaindre de mon lieu de vie, comparé à ce quartier-là ? Tout est tangué, il y a des poubelles renversées sur la route, les murs ont pris tellement de coups, un cadavre de voiture est abandonné sur le trottoir, sur lequel traîne des hommes habillés en noir.

– Et... Ethel ?

– Ne t'inquiète pas ma puce, avec moi, il ne t'arrivera rien.

– Je te fais confiance, répondis-je, un peu rassurée.

Enfin arrivés, Ethel me prend la main, la serre, l'embrasse, et on descend. On marche quelques minutes avant d'arriver chez lui. On monte les escaliers, et lorsqu'il ouvre la porte de son appartement, j'ai envie de pleurer. On entre directement dans une cuisine, vide de meubles et d'ustensiles. Il n'y a qu'une table avec deux chaises, une cuisinière, et un évier. Il y a deux autres portes, dont une ouverte, donnant sur une chambre minuscule, dans laquelle se trouve un lit, ainsi qu'un bureau et une armoire en bois. Je suppose donc que l'autre porte conduit aux toilettes.

– Ethel, vous êtes combien à vivre ici ?

Son visage perd ses couleurs, mais il répond tout de même.

– Personne. J'habite seule.

– Mais... Pourquoi ? Qu'est-il arrivé à ta famille ?

– C'est une histoire pour un autre jour ma puce, ne nous mettons pas de mauvaise humeur, d'accord ? Pour une fois qu'on ne se saute pas dessus comme des chiens enragés !

la poudre d'étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant