CHAPITRE 21

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Ça ne pouvait pas être lui ! Une clé tourna dans la serrure juste à ma droite. Je me décalai rapidement malgré l'impression qu'on me charcutait mon bras. Le coffre de la camionnette s'ouvrit me laissant voir le visage de mon kidnappeur. Comment mon père nous avait-il retrouvés ? Comment se faisait-il que je sois ici à cette heure ?

La douleur à mon bras me paralysait. Je sentais que l'effet des médicaments s'estompait. La douleur se mêlait à l'amertume de nos retrouvailles. Mon bras n'était juste que le cadet de mes soucis.

— Salut p'tit morveux ! Alors, on pensait pouvoir m'échapper comme ça ?

Il ouvrit plus grand la portière du véhicule et je pus distinguer un œil au beurre noir. J'étais dans l'incapacité de parler.

— Il m'en faut plus qu'un minable groupe de poulets pour me foutre en taule.

Il entra dans la camionnette tel un féroce prédateur. J'eus le réflexe de reculer dans le fond du véhicule, ignorant la douleur. Mais il continuait d'avancer et moi je ne pouvais déjà plus reculer. Je n'avais plus d'issue possible.

Il m'attrapa le bras enveloppé dans un bandage. Je laissai échapper un hurlement qui s'étouffa. Cette ordure venait de rouvrir la plaie. Ma tête me brûlait et à tout moment, je pouvais tomber dans les pommes. Mais je continuais de lutter avec un grand acharnement.

— C'est bien ce que j'avais remarqué : j'ai réussi à te toucher, sale môme. Tu as mal ? Tu vas pleurer ? Tu vas appeler au secours ? Mais personne ne sait que tu es là. Oh comme c'est dommage !

Je lus dans le fond de ses yeux qu'il se délectait de me voir au plus mal. Il savourait les secondes de pouvoir et l'emprise psychologique qu'il pouvait avoir sur moi. Depuis des mois, son ultime but était de me détruire entièrement.

— Et ce n'est sûrement pas ta mère qui va venir te chercher, ajouta-t-il dans un sourire qui me donna la chair de poule. C'est épatant ce que peuvent faire quelques goûtes de poison dans la nourriture...

Je ne mis qu'une micro seconde pour que mon cerveau comprenne les mots qu'il avait prononcés. Je lui sautais dessus et avec ma tête, lui cogna fortement dans son gros tas de graisse, qu'on appellerait plus communément ventre. Mais ça ne lui fit rien alors que moi je me sentais de plus en plus vidé de mes forces.

De sa main, il prit mes cheveux et me leva jusqu'à son visage. Je touchais à peine la planche à côté de moi étant sur la pointe des pieds. Je crus que mon cuir chevelu allait se détacher de mon crâne. Je ne bougeai plus de peur que cela se produise réellement.

Les larmes inondaient mes yeux mais je ne bronchais pas. Elles coulaient en abondance à cause de la douleur. Aucun sentiment ne pouvait se lire sur mon visage. Toutes nos confrontations m'avaient appris à ne pas montrer ses sentiments par crainte que l'ennemi s'en serve contre moi. Je gardai la tête haute n'ayant plus qu'une pensée : ne pas lui donner ce qu'il voulait à tout prix : voir du désespoir.

Il approcha ma tête si proche de la sienne que nos souffles se mélangèrent. Je réprimai un air de dégoût quand je sentis son haleine. Une odeur répugnante mélangée à celle de la clope.

L'homme me lâcha d'un coup et je retombai sur mes fesses. Un éclair traversa tout mon dos. Je le vis sortir de la camionnette tandis que je me tordais de douleur. Avec ma vision floue, je le vis prendre un objet de la taille d'une main et il déclara :

— Crève p'tit gnard ! Tu ne manqueras à personne !

Je rampai jusqu'à la porte et il se fit un grand plaisir de la refermer juste avant que je ne l'atteigne. J'entendis un cliquetis. Tout était fini. Le seul son qui me parvint fut celui du moteur de la moto.

Poussant un hurlement déchirant, je laissai tomber ma tête sur le côté. Les larmes perlaient sur mes joues. Il faisait froid. J'étais fatigué. Puisant dans mes dernières forces, je cognais contre la porte pour faire céder le cadenas. Mais mes efforts restèrent vains.

Je ne devais pas céder au désespoir mais la situation me poussait vers ce sentiment. Ses mots commencèrent à résonner dans tout mon petit être dans un murmure tortionnaire.

« C'est épatant ce que peuvent faire quelques goûtes de poison dans la nourriture ».

Ma mère ne pourra pas venir me chercher. À l'heure qu'il est, elle doit déjà être partie très loin de moi, dans un monde paisible.

— NOOOOON !!

Mes larmes redoublèrent pendant que la phrase avala tout l'espoir qui pouvait me rester. Ça n'était pas possible. Comment aurait-il pu mettre le poison ? Comment avait-il pu savoir quelle assiette elle allait prendre sur notre plateau ?

Soudain, un détail me frappa. Il savait qu'il y allait avoir une chance sur deux pour que l'assiette arrive à la bonne personne. L'avais-je pris ? Il avait l'air confiant dans ces dernières paroles. Une mort lente et ordinaire ne lui aurait pas fait autant plaisir. Il ne savait pas quelle assiette allait être pour telle ou telle personne. Il n'y avait plus qu'une seule possibilité : il avait mis du poison dans les deux !


***

La théorie de Matthieu tient-elle ?

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 10 ⏰

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𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant