[ Chapitre 8.2 ] Interviews

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Une bonne soixantaine de secondes passèrent ; les deux groupes avaient repris leurs bruyantes conversations quand le présentateur appela enfin le nom de la première tribut à passer :

« Nous avons le plaisir d'accueillir Vanessa Dempsey !!! »

Ayant enfin récupéré son diadème, non sans beaucoup de difficultés, Vanessa franchit la porte coulissante qui venait de disparaître dans le mur, montant les quelques marches menant à la scène, avant de saluer le public avec enthousiasme et de s'asseoir face au présentateur. La porte se referma, mais les voix pouvaient toujours s'entendre clairement.

« Quelle beauté, quelle splendeur ! Mais enfin, Vanessa, comment fais‑tu pour autant nous éblouir ?!

— C'est dans ma nature ! Je pourrais pas vous dire comment je fais, parce qu'aucun de vous peut m'égaler !! »

Quelle prétentieuse, commenta Fred, pourtant peu étonné par la réponse.

« Que ferais‑tu donc si tu gagnais cette édition des Hunger Games ?!

— Oh, je viendrais honorer le Capitole de ma sublime présence dans tous ses magasins de vêtements !!

— Et d'ailleurs, Vanessa ! Nous avons tous été extrêmement surpris lorsque ton score fut annoncé ! Que signifie cette note de seulement 5 sur 12 ?!

— Vous inquiétez pas, je cache ma stratégie jusqu'aux Jeux ! C'est là que vous me verrez dans toute ma magnificence !!! »

Les cinq minutes passèrent si lentement que Fred se demanda un instant s'ils n'avaient pas rallongé le temps de l'interview au dernier moment. Heureusement, les prochaines semblèrent durer moins longtemps. Luc répondait par des phrases très courtes de moins de cinq mots chacune, et le public n'en était visiblement pas ravi. Même s'il avait été longuement acclamé à son arrivée sur scène, il ne montrait en retour aucune chaleur envers le public qui, déçu, ne fit que l'applaudir poliment à la fin de son tour, avec quelques rares huées. Malgré son manque de coopération, il ne s'en était pas mal tiré, et Fred décida qu'il ferait de même. Pas parce que j'ai envie de lui ressembler, se dit-il pour se rassurer, juste parce que c'est plus facile. Les tributs du 2 parlaient avec la même assurance qu'ils affichaient depuis le premier jour, sûrs de la victoire de leur district.

« Alexis, veux‑tu dire quelque chose à ta famille qui te regarde ?!

— Ouais ! s'exclama le jeune homme d'une voix puissante. À Rune et July, vous verrez, vous pouvez être fières d'avoir un futur vainqueur pour frère ! Til, je gagnerai cette édition pour toi qui n'auras jamais eu l'occasion d'y participer ! »

Il est beaucoup trop confiant, remarqua Fred en repensant à tous les autres tributs dangereux de cette édition. Mais il continua à écouter l'interview de ce garçon qui, malgré son statut de carrière, lui paraissait tout de même assez sympathique. Il compta les frères et sœurs que le tribut n'arrêtait pas de mentionner, et remarqua que celui‑ci en avait presque autant que lui. Respect, pensa Fred, comprenant à quel point le garçon semblait tenir à sa fratrie. Réussissant bizarrement à s'identifier à un carrière, le tribut du 11 réalisa alors à quel point le concept de volontariat dans les districts de carrière était absurde. Ils veulent gagner et retourner voir leurs proches avec la gloire et le fric, mais ils se tirent une balle dans le pied en participant avec leurs potes, pensa‑t‑il en revoyant la Moisson du duo du 2 ou même celle des amis du 4. Et puis, c'est pas du tout sûr qu'ils gagnent, vu qu'ils savent pas qui ils affronteront. Comme quoi, les Hunger Games sont vraiment des Jeux : seule une personne avec beaucoup de chance peut gagner.

Des applaudissements retentirent bruyamment, et le présentateur appela la fille du 3. Rien de particulier ne se passa. La fille répondait aussi peu que Luc et d'un ton si monotone que Fred pouvait même entendre les bâillements du public et leurs murmures qui réclamaient la prochaine interview. Malheureusement, ces murmures ne s'arrêtèrent pas à l'arrivée du garçon du 3, un jeune homme particulièrement excentrique qui, pour une raison inconnue, ne voulait absolument pas retirer ses lunettes de soleil. Clémentine avait d'ailleurs remarqué que sa sœur ou son frère – quelqu'un de sa famille – possédait aussi des lunettes du même style, remarque à laquelle Fred n'avait pas fait très attention, plutôt occupé à écouter le garçon qui n'arrêtait pas de balancer des bizarreries assez inquiétantes. À un moment, le tribut poussa même un rire à en glacer le sang. Si Fred avait bien suivi, le garçon parlait à ce moment‑là d'une fille de sa classe, dont il était amoureux. La pauvre... J'espère pour elle que ce gars rentrera pas chez lui, pensa le tribut du 11, dégoûté par les paroles de cet obsédé.

Les 19èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant