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C'était un sommeil sans rêves. Le trou noir complet. Lorey revint peu à peu à elle tandis qu'un frisson la parcourut. Elle tendit le bras pour remonter la couverture sur elle, mais sa main ne trouva rien. Elle l'avait sans doute envoyé balader jusqu'au pied de son lit.

Même son oreiller avait disparu. Elle s'étira un instant, puis se remit en position foetale pour se rendormir. La peau de sa joue touchait quelque chose de froid et rugueux, son lit était décidément trop dur.

À cette constatation, elle ouvrit les yeux et se redressa légèrement. Elle était dans le noir et une odeur d'humidité emplit ses narines. C'était sans appel, elle n'était pas chez elle. Et les derniers événements lui revinrent en mémoire comme un coup de fouet. Elle se prit ta tête entre les mains en gémissant.

Comment tout ceci était possible ?

Sa respiration se fit irrégulière. Emmet lui avait dit qu'ils avaient changé de monde. Par quel miracle ? Il n'était pas humain. La scène de la plage refit surface. Est-ce que Sandra allait bien ? Combien de temps avait-elle dormi dans cet endroit ? Sa famille allait finir par s'inquiéter...

Où étaient passés tous ces gens ? Que voulait-il d'Emmet ? Où était-il? Qu'allaient-ils faire d'elle? D'innombrables questions lui traversèrent la tête sans qu'elle ne puisse les arrêter.

Elle aurait dû prendre les menaces d'Emmet au sérieux. Mais qu'aurait-elle pu faire ? Elle n'aurait jamais pensé que tout ceci la mènerait jusqu'ici. Elle voulait juste avoir une vie tranquille. Faire ses études, avoir un appartement, avec un petit ami pourquoi pas et un animal de compagnie...

Un tiraillement dans son estomac arrêta le fil de ses réflexions et elle se tint le ventre en grognant. Depuis combien de temps n'avait-elle rien avalé ? Sans oublier que son estomac s'était vidé au moment où elle avait atterri ici.

Elle regarda autour d'elle, mais il faisait trop sombre pour qu'elle puisse discerner quoi que ce soit. La peur du noir de faisait pas partie de sa liste. Toutefois, dans ces conditions elle ne put s'empêcher d'imaginer des choses inconnu tapi dans les coins. Elle releva ses pieds et plaça ses genoux contre elle en écoutant attentivement les sons qui lui parvenaient.

Il y avait un léger écoulement d'eau un peu plus loin, ainsi que le son hypnotique de gouttes qui tombe. Une à une. Aucun bruissement, rien qui ne disait que quelque chose d'autre n'était dans la même pièce qu'elle. Il n'y avait que sa respiration erratique.

Ainsi que son estomac qui criait famine. Après un long moment qui sembla une éternité, elle se décida à visiter ce qui lui apparaissait être sa cellule. On l'avait sans doute déposé là juste après que ce Rik l'ait obligé à s'endormir. Emmet avait fait la même chose à Sandra. Quelles étaient ses autres facultés ?

Elle mit le pied au sol. C'était froid et humide. C'est à ce moment qu'elle se rendit compte qu'elle avait quitté ses chaussures sur la plage, toutes ses affaires étaient près du corps évanoui de Sandra. Emmet lui avait dit qu'il lui avait effacé la mémoire. Elle ne se rappellerait pas pour quelles raisons, son sac et ses chaussures étaient sur la plage. Son amie se poserait un millier de questions... Si elle était toujours en vie.

Un froid glacial la parcourut tandis qu'elle revoyait les gestes habiles d'Emmet qui plantait une lame en plein cœur de son ami. Avec quelle indifférence il avait commis ce meurtre. Il avait dit que c'était pour la protéger, elle. Mais de quoi ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle était pour lui pour qu'il en vienne à tuer de ses propres mains, un ami ? C'était incompréhensible.

Elle se mit debout et ses jambes tremblèrent sous son poids. Elle attendit un instant que cela se calme et leva ses mains devant elle. Elle fit seulement cinq pas et atteignit un mûr, aussi froid et humide que le sol, mais les aspérités étaient plus grossières.

Elle le longea doucement et toucha une zone pleine de mousse gorgée d'eau. Elle refréna son envie de reculer. Cet endroit était tout simplement dégueulasse. Elle continua son exploration lentement en essayant de rester objective.

Elle était prisonnière.

Cette pensée la fit frémir. Elle retrouva le coin où elle avait dormi. C'était un simple rectangle en pierre. Qu'est-ce qu'ils allaient faire d'elle ? Elle toucha toute la superficie du lit et ne trouva qu'une surface lisse, froide et humide.

Elle refit un tour de la pièce, mesurément. Emmet semblait important. Il devait faire quelque chose pour eux, mais s'était enfui. Qu'est-ce qu'elle avait à voir avec ces histoires ? Tout n'avait été qu'un concours de circonstances tordu. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Emmet l'avait entraîné là-dedans, sans considération pour sa personne.

Le tour de la pièce la fit revenir jusqu'à son lit. Elle se rassit dessus, dépitée. Il n'y avait donc aucune porte dans cette maudite cellule ? Nulle part où frapper pour supplier qu'on la laisse sortir a l'air libre et retrouver la lumière du jour ?

Désorientée, elle se rallongea et contempla le noir du plafond. Ses yeux cherchaient désespérément la moindre source de lumière sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit. La chair de poule s'insinua sur sa peau. L'air n'était pas glacial, mais il faisait trop frais pour ce qu'elle portait.

Des larmes vinrent mouiller ses yeux et elle les ferma en sanglotant. Elle les laissa mourir à la racine de ses cheveux.

Elle dut finir par s'endormir, car elle rouvrit ses yeux difficilement. La moiteur de sa peau la fit frissonner. Elle avait entendu un bruit particulier au loin. Elle se redressa, une tension de peur l'envahie et tendit tous ses muscles.

Inconsciemment, elle s'arrêta de respirer, écoutant les sons qui lui parvenaient. Mais il n'y avait rien d'alarmant, toujours ce même écoulement d'eau, presque apaisant si elle s'était trouvé dans une autre situation.

Elle sursauta lorsqu'un léger tremblement se fit entendre. Devant elle, un cadre de lumière se forma sur le mur, une porte fut hissée sur le côté en laissant un éclairage blafard entrer.

Lorey plissa les paupières le temps qu'elle s'y habitue. Un homme d'allure carré était dans l'encadrement, empêchant la luminosité de l'atteindre complètement.

Il était grand et ses yeux rouges sang la contemplaient de toute sa hauteur durant un instant qui dura une éternité. Il se baissa alors lentement vers le sol et posa quelque chose qui fit un tintement. Lorsqu'il se redressa, l'ouverture disparut, avalant avec lui toute la lumière.

L'angoisse la terrassa, elle se retrouva à nouveau dans le noir complet. Elle se rallongea pour que les battements de son cœur s'apaisent. Des larmes incontrôlables s'abattirent sur elle. Qu'est-ce qu'ils lui voulaient ? Elle se massa sur le côté et se rappela que le monstre avait posé quelque chose au pas de sa porte.

Elle se mit à genoux en grognant, son corps devait être plein d'ecchymoses à cause de sa brutale chute sur la colline. Elle plaça ses mains devant et balaya le sol de ses bras tremblants, comme un éventail. Elle fit cela à chaque pas, jusqu'à ce que ses doigts touchent quelque chose. Elle en fit le tour lentement, cela ressemblait à un bol assez large.

Elle le souleva avec délicatesse et le porta à son nez. L'odeur ne semblait pas mauvaise. Elle y glissa alors son index et rencontra rapidement quelque chose de froid, gluant et légèrement compact, comme une purée. Elle aurait aimé avoir ses yeux pour voir l'aspect de cette bouillie et surtout d'être sûre qu'aucune bestiole de n'importe quel genre ne soit tombée dedans, ou d'autres choses non identifiables.

Elle fit le tour du bol de ses mains et constata qu'il n'y avait même pas une cuillère pour l'aider. Quelle bande d'enfoirés ! Elle n'allait quand même pas manger ça avec ses doigts ? Elle n'avait pas lavé ses mains depuis une décennie et en plus elle avait palpé toute sa cellule de fond en comble avec ses mains. Lorey fit la grimace.

— Bande de bâtard...

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1Where stories live. Discover now