CHAPITRE 27

11 3 0
                                    

XIAN

Le monde se floute autour de moi. La seule chose que je parviens encore à distinguer est le cadavre d'un soldat dont les yeux révulsés fixent le vide. Le crâne fendu par l'impact, le sang se répand sur le sol tandis que sa chaleur caresse ma joue écrasée contre le carrelage. Sa cervelle tombe lentement le long de sa boîte crânienne, se déchirant par endroit en s'enfonçant dans les os taillés par la chute. Son corps se fait piétiner par les survivants en panique, brisant les os qui ne l'étaient pas encore.

L'univers tangue autour de moi. Seuls les cris désespérés des citoyens parviennent à couvrir le sifflement qui me perfore le tympan. Mon envie de vomir s'accentue lorsque j'essaye de me relever. Mon corps n'est plus qu'un amas de douleur tandis que mes bras dépourvus de force tentent de me dégager des gravats qui s'appuient sur mes jambes devenues aussi lourdes que du béton. Je rampe sur le sol pour me tirer des décombres tandis que les murs continuent de s'effriter pour s'écrouler brusquement sur le bas-côté. La poussière se soulève, me brûlant les yeux et la gorge. L'envie irrépressible de m'arracher le crâne me prend au tripe tandis que la poussière teinte mes cheveux bleus d'un gris sombre et terne, aussi sale et répugnant que les cadavres qui refroidissent à côté de moi. La saleté me donne envie de me gratter jusqu'au sang comme un animal mais je me contente de tirer sur mes bras pour me dégager des décombres. Je sens le poids du béton s'évanouir de mes jambes, m'arrachant un cri de douleur. Je serre les dents et entame mon périple le long du couloir du Temple, rampant comme je peux jusqu'à un mur qui pourrait encore tenir debout. Une femme m'écrase la main, la perforant presque avec ses talons, durant sa course folle sans se soucier de mon état pour s'enfuir par les escaliers. Je la regarde s'éloigner sans daigner lui demander de l'aide. J'aperçois un mur à proximité, auquel je m'accroche pour reprendre mon souffle. Ma vue est toujours aussi floue et mes oreilles toujours aussi sifflantes. Mes jambes n'ont jamais étaient aussi douloureuse mais je me félicite d'être encore capable de bouger.

J'essaye de me calmer, de faire le vide dans ma tête, de réfléchir calmement à la situation, de trouver une solution. Mais rien ne me vient à l'esprit. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, aucune solution ne parvient.

Le chaos règne dans le Temple. Le sang coule à flot et les cris ne cessent de s'intensifier. Les civiles se pressent les uns contre les autres pour atteindre la sortie avant que la structure ne s'effondre tandis que les enfants, perdus, pleurent à chaudes larmes sans savoir quoi faire. L'un d'eux se tient au milieu des gravas, regardant dans toutes les directions, perdu et effrayé.

J'essaye de me relever à l'aide du mur pour le rejoindre et tenter de la rassurer mais la nausée et la fatigue me clouent sur place comme une encre qui me tire au fond de la mer. Un gémissement de douleur s'échappe de ma bouche tandis que j'essaye de replier mes jambes sur elles-mêmes. La douleur est si intense que je manque de tomber sur le côté. Je me rattrape tant bien que mal à la paroie rocheuse, mes ongles se mêlant à la poussière du béton éclaté, et tente une nouvelle fois de me redresser. Mes genoux tremblent sous l'effort au point de lâcher une nouvelle fois.

Une voix me parvient au loin, sourde et étouffée, comme une voix que l'on entend lorsqu'on a la tête sous l'eau. Une silhouette se dessine à travers la poussière. Elle court dans ma direction et s'assoit près de moi en me parlant, sans que je ne comprenne un seul mot. Je sens une main se poser sur ma joue, une main familière aussi douce et tendre qu'une plume. Je l'entends hurler quelque chose et une nouvelle personne arrive près de moi, les traits tirés par la panique.

— Xi... entend ...? ... pond pas ...

Les mots se découpent de façon déformée sans que je n'en comprenne le sens tandis que je sens une vague de fraîcheur envahir mes jambes. Je distingue une lueur bleue enveloppant mes membres inférieurs, pour remonter lentement le long de mes bras engourdis, mon torse jusqu'à mon cou dont la gorge est aussi serré qu'une corde.

THEM 1 - Arc Aklirat ( EN COURS DE RÉÉCRITURE )Where stories live. Discover now