Amazon Devils ( En réécriture)

Chapitre 35 Luna

Un mois plus tard, au M.C.

Cela fait un mois qu'Alvaro est mort, je me suis jetée à corps perdu dans le travail. J'ai enchainé les cours sur les diverses espèces de plantes pour perfectionner mes connaissances. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, j'ai dû perdre six kilos. Je ne pouvais pas en perdre plus, je n'avais pas assez de graisse. Paula a repris le chemin de l'école, voulant terminer ses études d'aide-soignante pour rendre fière son père et ainsi lui prouver qu'elle lui ferait toujours honneur où qu'il soit. Alva qu'en a elle, est comme moi, le sourire ainsi que sa joie de vivre ont déserté son visage. Elle se rend souvent dans l'atelier mécanique de son homme, elle prend une chaise puis s'assied au milieu de ce dernier, lorsqu'il n'y a plus personne. Elle reste là, sans bouger, sans prononcer un mot. Seules les larmes ravagent son visage.

Moi, je n'en ai plus. J'ai déjà beaucoup perdu, ma mère, ma jeunesse, mon avenir. Que me reste t'il ? Le silence de son appartement, l'odeur de son corps dans les draps. Je n'ai rien touché chez lui, tout est resté tel quel. Sa serviette de bains que personne ne doit laver, son parfum sur le bord du lavabo que je respire sans cesse, après me l'être appliqué sur le poignet, son dernier caleçon que je porte pour dormir. Oui, j'en suis là, je le veux tellement en moi, gravé sur ma peau, dans mes chairs que je me refuse à oublier son odeur. Je souffre comme je n'ai jamais souffert. Moi qui avais peur d'avoir le cœur brisé par un amour non partagé, je meurs d'un amour fusionnel. Deux jours avant son départ, nous avions de grands projets. Il voulait faire une grande réception et inviter les chapitres qui étaient venus le rejoindre pour exterminer le gang des Animal's, pour qu'ils puissent participer à notre union officielle. C'était de grands projets. Une maison sur la parcelle, une grande maison pour accueillir une grande famille. C'est fou de se dire que nous avions déjà pleins de rêves alors que quelques semaines avant, nous ne nous connaissions pas.

— Bonjour Luna, me dit le Doc, pourrais-tu me sortir le dossier médical de Luiz s'il te plait ?

Je lève la tête pour lui répondre par un hochement de celle-ci. Lui aussi a pris un coup de vieux à l'annonce de la disparition d'Alvaro. Il le considérait comme un petit frère, sa perte est une terrible épreuve pour beaucoup d'entre nous. C'était le président de ce club, Ivan aurait dû être son successeur mais voilà, il fait partie également des victimes.

— Oui Doc, je te donne ça de suite.

Luiz est revenu parmi nous avec sa prothèse phonatoire, il peut échanger de nouveau, bien qu'il n'ait, lui non plus aucun mot à sortir. Le club est comme endormi, mourant. Je me retourne vers les casiers pour rechercher le dossier demandé mais tombe par erreur sur le nom de Gorgori Arias Alvaro, c'en est trop. Je sens une rage profonde prendre racine dans mon ventre, une boule énorme se former dans ma gorge et là, j'explose. Je renverse casiers, table, chaise. Je suis devenue hystérique, je hurle. Je hurle cette souffrance de ne plus l'avoir à mes côtés, je hurle cette douleur de ne pas pouvoir le serrer dans mes bras, de ne plus sentir sa chaleur, de ne plus voir son sourire.

— Mon dieu, laissez-moi le rejoindre, je vous en supplie !

Je tombe à genoux sur le sol, pliée en deux, le corps parcourus de hoquets douloureux. Le doc est venu me serrer dans ses bras, calant ma tête contre son épaule, me serrant assez fort pour bloquer mes gestes qui pourraient me conduire à me faire mal. Je m'écroule contre ce corps vieillissant. Il me berce doucement, me caressant les cheveux, me murmurant des mots réconfortants.

— Si je dérange il faut le dire Doc, c'est un sacré foutoir ici !

Cette voix !

— Alvaro ? Alvaro, c'est toi ?

— A moins que ce soit mon fantôme, je peux te certifier que c'est bien moi !

Je prends le premier truc qui me passe sous la main et c'est un livre sur les plantes que je lui projette dessus. Il l'attrape au vol.