PARTIE 20

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Dans une atmosphère chaleureuse et tamisée, la table était dressée avec soin, des bougies créant une lueur douce qui dansait sur les murs de la salle à manger. Tandis que William regardait distraitement à travers la fenêtre, Mary ajustait les derniers détails lorsque la sonnette retentit, brisant le silence paisible de la maison. Il se tourna vers sa femme, qui se tenait près de lui, et lui adressa un sourire nerveux sentant à la fois l'excitation et l'anxiété monter en lui.

— Je suis certaine que tout va bien se passer, mon amour. Tenta-t-elle d'une voix douce, une main réconfortante posée sur son épaule.

Les mots de Mary l'apaisèrent immédiatement. Il afficha un petit sourire reconnaissant puis se dirigea vers la porte d'entrée avec un peu plus d'assurance. William ouvrit la porte avec une anticipation mêlée d'appréhension, mais l'instant où il vit son frère se tenir sur le seuil, un sourire sincère illumina son visage.

— Lucas ! Entre donc ! S'exclama-t-il en ouvrant grand la porte pour l'accueillir.
Les deux hommes, quelque peu mal à l'aise, se serrèrent la main, un faible sourire aux lèvres.

— Merci de m'avoir invité, Will, répondit Lucas avec gratitude. C'est un plaisir de te revoir après tout ce temps.

Ils échangèrent quelques mots de bienvenue, puis se dirigèrent ensemble vers la salle à manger, prêts à partager un repas et à tenter de renouer avec le passé. Pendant ce temps, Mary se glissa en direction de la cuisine. En passant près des escaliers, elle s'arrêta au bas des marches et appela doucement ses enfants.

— Kathleen, Meghan, Evann, descendez !

Durant les 4 jours qui avaient suivi la discussion qu'ils avaient été forcés d'avoir, Mary et William avaient fait de leur mieux pour ne rien changer à leur habitude envers Kathleen, afin de lui prouver qu'ils la considéraient réellement comme leur fille, ce qui avait finalement aidé Kathleen à accepter la triste vérité. Les tensions c'étaient apaisées dans le foyer, et même Meghan avaient cessé les hostilités à son égard. Pourtant, Kathleen était restée enfermée dans sa chambre la plupart du temps, lisant et relisant la lettre écrite par sa mère, celle qui l'avait mise au monde 256 ans auparavant. Dans le coffre qui contenait la lettre, Kathleen avait aussi trouvé un croquis usé par le temps dont les visages des membres de sa vraie famille semblaient la regarder depuis le papier jauni, leurs sourires figés dans le temps. Kathleen observa longuement chaque détail du dessin, ressentant à la fois de la nostalgie et de la tristesse en réalisant à quel point elle avait été éloignée de sa véritable identité. Comme une sorte de stress post-traumatique, quelques souvenirs de son passé lui revenaient progressivement. Des fragments de scènes familières se présentaient à elle de manière fugace : des rires dans le jardin, les bras chauds et réconfortants de sa mère lorsqu'elle la berçait, enfant, près de la cheminée les soirs d'hiver, des éclats de voix lors de disputes. Ces souvenirs émergeaient comme des bulles remontant à la surface d'un lac, dispersant un peu les brumes de l'amnésie qui avaient enveloppé son esprit pendant si longtemps. Kathleen sentait son cœur se serrer à chaque flashback, mais elle accueillait ces souvenirs avec un mélange de douleur et d'espoir. Ils lui rappelaient qui elle était réellement, lui permettant de reconstruire peu à peu son identité effacée.

Mary, qui attendait au bas des escaliers, les poings sur les hanches, n'obtient aucune réponse de la part de ses enfants. Elle laissa échapper un petit soupir et se dirigea vers la cuisine pour vérifier le repas. En entrant dans la pièce, Mary fut enveloppée par l'odeur alléchante des plats qu'elle avait préparés. Au matin, elle était allée au marché, sélectionnant avec soin les meilleurs produits pour cette occasion spéciale. L'après-midi avait été consacrée à la préparation méticuleuse des plats, chacun cuisiné avec une attention particulière aux détails pour faire en sorte que cette soirée se passe au mieux. Elle jeta un coup d'œil rapide aux plats sur le plan de travail, vérifiant une dernière fois qu'ils étaient prêts à être servis. Satisfaite de leur aspect, Mary essuya ses mains sur son tablier et jeta un regard préoccupé vers le salon, se demandant si ses enfants l'avaient bien entendu les appeler un instant plus tôt. Une pensée fugace traversa son esprit : et si Kathleen avait changé d'avis sur le fait de rencontrer son frère ? Secouant légèrement la tête pour chasser cette inquiétude, elle se concentra sur le repas, espérant que ses enfants descendraient bientôt pour rejoindre la table. Après tout, c'était une occasion spéciale, et elle voulait que tout se passe bien.

𝐄𝐃𝐆𝐄𝐖𝐎𝐎𝐃 [ 𝐓𝐄𝐑𝐌𝐈𝐍𝐄𝐄 ]Where stories live. Discover now