ETRE tome 1 partie 1 (Terminée)

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15 octobre 2021 – 22 : 22 – États-Unis – Alabama – River Falls.

Le ronflement d'un torrent inondait le silence et rythmait les mouvements des reins au-dessus d'un bassin humide de sueur. Elle dégringolait les hanches en des cascades de gouttes épuisées. Des doigts semblables aux branches goûtèrent aux reliefs d'un épiderme tâché de points terreux.

Les brins se guidèrent vers deux collines rondes, où des perles se faufilèrent entre les gorges montagneuses. Les forces de la nature les quittèrent, ils se joignirent pour ne faire qu'un, torses rocheux, lèvres humidifiées par l'eau de leur passion. Les vagues intensifièrent leurs mouvements et leur force, des va-et-vient répétitifs où les murmures se mêlèrent aux bruissements des feuilles bercées par le vent. Jusqu'au moment où l'écoulement des cascades s'accéléra, que les gémissements du vent s'intensifièrent pour que les deux montagnes se rejoignent sous les branches de douceur et de baisers. La nuit fut passionnée.

Voyant dormir sa bien-aimée, il caressa son doux minois, remonta la couverture sur son corps dénudé où vergetures des montagnes et rondeurs des collines dévoilaient leur perfection. La lune éclairait la chambre endormie. Debout et nu, il enfila un peignoir satiné et s'extirpa de la pièce telle une brise soulevant les rideaux des fenêtres ouvertes.

Filant dans la cuisine obscurcie, il se remplit un verre d'eau. Il s'abreuva du liquide en face de la fenêtre. Près d'une rivière et d'un torrent d'eau, le manoir surplombait les hectares décorés de fontaines et d'une piscine naturelle. La nuit, la clairière s'ouvrait au ciel étoilé, il contemplait les paillettes et sa propriété avec indifférence. L'odeur du succès était présente, lui, le vilain petit canard d'une famille à la renommée mondiale, était devenu un cygne vengeur.

Puis il serait un mari comblé, ensuite un père aimant et protecteur. Il imaginait sa petite famille gambader sur l'herbe. Un foyer qu'il rêvait de posséder. Un futur idyllique enterrant son passé chaotique. Son imagination s'épuisa, puisqu'il ne percevait pas son avenir. Son intuition avait activé l'alarme.

Pourquoi ce néant éventuel ? Sa mort était-elle proche ? Certainement.

Depuis l'attaque à Moore Haven par cette anomalie de Scott suivie des dernières paroles de George, une peur viscérale avait commencé à s'emparer de lui. Il se demandait si perpétuer cette extermination d'Êtres serait faisable. Il n'était pas de taille à les vaincre, y penser donna à l'eau le goût âcre d'une défaite réelle.

— Tom ?

La voix de sa dulcinée se leva parmi les bruissements du vent et par-dessus le torrent d'eau.

Il se tourna vers elle, ses courbes se dessinèrent grâce aux rayons fins de l'astre. Sur ses pas de chat, elle se dirigea vers lui, se faufila à l'intérieur de son peignoir et il l'enlaça, en posant son menton sur son épaule afin de regarder ensemble leur futur galoper dans la clairière.

— Tu penses à quoi ? demanda-t-elle, d'une douce voix.

— Aux deux enfants qui courront sur l'herbe.

Il l'entendit glousser, il la serra davantage dans ses bras.

— Non, tu ne pensais pas à cela... murmura-t-elle.

Il ne pouvait rien lui cacher.

— Tu pensais à eux, n'est-ce pas ?

— Je crois que je n'y arriverai pas cette fois, ma belle...

Elle ressentit la peine, la peur dans les cordes vocales de son amour. Elle seule connaissait ce côté vulnérable de Tom.

— Bien sûr que tu y arriveras. Tu vas les anéantir comme tous les autres.