16 | Maud.

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AARON
Au même moment, 25 octobre 2023, 17h54. Texas, Etats-Unis.

Ava était prise d'une profonde terreur lorsque les policiers vinrent annoncer le décès des Juart. Maud, quant à elle, avait sombré dans une monstrueuse crise d'angoisse. Les larmes inondaient son si joli visage. Contrainte à quitter précipitamment l'amphi avec Maud sous le bras, elle s'était retrouvée sans autre option que de faire appel à moi pour obtenir de l'aide.

Au bout du fil, je ne peux qu'entendre les sanglots étouffés de Maud pendant que je suis coincé à la frontière du Texas, en route vers Los Angeles après mon saut en parachute.

Plus jamais je ne referai ça de ma vie.

Même pour sauver celle que j'aime.

***

Je suis resté plus d'une heure au téléphone à rassurer Maud.

Malheureusement, Ava demeure toujours indécise sur la conduite à adopter avec Maud sans ma présence. Elle prend alors la décision de ramener Maud chez elle en attendant mon arrivée.

***

Je suis arrivé au beau milieu de la nuit. Ava est si préoccupée par son état qu'elle n'a pas fermé l'œil de la nuit, contrairement à Maud qui dort profondément. Ses yeux semblent enflés et ses joues restent humides des larmes récentes.

Mais le plus poignant dans l'histoire, c'est la peine que je ressens pour elle. Mon cœur se serre de la voir dans ce piètre état. Peut-être serait-ce parce qu'elle était devenue semblable à moi ? À présent, seule et orpheline.

Je l'enveloppe d'une couverture et la conduis jusqu'à ma voiture loin de la ramener chez elle.

Arrivé devant sa porte, je prends ses clés dans son sac et ouvre la porte, me laissant ainsi découvrir son appartement pour la première fois. L'endroit est bien rangé et propre, peut-être même un peu trop à mon goût. Une ambiance chaleureuse émane de chaque recoin, en accord avec sa personnalité. Cependant, ce qui me surprend, c'est l'état de sa chambre au moment où j'y pénètre. Des piles de feuilles et de cahiers couvrent le bureau. Des vêtements sont suspendus sur une chaise tandis que d'autres sont éparpillés sur le sol. Son lit est défait ; les coussins sont dispersés par-ci et par-là ; la couverture en boule.

Sa chambre reflète fidèlement sa santé mentale. Le salon et la cuisine semblent le masque constant qu'elle arbore : celui d'une personne stable, courageuse et empreinte de perfection. En revanche, sa chambre dévoile la facette qu'elle réserve à ses moments de faiblesse. Celle qu'elle m'accorde d'entrevoir quelques minutes. Celle qui représente le sanctuaire bouleversé par Jacob, un endroit chaotique où ses émotions se dévoilent sans retenue.

Je la dépose délicatement sur son matelas, enlevant doucement son manteau et ses chaussures que je laisse au sol. Je l'allonge aussi confortablement que possible sans la réveiller. Cependant, elle devra dormir sans son pyjama puisque je sais qu'elle ne m'aurait pas permis de fouiller dans son armoire et encore moins de la déshabiller. Jamais je n'aurais osé le faire, ni à elle ni à aucune autre fille. Alors, avec les moyens à ma disposition, je me lève discrètement et cherche la salle de bain. Je la trouve sans difficulté et commence à chercher des cotons et du démaquillant.

De retour dans la chambre, je m'assois près d'elle sur le lit. J'humidifie le coton du produit démaquillant et entreprends de caresser doucement sa peau, retirant délicatement le mascara restant sur ses cils et l'anticerne devenu noir sous l'effet des larmes.

Sa peau est si douce. Si lisse que sa carnation en devient une caresse délicate, bien plus douce encore qu'une fleur de coton. J'avais remarqué il y a bien longtemps la beauté qu'elle inspire. Son visage était une lueur céleste parmi les ténèbres de ce monde, une rose blanche éclose au milieu des épines de la vie. Néanmoins, une fois endormie, sa semblance ne se résume pas qu'à une simple mais inexplicable beauté habillée par des éclats, elle se condense à bien plus qu'une peau calme et reposée.

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