Chapitre 12

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 Après avoir volé toute la matinée, les dragons avaient décidé de s'arrêter sur une île déserte, un simple rocher couvert de verdure perdu au milieu de l'océan, pour se reposer et déjeuner. Ils avaient l'air d'en faire un peu trop à vouloir construire un véritable camp à partir de rien juste pour quelques heures, mais personne ne chercha à les stopper. Voler ainsi ensemble les avait comme rapprochés et, là où la plupart n'avaient que peu d'interactions, comme de simples connaissances sans aucune affinité particulière, ils étaient ici soudés tels de vieux amis de longue date qui ne s'étaient pas vu depuis longtemps. Non, ils ressemblaient à une famille, rectifia intérieurement Wendy.

— Dites ! Quelqu'un a de quoi faire du feu ? Questionna l'un des dragons qui avait amassé des branches pour y faire cuire la viande qu'il avait amené.

Sans que personne ne lui réponde verbalement, une dizaine de boules de feu partirent des mains de ceux qui étaient les plus proches. Le tas de bois explosa, la terre fut calcinée sur deux mètres et celui qui avait demandé de l'aide toussait de la fumée après s'être pris un sort perdu qui l'avait touché en pleine tête.

— Très drôle, merci tout le monde !

— Honnêtement, tu t'attendais à quoi en demandant une telle chose ? Se moqua Drikinne en passant à côté de lui.

Sa demande était effectivement stupide et même les non-dragons l'avaient compris avant même que les sorts ne fusent dans sa direction. Il repartit donc en direction des quelques arbres présents sur l'île pour y trouver de nouvelles branches pendant que les autres allumaient leur propre feu de leur côté.

Les étapes suivantes donnèrent lieu à de nouvelles chamailleries. Certains ne s'accordaient pas sur la manière dont il fallait cuire les aliments, soit directement au-dessus du feu, soit attendre les braises, d'autres se battaient concernant la cuisson ou l'assaisonnement. Ces êtres millénaires ressemblaient bien plus à une bande d'adolescents qu'aux représentants les plus sages de leur espèce.

— Dites, j'ai cru apercevoir un lapin tout à l'heure. Quelqu'un l'a déjà préparé ou vous voulez que je m'en charge ?

Bien qu'ayant retrouvé sa forme humaine, Sixircun alla immédiatement se cacher derrière Wendy lorsqu'il entendit qu'il pouvait être au menu. S'il ne risquait rien pour le moment, sa réaction fit penser à l'adolescente qu'il valait mieux que tout le monde sache qu'ils ne devaient pas manger le lapin s'ils voyaient qu'il était pourvu d'ailes.

— Le lapin ne se mange pas ! Prévint-elle.

— Ah si ! Insista celui qui avait demandé où se trouvait l'animal. C'est même excellent !

— Non, je veux dire, ce lapin en particulier ne se mange pas, rectifia-t-elle. Si vous en voyez un avec des ailes, c'est mon familier.

— Avec des ailes ? Mais du coup, il a un goût de lapin ou de volaille ?

— Arrête avec tes questions débiles... C'est malin, maintenant moi aussi je veux savoir ! S'exclama un autre.

— On ne touche pas au lapin ailé !

— T'es sûre ? Demanda Fréone. Même pas une patte ? Il n'en a pas besoin, il vole !

— Eh ! Sale traître ! S'exclama Sixircun.

Arrêtant de se cacher derrière son invocatrice, le mange-magie se mit à poursuivre le jeune Lutalicien qui partit en courant. Les garçons ne savaient décidément pas tenir en place, rit intérieurement Wendy. Elle comprenait cependant cette envie de se dépenser et de se dégourdir les jambes après avoir passé toute la matinée sur le dos de dragons.

— Tu ne vas pas les rejoindre ? S'étonna George. Tu devrais profiter que nous soyons à terre. Nous ne savons pas combien de temps nous allons encore voyager.

Wendy tome 4 : Le sauvetage de LutalicaWhere stories live. Discover now