Chapitre 9

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Vox revint finalement à la tour des Vees, furieux.

Celle qui en fit les frais s'appelait Velvette. Enragée à l'idée qu'on ait pu oser passer ses nerfs sur elle, elle avait appelé Valentino, plaignante et au bord de l'implosion. Ce dernier était vite rentré, d'humeur curieuse, mais avait aussitôt regretté en voyant la tête que tiraient Angel et Velvette, adossés à un mur dans le hall de la tour fermée au public. Ils ne souriaient pas du tout, dépassés par les événements. Vox avait visiblement bien mal tourné, s'était senti avoir l'énergie de détruire quelques kakémonos.

- C'est quoi ce foutoir, s'enquit Valentino en s'approchant des deux, plus intrigué qu'autre chose.

Angel leva les yeux vers Valentino, l'air embêté et penaud.

- Ben, c'est Vox, fit-il d'une voix tendue. Il est revenu, hein...
- Vox s'en est pris à moi. À moi ! articula froidement Velvette. Il a complètement pété les plombs. Il s'est mis à crier sur les rumeurs de sa disparition, et...

Velvette poussa un lourd soupir, tremblante de rage et ahurie. Si Vox avait toujours été étonnant, il n'avait cependant jamais été aussi virulent à l'encontre des Vees.

- Et il est où, maintenant ? Demanda d'une voix trainante Valentino.
- Mais on s'en branle, de ça ! Il est parti chercher des noises à Alastor. T'as qu'à aller le traîner par les couilles avec ton chéri chou, j'en ai rien a foutre, mais dis lui bien d'aller crever, à cette baltringue ! Il est venu en chialant comme quoi Alastor ne l'aimerait jamais comme lui l'aimait, puis s'est énervé tout seul et a tout démoli dans mon service.
- Et alors ? Tu vas bien réparer. J'ai plus important à faire. Angie, appela Valentino en tournant la tête. Et ton amie ?
- Ça craint trop, ici, avec l'autre demeuré, répliqua Angel. Tu veux pas qu'on sorte ?
- T'as raison. On va aller aux studios.

Angel resta surprit, mais ne commenta pas. Bon. Dans tous les cas, il était peu probable que le lieu pose un problème à Cherri, et tant qu'il avait une chance de tenter de recoller les morceaux entre les deux principales figures de sa vie, il n'allait pas faire de vague.
Sans attendre, il leva son téléphone jusqu'à ses oreilles pour appeler son amie et lui passer l'information sur le lieu et l'heure de rendez-vous. Cette dernière sembla plutôt satisfaite, quoique un peu étonnée d'entendre où ils passeraient leur après-midi, mais ne fit pas plus de remarques que son ami.

Ce fut ainsi que, enfermés à trois dans une des plus grandes et belles loges des studios, Cherri Bomb se retrouva sur un fauteuil, confortablement installée face au luxueux sofa sur lequel étaient posés, accrochés l'un à l'autre. Sur la table au centre, trônaient trois verres remplis de trois couleurs différentes. Celui de Cherri était rouge, Valentino buvait une étrange boisson translucide qui se colorait lentement de rose au fur et à mesure de ses gorgées, alors qu'Angel semblait littéralement boire du colorant incarnadin. Pour « s'amuser », comme l'avait aimablement proposé Valentino, plusieurs traînées de poudre blanche étaient étendues sur la table, qu'Angel semblait beaucoup plus aimer que le reste. Les rails de coke s'enchaînaient aussi vite que s'il s'agissait de simples chips.

Cherri, aussi grosse consommatrice de drogue qu'elle était, savait cependant s'arrêter. D'un mauvais œil, elle fixa son ami tout inspirer, puis leva la tête vers son amoureux. Bon. Il fallait bien essayer de tendre une main vers le seigneur suprême, peut-être qu'elle se trompait, après-tout.

- C'est... Cool d'avoir tenu à me voir. J'imagine, entama la démone.
- Tu es toujours la bienvenue ici, tu sais, répondit Valentino d'une voix mielleuse.
- Bon... Comment ça se passe, alors ? Tu vas bien, Angie ?
- Niquel, assura ce dernier, avachi sur le sofa, les yeux vers le plafond et les paupières closes, l'esprit brouillé par la drogue.
- Ah ouais, grommela Cherri avec une grimace. Je vois ça.
- Il va bien. Très bien, même, sourit faussement Valentino. Je te remercie de ta sollicitude.
- C'est pas à toi que je parle, rabroua sèchement la démone.

Valentino étouffa un grognement agacé, ramenant sa fumette contre lui. En adressant un regard à Angel, étendu de tout son long contre le dossier du sofa et bien probablement dans un autre monde, il retira l'un de ses bras des épaules de son compagnon, s'écartant par ailleurs de lui et se leva par la même occasion, avant de se pencher de manière abusive, bien droit sur Cherri.

- Ma petite salope, j'ai été gentil avec toi, maintenant j'en ai marre que tu passes ton temps à essayer de niquer mes plans.

La bouche de la démone s'ouvrit, Valentino renchérit.

- Tu le veux, ton copain ? Pas de bol, maintenant, c'est le mien. Fallait le garder en laisse, chérie. Maintenant, tu sais quoi ? Tu vas me faciliter les choses, souffla-t-il en laissant l'une de ses mains glisser sur la cuisse d'Angel, toujours à l'ouest, inattentif à ce qui se passait autour.
- Recule et dégage ta main de sa jambe, siffla amèrement Cherri.
- Ma grande, tu vas te barrer. Tu lui donnes plus de nouvelles. Fais ça et ça ira bien mieux pour lui que ce que j'avais prévu. Crois-moi, vaut mieux que ça se passe comme ça plutôt qu'il te tourne le dos petit-à-petit. Je lui retourne le cerveau comme je veux, à ton chouchou.
- Va crever.

Valentino laissa son sourire s'agrandir et se retourna pour se pencher sur Angel et lui chuchota doucement.

- Angie, bébé, t'as envie qu'elle reste ?
- Cherri, c'est ma poule, répondit mollement le démon.
- Qu'est-ce que tu lui as donné, s'énerva Cherri.
- Ma collègue et tendre amie Velvette a commercialisé une délicieuse potion. Dis, souffla le seigneur suprême en se tournant une fois de plus vers Angel. T'as entendu ? Cherri dit qu'elle s'emmerde et que je la fais chier.
- Quoi, s'exclamèrent les deux en même temps d'un ton drastiquement différent.
- Ouais, affirma Valentino. C'est pas cool, hein ? Alors que tu voulais tant qu'on soit amis, elle et moi. C'est dommage qu'elle ne fasse pratiquement aucun effort, pas vrai ?
- Arrête ça, s'alarma Cherri.
- Bébé, c'est pas cool, prononça difficilement Angel, la bouche pâteuse, de plus en plus à l'ouest.

Valentino adressa un grand sourire à Cherri. Celle-ci le fusilla du regard, puis se mordit l'intérieur de la joue. Enfin, elle se leva.

- C'est bon. T'as gagné.
- Je gagne toujours, ma grosse.
- Va te faire foutre.

Lova potion[Hazbin Hotel]Onde histórias criam vida. Descubra agora